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vendredi 18 octobre 2024

12.80 - MON AVIS SUR LE FILM LE TONNERRE DE DIEU DE DENYS DE LA PATELLIERE (1965)


Vu Le Tonnerre de Dieu  de Denys de la Patellière (1965) avec Jean Gabin Michèle Mercier Lili Palmer Georges Geret Robert Hossein Paul Frankeur Ellen Schwiers Nino Vingelli Louis Arbessier Daniel Ceccaldi Emma Danielli Hélène Tossy Léa Gray François Nadal

 François Nadal double Georges Géret dans la scène de l'orage, lorsqu'il calme les chevaux dans l'écurie

Léandre Brassac est un vieux vétérinaire. Il est fortuné et érudit ; mais il est aussi misanthrope, irascible et alcoolique. Il habite avec sa femme Marie un grand manoir près de Nantes ; il y élève quelques chevaux et recueille des chiens abandonnés.

Au cours d’un déplacement à Nantes, Brassac se laisse aller à la boisson dans un bar du Quai de la Fosse où il a ses habitudes. Il remarque Simone, une prostituée débutante. Il décide la ramener chez lui afin de la soustraire, au moins pour un temps, à son environnement.

À leur arrivée, Marie, blasée des frasques de Léandre, accepte cette présence.

Le Tonnerre de Dieu (1965), réalisé par Denys de La Patellière, est un film qui occupe une place particulière dans la carrière de Jean Gabin et dans le cinéma français des années 60. Adapté du roman de Bernard Clavel, avec un scénario et des dialogues ciselés par Pascal Jardin, ce film offre une prestation mémorable de Gabin, un acteur alors au sommet de son art.

Jean Gabin y incarne Léandre Brassac, un vieil homme bourru, ancien vétérinaire, qui vit reclus à la campagne, entouré de ses chiens et chevaux qu’il soigne avec une grande tendresse. Dès le début, le personnage de Brassac se distingue par sa générosité dissimulée sous un vernis de rudesse. L’arrivée dans sa vie d’une jeune prostituée, Simone (jouée par Michèle Mercier), qu’il recueille et protège, va révéler une facette inattendue de ce personnage que l’on croyait insensible. Il devient alors, à sa manière, une sorte de père protecteur pour cette jeune femme perdue et pour son fils.

La véritable force du film réside dans l’interprétation de Gabin. On est loin de l’image du "dur" qu’il avait souvent incarné dans des films policiers ou des drames sociaux. Ici, Gabin brise l’image traditionnelle de ses rôles pour incarner un homme qui, sous ses airs bourrus, porte en lui une grande humanité. C’est un personnage qui montre une immense empathie envers les êtres en difficulté, qu’ils soient humains ou animaux. Cette bienveillance, exprimée souvent de manière maladroite ou brute, est bouleversante. Les dialogues, écrits par Pascal Jardin, sont d'une précision et d'une finesse remarquables. Ils mêlent une ironie mordante à une tendresse cachée, faisant ressortir le caractère complexe de Brassac.

L'un des thèmes centraux du film est la misère humaine, que Brassac observe avec un mélange de compassion et de révolte. Le traitement du personnage de Simone, une femme rejetée par la société à cause de son métier, est particulièrement touchant. Là où d'autres auraient choisi de l'ignorer ou de la mépriser, Brassac choisit de l'aider, dans un geste de rédemption à la fois pour elle et pour lui-même. Le film aborde également la question de la marginalité, tant humaine qu’animale, avec une sensibilité rare.

Visuellement, le film reste fidèle à l’esthétique sobre de La Patellière, privilégiant les plans simples mais efficaces pour capter l’essence des personnages et de leurs interactions. La campagne, avec ses paysages rustiques et son atmosphère parfois oppressante, devient presque un personnage à part entière, renforçant le sentiment d’isolement et d'abandon qui traverse le film.

Cependant, si le film touche par moments à une certaine intensité dramatique, il perd un peu de sa force lorsqu’il s’éloigne de ce huis clos entre Brassac, Simone et les animaux. Les intrigues secondaires, bien que nécessaires, diluent un peu l’émotion principale et empêchent le film de maintenir le même niveau de tension dramatique tout au long de son récit.

Le Tonnerre de Dieu demeure un grand film du cinéma français, porté par un Jean Gabin au sommet de son art. C'est une œuvre qui, sous ses airs de comédie dramatique, pose des questions profondes sur la misère humaine, la rédemption et l’amour sous toutes ses formes. La performance de Gabin, touchante et nuancée, en fait un incontournable pour les amateurs de grands classiques. Le film parvient à nous émouvoir sans tomber dans le pathos, et si l’on sèche nos larmes à la fin, c’est pour mieux en retenir la sincérité du propos.

NOTE 12.80

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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