Vu le film Django Unchained de Quentin Tarantino (2013) avec Léonardo Di Caprio Christophe Waltz Jamie Foxx Quentin Tarantino Franco Nero Kerry Washington Samuel L.Jackson Walton Goggins Bruce Dern Laura Cayouette Don Johnson Jonah Hill
Au Texas, en 1858, une file d'esclaves enchaînés avance
péniblement sous la garde des frères Ace et Dicky Speck. En pleine nuit, le
groupe croise le docteur King Schultz, qui voyage sur sa roulotte de dentiste
ambulant (avec Fritz le cheval et une grande dent factice qui gigote au bout de
son ressort sur le toit). Schultz, ignorant l'hostilité manifeste des Speck,
demande aux prisonniers si l'un d'entre eux connaît les dénommés « frères
Brittle » ; celui qui s'avérera être Django répond par l'affirmative.
Mais lorsque Schultz insiste pour acquérir Django, Ace Speck le menace de son
fusil. Schultz tue rapidement Ace, libère Django, et laisse les autres esclaves
s'occuper de Dicky.
"Django Unchained" (2012) est un pur
produit de l'univers cinématographique de Quentin Tarantino, où se
mêlent la réécriture de l'Histoire, l'hommage aux genres cinématographiques
(ici le Western Spaghetti), et les dialogues mordants. Comme à son
habitude, Tarantino utilise le cinéma pour explorer des pans sombres de
l'histoire humaine avec une approche à la fois irrévérencieuse et profondément
stylistique. Il réinvente le récit des esclaves et des esclavagistes à travers
le personnage de Django, campé par Jamie Foxx, un ancien esclave
devenu chasseur de primes, déterminé à libérer sa femme.
L'un des aspects marquants du film, et ce qui fait de
Tarantino un conteur d'histoires exceptionnel, c'est sa capacité à mélanger les
genres et les tons. Dans "Django Unchained", il passe sans
effort des longues scènes de dialogues philosophiques et moralement ambigus à
des scènes de violence brute, hyper stylisée. Cette alternance entre les
moments calmes, presque théâtraux, et les explosions de brutalité est devenue
la marque de fabrique du réalisateur. Ici, ces deux registres – l'eau et le
feu, comme tu dis – cohabitent pour créer un récit à la fois captivant et
dérangeant.
Leonardo DiCaprio, dans le rôle de Calvin Candie,
un propriétaire terrien cruel et dépravé, livre une performance exceptionnelle.
Il parvient à incarner un personnage abject tout en gardant un certain charme,
ce qui rend son rôle encore plus déstabilisant. DiCaprio sait manipuler la
dynamique de domination et de pouvoir avec une nuance glaçante, en parfait
contraste avec le calme inquiétant du Dr. King Schultz interprété par Christoph
Waltz, qui se révèle tout aussi mémorable dans son rôle de mentor de Django.
Waltz, déjà récompensé pour son rôle dans "Inglourious Basterds",
trouve ici une nouvelle occasion d'exceller avec un personnage à la fois
charismatique et ambigu, apportant cette touche tarantinesque d'humanité dans
un monde de violence extrême.
Le film, tout en rendant hommage au Western Spaghetti,
notamment à travers la présence symbolique de Franco Nero (l'original
Django), transcende le genre. Tarantino s’approprie les codes pour les
réinventer à sa sauce. Le western devient ici un prétexte pour aborder la
question de l'esclavage et de la rétribution violente, un thème qu'il aborde
avec son sens habituel de l'exagération. Les amateurs de western traditionnel
pourraient être surpris, mais ceux qui connaissent le travail de Tarantino y
verront un hommage autant qu'une critique subversive.
Les longs dialogues entre les protagonistes, comme
ceux entre Schultz et Candie, sont l'un des points forts du film.
Tarantino excelle à instaurer une tension palpable dans les échanges verbaux,
rendant chaque mot aussi dangereux qu'une balle. Ces moments de calme avant la
tempête sont d’autant plus puissants lorsqu’ils se terminent en scènes d’action
excessivement violentes, marque de fabrique du réalisateur.
Les amateurs de Tarantino ne seront pas déçus par
"Django Unchained". Comme dans ses précédents films, il prend des
libertés avec l’Histoire, offrant un récit cathartique où les opprimés prennent
leur revanche de manière spectaculaire. Les scènes d’action sont sanglantes et
stylisées, les dialogues incisifs, et le film, dans son ensemble, est un
hommage à un genre tout en étant une déclaration d’intention sur le pouvoir du
cinéma de réécrire l’Histoire à sa manière.
"Django Unchained" est une
œuvre tarantinesque par excellence. Ceux qui aiment son style retrouveront tout
ce qu’ils apprécient : des personnages complexes, des dialogues brillants, et
une violence graphique omniprésente. Tarantino prouve, une fois de plus, qu'il
est non seulement un grand réalisateur, mais aussi un conteur d'histoires
hors pair, capable de transformer un genre aussi codifié que le western en un
outil pour réexaminer des chapitres douloureux de l’histoire humaine
NOTE : 17.20
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation et scénario : Quentin Tarantino
- Direction artistique : Page Buckner, David F. Klassen et Mara LePere-Schloop
- Décors : J. Michael Riva
- Costumes : Sharen Davis
- Photographie : Robert Richardson
- Montage : Fred Raskin
- Production : Reginald Hudlin, Pilar Savone et Stacey Sher
- Producteurs exécutifs : Bob Weinstein et Harvey Weinstein
- Sociétés de production : The Weinstein Company et Columbia Pictures
- Sociétés de distribution : The Weinstein Company (États-Unis), Sony Pictures Releasing France (France)
- Budget : 100 000 000 de dollars
- Jamie Foxx (VF : Jean-Baptiste Anoumon ; VQ : Pierre Auger) : Django Freeman
- Christoph Waltz (VF : Pierre-François Pistorio ; VQ : Denis Gravereaux) : King Schultz
- Leonardo DiCaprio (VF : Damien Ferrette ; VQ : Patrice Dubois) : Calvin J. Candie
- Kerry Washington (VF : Annie Milon ; VQ : Éveline Gélinas) : Broomhilda von Shaft
- Samuel L. Jackson (VF : Pascal Nzonzi ; VQ : Éric Gaudry) : Stephen, le majordome
- Laura Cayouette (VF : Claire Guyot ; VQ : Nathalie Coupal) : Lara Lee Candie-Fitzwilly, la sœur veuve de Calvin J. Candie
- Dennis Christopher (VF : Jean-Pierre Leroux ; VQ : Alain Fournier) : Léonid « Léo » Moguy, avocat de Calvin J. Candie
- Walton Goggins (VF : Loïc Houdré ; VQ : Sylvain Hétu) : Billy Crash
- James Remar (VF : Sylvain Lemarié et Patrick Béthune) : Ace Speck / Butch Pooch
- Don Johnson (VF : Patrick Poivey ; VQ : Jacques Lavallée) : Spencer Gordon « Big Daddy » Bennet
- Franco Nero (VF : Enrico Di Giovanni) : Amerigo Vassepi
- Tom Wopat (VF : Patrick Raynal ; VQ : Manuel Tadros) : le marshall Gill Tatum
- Jonah Hill (VF : Charles Pestel ; VQ : Olivier Visentin) : l'un des hommes avec les sacs sur la tête (caméo)
- Quentin Tarantino (VF : Jean-Philippe Puymartin ; VQ : Daniel Picard) : Frankie, un employé de The LeQuint Dickey Mining Co.
- John Jarratt (VF : Dominique Collignon-Maurin) : Floyd, un employé de The LeQuint Dickey Mining Co.
- Michael Parks (VF : Jean-Bernard Guillard ; VQ : Guy Nadon) : Roy, un employé de The LeQuint Dickey Mining Co.
- David Steen (VF : Jean-François Savion) : Monsieur Stonesipher
- Dana Michelle Gourrier (VF : Martine Maximin) : Cora
- Nichole Galicia (VF : Marie Noëlle Eusebe) : Sheba
- Ato Essandoh (VF : Asto Montcho) : D'Artagnan
- Sammi Rotibi (VF : Greg Germain) : Rodney
- Clay Donahue Fontenot : Roscoe
- Escalante Lundy (VF : Greg Germain) : Big Fred
- Miriam F. Glover (VF : Mbembo) : Betina
- Russ Tamblyn : le fils d'un gunfighter
- Amber Tamblyn : la fille du fils d'un gunfighter
- James Russo (VF : Patrick Messe) : Dicky Speck
- Don Stroud (VF : Michel Barbey) : shérif Bill Sharp
- Bruce Dern (VF : Georges Claisse ; VQ : Hubert Fielden) : Curtis Carrucan
- M. C. Gainey (VF : Sylvain Lemarié) : Big John Brittle
- Cooper Huckabee (VF : Emmanuel Karsen) : Roger « Lil Raj » Brittle
- Doc Duhame : Ellis Brittle
- Michael Bowen : Stew
- Zoe Bell : Peg
- James Parks : Catfish
- Tom Savini : Cheney
- Robert Carradine (VF : Denis Boileau) : Lex
- Ted Neeley : Ted
- Jake Garber : Jake
- Lee Horsley (VF : Bernard Métraux) : le shérif Gus
- Rex Linn (VF : Franck Capillery) : Tennessee Harry
- Brian Brown (VF : Jean-Marc Charrier) : Hoot Peters
- Evan Parke : Chester
- Omar J. Dorsey : Chicken Charlie
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