Pages

samedi 18 janvier 2025

9.20 - MON AVIS SUR LE FILM LE FIL DE DANIEL AUTEUIL (2024)


 Vu le film Le Fil  de Daniel Auteuil (2024) avec Daniel Auteuil Grégory Gadebois Sidse Babett Knudsen Alice Belaidi Gaetan Roussel Isabelle Candelier Suliane Brahim Aurore Auteuil Jean Noel Brouté Charlie Nelson

 

 Jean Monier (Daniel Auteuil) , avocat pénaliste a renoncé à défendre des criminels, depuis qu'il a obtenu l'acquittement d'un assassin récidiviste.

Un père de famille paisible et affectueux, Nicolas Milik (Grégory Gadebois), est placé en détention, accusé du meurtre de sa femme, alcoolique. L'affaire émeut maître Monier, convaincu de l'innocence de l'accusé. Roger Marton (Gaëtan Roussel), patron d'un bar et meilleur ami de Nicolas, également mis en cause dans l'affaire, meurt en prison.

Monier s'engage avec humanité dans la défense de l'accusé, contre l'avocat général, intraitable, qui cherche à établir la preuve de la culpabilité de Milik.

Durant le procès, le fil de la vérité se dévide, entre innocence et culpabilité, explorant la construction de l'intime conviction.

Daniel Auteuil, en adaptant Le Livre de Maître Mô de l'avocat Jean-Yves Moyart, ambitionnait visiblement de s'inscrire dans la lignée des grands drames judiciaires récents comme Anatomie d'une chute ou La Nuit du 12. Cependant, malgré de bonnes intentions, Le Fil échoue à captiver autant qu'il aurait pu. Ce qui aurait pu être une réflexion poignante sur la justice et les méandres de l'âme humaine se perd dans une mise en scène convenue et une narration qui manque cruellement de souffle.

 

Auteuil, en tant qu'acteur, offre une prestation solide, fidèle à sa réputation. Il incarne son personnage avec sobriété et nuance, mais son rôle de réalisateur laisse à désirer. Le film souffre d’une mise en scène mécanique, presque scolaire, qui reproduit les codes du genre sans parvenir à les transcender. En cherchant à imiter le réalisme oppressant des films qu'il prend comme modèles, Auteuil semble oublier d’insuffler à son œuvre une véritable identité.

 

L’intrigue, pourtant tirée d’une histoire vraie et chargée en potentiel dramatique, est mal exploitée. La progression vers la révélation finale, censée être une montée en tension, paraît artificielle et prévisible. La vérité horrifique, dévoilée tardivement, n'a pas l'impact émotionnel escompté. Pire encore, elle semble instrumentalisée pour choquer plutôt que pour interroger réellement les enjeux humains et sociaux qui entourent le crime et le procès.

 

Un des principaux défauts du film réside dans son incapacité à approfondir les thèmes qu’il prétend aborder. Rien n’est véritablement dit sur la justice, la police, ou les raisons complexes du meurtre central. On ne sent pas de réflexion sur le système judiciaire ou sur les dilemmes moraux des protagonistes. Le spectateur reste à distance, témoin d'une affaire dont on lui donne les grandes lignes mais sans jamais explorer ce qui se cache derrière. Deux ans après la condamnation de Nicolas Milik, une affaire qui a marqué, Le Fil semble évacuer les vrais enjeux pour se contenter d’un traitement superficiel.

 

Grégory Gadebois, acteur talentueux par ailleurs, livre ici une prestation outrée. Son personnage, visiblement conçu pour incarner l’antipathie, devient presque caricatural, au point d’enlever toute subtilité à son rôle. Cette surenchère, combinée à une direction d’acteurs qui manque de finesse, empêche toute véritable empathie ou compréhension envers les personnages.

 

Malgré quelques moments d’intensité et une photographie soignée, Le Fil reste un film plat et sans âme. Auteuil semble avoir oublié de donner à son œuvre ce supplément d’authenticité et de tension émotionnelle qui fait les grands films judiciaires. Là où ses inspirations offrent une véritable plongée dans les tourments de leurs personnages et une réflexion sur la complexité de la justice, Le Fil s’apparente davantage à un exercice de style maladroit.

  Le Fil déçoit par son manque de profondeur et son incapacité à traiter un sujet pourtant riche avec la rigueur et la passion qu’il méritait. Si Auteuil demeure un grand acteur, sa double casquette ici le dessert, le réalisateur n’étant pas à la hauteur de l’interprète.

NOTE : 9.20

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisation : Daniel Auteuil
  • Scénario : Daniel Auteuil et Steven Mitz, d'après un des récits de l'ouvrage Le Livre de maître Mô de Jean-Yves Moyart
  • Musique : Gaspar Claus
  • Décors : Christian Marti
  • Costumes : Charlotte Betaillole
  • Photographie : Jean-François Hensgens
  • Son : Nicolas Provost
  • Montage : Valérie Deseine
  • Production : Nelly Auteuil et Hugo Gélin
    • Coproduction : Daniel Auteuil
  • Sociétés de production : Zazi Films, en coproduction avec France 2 Cinéma, Zack Films et Zinc Film, en association avec les SOFICA Cinémage 18 et Indéfilms 12
  • Sociétés de distribution : Zinc Film (France) ; Athena Films (Belgique) et Praesens Film (Suisse romande)
  • Budget : 6,4 millions 

DISTRIBUTION

Daniel Auteuil : Maître Jean Monier
Grégory Gadebois : Nicolas Milik
Sidse Babett Knudsen : Maître Annie Debret
Alice Belaïdi : l'avocate générale Adèle Houri
Gaëtan Roussel : Roger Marton, patron du bar « Chez Roger »
Isabelle Candelier : la présidente Violette Mangin
Suliane Brahim : Maître Judith Goma
Aurore Auteuil : Audrey Girard
Jean-Noël Brouté : l'expert
Charlie Nelson : l'antiquaire
Anna Mihalcea : la jurée

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire