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dimanche 26 janvier 2025

15.80 - MON AVIS SUR LE FILM LUKE LA MAIN FROIDE DE STUART ROSENBERG (1967)


 Vu le film Luke la Main Froide de Stuart Rosenberg (1967) avec Paul Newman George Kennedy Jo Van Fleet Strother Martin Lou Antonio Dennis Hopper Joy Harmon Luke Askew Morgan Woodward Clifton James

Pour avoir détruit des parcmètres, Luke (Paul Newman) est condamné à deux ans de travaux forcés dans un camp de prisonniers en Floride. Mais, rebelle à l'autorité des gardiens, il est également réfractaire à la discipline d'un camp où humiliations et mauvais traitements sont monnaie courante. Il tente plusieurs fois de s'évader.

Luke la Main Froide (Cool Hand Luke, 1967) de Stuart Rosenberg est un film marquant qui dépasse son cadre carcéral pour devenir une réflexion sur la rébellion, la liberté et l’indomptable esprit humain. Porté par un Paul Newman incandescent, le film s’inscrit comme un chef-d’œuvre du cinéma américain des années 60, un moment où les héros hollywoodiens commençaient à s’effacer au profit d’anti-héros ambivalents et profondément humains.

Luke Jackson (Paul Newman) est un personnage inoubliable, à la fois insaisissable et magnétique. Dès les premières minutes, où on le voit saboter des parcmètres sans raison apparente, il incarne un homme défiant toute forme d’autorité. Condamné à un camp de prisonniers, il ne se plie jamais aux règles oppressives du système, même lorsque la vie en devient insupportable. Les scènes de chaleur étouffante, où les prisonniers errent en slip ou torse nu, plongent le spectateur dans une atmosphère poisseuse, renforçant le sentiment d’inhumanité. Pourtant, Luke, avec son sourire désarmant et son obstination silencieuse, transcende cet enfer par des actes de défi symboliques. L’épisode des 50 œufs qu’il avale, devenu légendaire, illustre sa capacité à résister à l’absurde et à imposer sa volonté dans un monde qui cherche à l’écraser.

Rosenberg, dont ce film est sans doute le plus célèbre, offre une mise en scène rigoureuse mais inspirée, marquée par un sens aigu du détail. La photographie, baignée d’une lumière brutale, capture à la fois l’immensité des marécages et la claustrophobie des cabanes sans âme où s’entassent les prisonniers. Les chansons que Luke murmure entre deux tentatives d’évasion ne sont pas seulement des bluettes distrayantes, elles deviennent des moments de grâce où l’espoir éclaire brièvement les ténèbres. Ce sens de l’humanité au cœur du désespoir sera d’ailleurs une constante chez Rosenberg, qu’il développera dans Brubaker (1980), un autre récit carcéral porté cette fois par Robert Redford, compagnon de route de Newman.

Le casting est impeccable, avec George Kennedy qui brille en Dragline, le "chef" des prisonniers, mélange d’autorité et de tendresse brute. Sa performance, récompensée par un Oscar du meilleur second rôle, est le parfait contrepoint au jeu de Newman. Ce dernier électrise l’écran avec une intensité naturelle qui le caractérise, sa beauté désarmante et sa fragilité sous-jacente rendant son personnage d’autant plus poignant. Luke est un homme d’apparente légèreté mais d’une profondeur insondable, et Newman trouve en lui l’un de ses rôles les plus mémorables.

Luke la Main Froide est un film puissant et intemporel, qui oppose l'esprit libre à la machine institutionnelle avec une poésie brutale et une humanité rare. La rébellion de Luke, qu’elle soit futile ou héroïque, résonne toujours, rappelant que même dans les conditions les plus écrasantes, il reste une place pour l’humour, la dignité et la résistance. Une œuvre essentielle du cinéma américain.

NOTE : 15.80

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