Vu le film Neuilly Poissy de Grégory Boutboul (2024) avec Max Boublil Mélanie Bernier Anne Charrier Gérard Darmon Gérard Jugnot Claudia Tagbo Steve Tientcheu Julien Naceri
Daniel est un entrepreneur prospère et
un orateur doué qui jongle entre son entreprise en plein essor et sa vie
familiale équilibrée. Cependant, à la suite d'une irrégularité financière, il
est contraint de passer de son appartement luxueux à Neuilly à une petite
cellule de 9 m2 dans la prison de Poissy. Passant du
costume-cravate au survêtement, Daniel se retrouve dans un monde dont il ne
comprend pas les règles. Mais grâce à son sens de l’humour et son talent pour
se débrouiller, Daniel va tenter de s’adapter à sa nouvelle vi
Avec Neuilly Poissy, Grégory Boutboul
s’aventure sur un terrain glissant : mêler deux univers diamétralement opposés,
celui des cols blancs de Neuilly et celui des détenus de la prison de Poissy.
Dès son titre, qui évoque la célèbre chanson des Inconnus, le film affiche son
ambition de jouer sur les contrastes et les clichés. Et si l'on pouvait
redouter un énième mélange maladroit de comédie sociale et de caricatures,
Boutboul réussit à trouver un équilibre, offrant une œuvre légère, drôle et
parfois même touchante.
Le pitch est simple : Max (Max Boublil), un
trentenaire un peu paumé mais attachant, se retrouve embarqué dans une série de
quiproquos qui le mènent des soirées mondaines de Neuilly aux cellules de
Poissy. Ce grand écart social devient le moteur comique du film, où chaque
cliché est volontairement poussé à l’extrême. Costumes impeccables, jargon
entrepreneurial et hypocrisie feutrée d’un côté ; survêtements, tatouages et
langage fleuri de l’autre. Mais au-delà de ces oppositions attendues, le film
s’autorise des moments de complicité sincère entre ses personnages, ce qui le
sauve de la superficialité.
Max Boublil, dans son rôle de « meilleur copain »,
incarne à merveille ce pont improbable entre deux mondes. Son humour naturel et
sa manière de ne jamais se prendre au sérieux apportent une fraîcheur
bienvenue. Face à lui, Claudia Tagbo brille dans le rôle d’une matonne au grand
cœur, à la fois charismatique et drôle. Elle apporte une dose d’énergie et
d’émotion qui ancre le film dans une réalité un peu moins caricaturale.
La comédie fonctionne grâce à des dialogues
percutants et des situations absurdes mais bien rythmées. On rit de bon cœur
lors des scènes où Max tente d’introduire les codes de Neuilly à ses nouveaux
compagnons de cellule – un atelier de gestion de carrière qui tourne au chaos
reste l’un des moments les plus mémorables. À l’inverse, ses efforts pour se
faire passer donne dur face à ses amis de Neuilly donnent lieu à des situations
aussi absurdes que savoureuses.
Si l’humour repose en grande partie sur des clichés –
des religions aux classes sociales en passant par les codes de la prison –, le
film les détourne avec assez de second degré pour éviter de sombrer dans la
lourdeur. Dans une veine rappelant La Vérité si je mens ! il s’agit
moins de critiquer ces clichés que de les célébrer avec une pointe de malice.
Certes, Neuilly Poissy ne prétend pas
révolutionner le genre. Sa réalisation reste classique, et certaines situations
flirtent parfois avec le prévisible. Mais c’est justement là que réside son
charme : le film ne cherche pas à en faire trop. Il assume son côté Feel-good,
privilégiant l’efficacité et le plaisir immédiat à la profondeur ou à
l’originalité.
Au final, Neuilly Poissy est une comédie
honnête et décomplexée, portée par un casting attachant et un humour qui fait
mouche. On n’en ressortira pas transformer, mais le sourire aux lèvres, et
c’est parfois tout ce qu’on demande à ce genre de films. Un cocktail de clichés
bien dosé, à savourer sans prise de tête.
NOTE : 8.90
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Grégory Boutboul
- Scénario : Walid Afkir, John Eledjam et Grégory Boutboul
- Musique : Maxime Desprez et Michaël Tordjman
- Montage : Stéphanie Gaurier
- Production : Constantin Briest
- Sociétés de production : Latika ; coproduit par C8Films
- Société de distribution : Paradis Films
- Max Boublil : Daniel
- Mélanie Bernier : Lisa
- Claudia Tagbo : Chico
- Steve Tientcheu : Doums
- Malik Aamraoui : Sami
- Gérard Darmon : Le juge
- Gérard Jugnot : Simon
- Anne Charrier : La psy
- Clotilde Courau : La Directrice de prison
- Anouar Toubali : Rayan
- Julien Naceri : Nono
- Éric Delcourt : Patrick
- Ludovic Berthillot : Jean-Luc
- Anne Bouvier : Tania
- Adrien Jolivet : Kévin
- Éric de Montalier : Latuyère
- Matthieu Boujenah : Carlos
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