Vu Le Tonnerre de Dieu de Denys de la Patellière (1965) avec Jean Gabin Michèle Mercier Lili Palmer Georges Geret Robert Hossein Paul Frankeur Ellen Schwiers Nino Vingelli Louis Arbessier Daniel Ceccaldi Emma Danielli Hélène Tossy Léa Gray François Nadal
François
Nadal double Georges
Géret dans la scène de l'orage, lorsqu'il calme les chevaux
dans l'écurie
Léandre Brassac est un vieux vétérinaire. Il est fortuné
et érudit ; mais il est aussi misanthrope, irascible et alcoolique. Il
habite avec sa femme Marie un grand manoir près de Nantes ;
il y élève quelques chevaux et recueille des chiens abandonnés.
Au cours d’un déplacement à Nantes, Brassac se laisse
aller à la boisson dans un bar du Quai
de la Fosse où il a ses habitudes. Il remarque Simone, une
prostituée débutante. Il décide la ramener chez lui afin de la soustraire, au
moins pour un temps, à son environnement.
À leur arrivée, Marie, blasée des frasques de Léandre,
accepte cette présence.
Le Tonnerre de Dieu (1965), réalisé par Denys de
La Patellière, est un film qui occupe une place particulière dans la carrière
de Jean Gabin et dans le cinéma français des années 60. Adapté du roman de
Bernard Clavel, avec un scénario et des dialogues ciselés par Pascal Jardin, ce
film offre une prestation mémorable de Gabin, un acteur alors au sommet de son
art.
Jean Gabin y incarne Léandre Brassac, un vieil homme
bourru, ancien vétérinaire, qui vit reclus à la campagne, entouré de ses chiens
et chevaux qu’il soigne avec une grande tendresse. Dès le début, le personnage
de Brassac se distingue par sa générosité dissimulée sous un vernis de rudesse.
L’arrivée dans sa vie d’une jeune prostituée, Simone (jouée par Michèle
Mercier), qu’il recueille et protège, va révéler une facette inattendue de ce
personnage que l’on croyait insensible. Il devient alors, à sa manière, une
sorte de père protecteur pour cette jeune femme perdue et pour son fils.
La véritable force du film réside dans l’interprétation
de Gabin. On est loin de l’image du "dur" qu’il avait souvent incarné
dans des films policiers ou des drames sociaux. Ici, Gabin brise l’image
traditionnelle de ses rôles pour incarner un homme qui, sous ses airs bourrus,
porte en lui une grande humanité. C’est un personnage qui montre une immense
empathie envers les êtres en difficulté, qu’ils soient humains ou animaux.
Cette bienveillance, exprimée souvent de manière maladroite ou brute, est
bouleversante. Les dialogues, écrits par Pascal Jardin, sont d'une précision et
d'une finesse remarquables. Ils mêlent une ironie mordante à une tendresse
cachée, faisant ressortir le caractère complexe de Brassac.
L'un des thèmes centraux du film est la misère humaine,
que Brassac observe avec un mélange de compassion et de révolte. Le traitement
du personnage de Simone, une femme rejetée par la société à cause de son
métier, est particulièrement touchant. Là où d'autres auraient choisi de
l'ignorer ou de la mépriser, Brassac choisit de l'aider, dans un geste de
rédemption à la fois pour elle et pour lui-même. Le film aborde également la
question de la marginalité, tant humaine qu’animale, avec une sensibilité rare.
Visuellement, le film reste fidèle à l’esthétique sobre
de La Patellière, privilégiant les plans simples mais efficaces pour capter
l’essence des personnages et de leurs interactions. La campagne, avec ses
paysages rustiques et son atmosphère parfois oppressante, devient presque un
personnage à part entière, renforçant le sentiment d’isolement et d'abandon qui
traverse le film.
Cependant, si le film touche par moments à une certaine
intensité dramatique, il perd un peu de sa force lorsqu’il s’éloigne de ce huis
clos entre Brassac, Simone et les animaux. Les intrigues secondaires, bien que
nécessaires, diluent un peu l’émotion principale et empêchent le film de
maintenir le même niveau de tension dramatique tout au long de son récit.
Le Tonnerre de Dieu demeure un grand film du
cinéma français, porté par un Jean Gabin au sommet de son art. C'est une œuvre
qui, sous ses airs de comédie dramatique, pose des questions profondes sur la
misère humaine, la rédemption et l’amour sous toutes ses formes. La performance
de Gabin, touchante et nuancée, en fait un incontournable pour les amateurs de
grands classiques. Le film parvient à nous émouvoir sans tomber dans le pathos,
et si l’on sèche nos larmes à la fin, c’est pour mieux en retenir la sincérité
du propos.
NOTE 12.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Denys de La Patellière
- Scénario : D'après le roman Qui m'emporte de Bernard Clavel (Éditions Robert Laffont)
- Adaptation : Denys de La Patellière, Pascal Jardin
- Dialogues : Pascal Jardin
- Assistants réalisateurs : Roberto Bedegas, Franco Contini
- Images : Marcel Grignon, Walter Wottitz
- Opérateur : Charles-Henry Montel, assisté de Bob Pater, Jean-Claude Gaillard
- Son : Jean Rieul, assisté de Vartan Karakeusian
- Perchman : Marcel Corvaisier
- Décors : Robert Clavel, assisté d'Henri Morin et Marc Desages
- Costumes : Jacques Fonteray
- Montage : Claude Durand, assistée de Florence Renard
- Musique : Georges Garvarentz (Éditions Robert Salvet)
- Orchestration : Maurice J. Helison
- Script-girl : Colette Crochot
- Photographe de plateau : Marcel Dole
- Régisseur général : Paul Dufour, assisté de Pierre Darçay
- Administrateur de production : Paul Maigret
- Ensembliers : Pierre Charron, Henri Vergnes
- Accessoiristes : Maurice Terrasse, Jean Vergne
- Costumier : Jacques Fonteray
- Habilleuses : Jeannine Vergne, Micheline Bonnet, Mariette Chabrol
- Maquillage : Jacky Bouban, Maguy Vernadet, Yvonne Gasperina
- Coiffeuse : Huguette Lalaurette
- Pellicule 35 mm - noir et blanc - procédé Franscope - Ratio : 2,35:1 - Son : Monophonique
- Enregistrement : Société Westrex S.O.R
- Tirage : Laboratoire Franay L.T.C Saint-Cloud
- Générique : Jean Fouchet
- Tournage dans les studios de Boulogne-Billancourt et au château de Bois Chevalier à Legé (Loire-Atlantique)
- Sociétés de production : Les Films Copernic (Paris), Fida Cinematografica (Rome), Gloria Films (Munich)
- Directeur de production : Ralph Baum
- Chef de production : Raymond Danon, Maurice Jacquin
- Distribution : Comacico
- Affichiste : Clément Hurel
- Jean Gabin : Léandre Brassac
- Michèle Mercier : Simone Leboucher
- Lilli Palmer : Marie Brassac
- Robert Hossein : Marcel, le barbillon
- Georges Géret : Roger, le voisin
- Paul Frankeur : Maurice, le maréchal des logis
- Ellen Schwiers : Françoise, la sœur de Roger (voix de Jacqueline Porel)
- Nino Vingelli : le patron du bistrot
- Louis Arbessier : Bricard, le ministre
- Daniel Ceccaldi : le curé
- Emma Danieli : la riche dame au teckel
- Hélène Tossy : la patronne du bistrot
- Léa Gray : l'ancienne sous-maîtresse
- Paul Pavel : un ami de Marcel
- Danielle Durou : une fille
- Lydie Balmer : une fille
- Nicole Beurggrave : une fille
- Mireille Galot : une fille
- André Dalibert : un client de Simone
- Édouard Francomme : le serveur du restaurant
- Franck Maurice : un homme sortant avec des valises
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