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dimanche 12 janvier 2025

12.80 - MON AVIS SUR LE FILM LES PERLES DE LA COURONNE DE SACHA GUITRY (1937)


 Vu le film Les Perles de la Couronne de Sacha Guitry et Christian-Jaque  (1937) avec Sacha Guitry Raimu Jacqueline Delubac Arletty Yvette Pienne Renée Saint Cyr Lynn Harding Lisette Lanvin Marguerite Moreno Claude Dauphin Jean Louis Barrault Marcel Dalio et Pauline Carton

Ecrivain et historien, Jean Martin raconte à son épouse l'histoire des fameuses perles offertes par le Pape Clément VII à la reine Marie Stuart. Dérobées ou disparues, ces perles ont connu un drôle de parcours. Un parcours que Jean Martin se met en tête de reconstituer.

Les Perles de la Couronne (1937) est une œuvre qui incarne à merveille l’esprit et le style inimitable de Sacha Guitry, cet auteur, metteur en scène et acteur qui savait raconter l’Histoire de France avec une légèreté exquise et une verve irrésistible. Ce film, à la fois comédie historique et récit d’aventures, s’amuse à suivre le périple de quatre perles mythiques, depuis leur origine jusqu’à leur mystérieuse disparition. En racontant leur voyage à travers les siècles, les mains des puissants ou des gredins, Guitry nous plonge dans une fresque où l’humour et l’ironie le disputent à une certaine mélancolie.

Guitry, fidèle à lui-même, adopte ici une forme narrative éclatée et ludique, mêlant épisodes historiques et dialogues incisifs. Il joue plusieurs rôles, comme à son habitude, démontrant une fois encore son talent pour incarner des figures historiques ou fictives avec une aisance déconcertante. Aux côtés de ses fidèles complices Jacqueline Delubac, Raimu, et Arletty, il construit un univers où les mots fusent comme des flèches, où l’esprit prime sur la vraisemblance. Ses partenaires sont impeccables, apportant chacun une touche unique : la grâce espiègle de Delubac, le panache truculent de Raimu, et le charme narquois d’Arletty enrichissent le tableau d’une fantaisie irrésistible.

L’un des charmes du film réside dans la diversité des décors et des époques traversées : de la Renaissance italienne aux salons de Versailles, en passant par les intrigues de cour et les trahisons dignes des meilleurs romans d’aventure. Guitry démontre un art consommé de l’ellipse et du détail, parvenant à donner vie à ces siècles passés tout en gardant un regard moqueur sur les ambitions humaines. La perle devient un prétexte pour explorer les failles des puissants, les jeux de pouvoir, et la frivolité des vanités humaines.

Les dialogues ciselés, empreints de cette théâtralité qui est la signature de Guitry, regorgent de bons mots et de réflexions piquantes sur l’amour, le pouvoir et le destin. Loin d’être une simple leçon d’histoire, Les Perles de la Couronne est une méditation joyeuse sur le passage du temps et la fugacité des choses. La morale implicite du film, si tant est qu’il y en ait une, semble nous rappeler que derrière les trésors et les légendes, il n’y a que des hommes, avec leurs faiblesses et leurs rêves.

Sacha Guitry construit Les Perles de la Couronne comme un récit picaresque où l’on suit quatre perles d’une rare beauté, réputées pour avoir appartenu aux couronnes des plus grands monarques. La légende raconte que ces perles auraient été extraites d’une coquille exceptionnelle et, dès leur découverte, elles deviennent les protagonistes d’une série d’aventures à travers différentes époques et lieux emblématiques.

Le film débute par une évocation de François Ier, amateur d’art et de merveilles, qui reçoit l’une des perles. Elle passe ensuite de main en main, chacune incarnant une figure emblématique ou un destin historique particulier : Henri VIII d’Angleterre, qui ne rechignait pas à accumuler les joyaux, et Catherine de Médicis, grande protectrice des arts et collectionneuse de trésors, en sont quelques-uns. La richesse du scénario réside dans cette capacité à mêler des personnages historiques authentiques et des figures fictives pour donner vie à ces épisodes avec une ironie savoureuse. Chaque époque est l’occasion pour Guitry de tourner en dérision les puissants, de souligner leurs ambitions futiles et leur quête obsessionnelle de richesse.

Un des moments forts du film est la scène où la perle arrive à la cour de Versailles, sous Louis XV. Guitry ne manque pas d’égratigner le faste inutile et les intrigues frivoles de la cour royale. Le voyage se poursuit à travers la Révolution française, où les trésors de la couronne sont dispersés, certains volés par des escrocs, d’autres perdus à jamais. Finalement, une des perles finit dans les mains d’un obscur bijoutier londonien, tandis que la dernière, dans un clin d’œil malicieux, semble destinée à disparaître au fond de l’océan, peut-être sur le collier d’une passagère du Titanic.

Un des traits distinctifs de Sacha Guitry est son attachement à une troupe de comédiens fidèles, avec qui il forme une véritable famille artistique. Dans Les Perles de la Couronne, il réunit plusieurs de ses collaborateurs réguliers, qui apportent chacun une touche particulière à l’œuvre.

Épouse et muse de Guitry, Delubac incarne plusieurs rôles féminins avec une élégance et une légèreté remarquables. Elle brille notamment dans les scènes se déroulant à la cour de Versailles, où elle campe une dame de la noblesse avec une grâce espiègle. Sa présence apporte une touche de féminité lumineuse, contrastant avec le cynisme des dialogues de Guitry.

Moreno, une des actrices fétiches de Guitry, interprète plusieurs rôles avec son talent habituel pour incarner des figures autoritaires et capricieuses. Saturnin Fabre, quant à lui, joue un ecclésiastique opportuniste, donnant lieu à quelques scènes mémorables où il rivalise de malice avec les puissants.

NOTE : 12.80

FICHE TECHNIQUE


Réalisation : Sacha Guitry et Christian-Jaque (collaboration technique)

Scénario et dialogues : Sacha Guitry

Assistant réalisateur : Guy Lacourt et Marc Fossard

Direction artistique : Jean Barthelemy Perrier

Costumes : Georges K. Benda

Photographie : Jules Kruger, assisté de Marc Fossard

Montage : William Barrache, Myriam

Son : Marcel Courmes

Musique : Jean Françaix

Production : Serge Sandberg

Société de production : Cinéas, Imperial Films Production

Société de distribution : Films sonores Tobis, Télédis

DISTRIBUTION

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