Dans le cadre des Mille Films de ma Vie , je vous propose le film Le Train Sifflera Trois Fois (High Noon) de Fred Zinneman (1952) avec Gary Cooper Grace Kelly Lee Van Cleef Thomas Mitchell Lloyd Bridges Katy Jurado Otto Kruger Lon Chaney Jr et Ian MacDonald
Le train sifflera trois fois se
déroule approximativement en temps réel, comme l'illustrent les plans
récurrents de l'horloge dans le bureau du shérif. L'action du film, qui dure 85
minutes, débute en effet à 10 h 30 et se termine peu après
midi.
À dix heures trente du matin, le shérif
d'Hadleyville, Will Kane, vient d'épouser la jeune quaker Amy Fowler. Tous deux projettent
d'ouvrir un magasin dans une bourgade voisine et Will Kane s'apprête à rendre
son étoile de shérif.
Mais il apprend le retour imminent de Frank Miller, qu’il a jadis arrêté et qui
a par la suite été condamné à mort. Finalement libéré au bout de cinq ans,
Miller est en route pour Hadleyville dans l'intention de régler son compte au
shérif. Il doit arriver par le train de midi à la gare, où trois de ses
complices l’attendent.
Le Train Sifflera Trois Fois
de Fred Zinnemann, ou High Noon en version originale, est un des joyaux
du western américain. Le titre américain, signifiant "L'heure de
vérité", capture mieux l'essence du film : une tension palpable et
inévitable qui culmine à l'instant décisif. Le titre français, bien qu'inexact
(le train siffle en réalité quatre fois, pas trois), n'altère en rien la
puissance du film. Zinnemann, l'un des grands maîtres du cinéma, tisse un
suspense qui ne faiblit jamais pendant 90 minutes, concentré dans l'attente
angoissante d’un train transportant un criminel redouté.
L’intrigue, simple en apparence, va bien au-delà du
récit classique de vengeance. Le train, porteur de menace, devient symbole de
la division d’une ville : pour certains, il représente un danger imminent, pour
d'autres, il pourrait redonner vie à l’économie locale. Mais au centre de ce
drame, il y a Will Kane, l'ancien shérif, magistralement interprété par Gary
Cooper, qui se retrouve seul face à la menace. Cooper incarne à la perfection
cet homme de loi, rongé par l'honneur et la responsabilité, décidé à affronter
le criminel malgré l’indifférence, voire l’hostilité, des habitants qu’il a
juré de protéger.
Zinnemann orchestre une véritable tragédie, où le
héros est abandonné par tous, y compris par sa jeune épouse, jouée par Grace
Kelly, alors au tout début de sa carrière. Kelly incarne une figure fragile
mais déterminée, dont les valeurs pacifistes sont mises à l'épreuve face à la
violence imminente. Dans cet univers impitoyable, elle doit choisir entre ses
convictions et l’homme qu’elle aime.
L’ombre de Lee Van Cleef, bien qu’il n’ait pas de
dialogues, plane sur le film. Son seul regard suffit à imposer une menace
latente, renforçant l'ambiance oppressante. Le duel final, attendu tout au long
du film, est un chef-d'œuvre de mise en scène, se déroulant dans la rue
centrale, là où toute la vérité éclate, comme souvent dans le western.
La force de High Noon réside dans son économie
de moyens : pas de chevauchées effrénées ni de fusillades à tout-va, mais une
montée inexorable de la tension, renforcée par l’utilisation quasi omniprésente
de l’horloge qui compte chaque minute. Chaque tic-tac rapproche Kane de son
inéluctable affrontement, et la pression s’accumule aussi bien pour le
spectateur que pour les personnages.
Ce film, malgré son apparente simplicité, est une
réflexion profonde sur l’honneur, le devoir et le courage face à l’adversité.
Plus qu’un simple western, Le Train Sifflera Trois Fois est une parabole
intemporelle sur la solitude et la responsabilité individuelle dans un monde
souvent indifférent. Un classique à savourer, encore et encore.
"Do Not Forsake Me, Oh My
Darlin’", interprétée par Tex Ritter, est l'une
des chansons les plus emblématiques du cinéma, étroitement associée au film Le
Train Sifflera Trois Fois (High Noon). Elle incarne à la fois
l'esprit du western classique et l'intensité dramatique du film. Composée par
Dimitri Tiomkin avec des paroles de Ned Washington, la chanson raconte en
quelque sorte le dilemme intérieur du personnage de Gary Cooper, Will Kane, tout
en tissant un lien émotionnel fort avec son épouse (jouée par Grace Kelly) et
sa mission de devoir.
Tex Ritter, avec sa voix grave et imposante, prête à
la chanson une profondeur sincère, presque solennelle. Son timbre
authentiquement country se marie parfaitement à la mélancolie des paroles et à
l’atmosphère tendue du film. La balade exprime la peur, la loyauté et l’espoir
d’un homme prêt à affronter seul son destin. Le refrain implore sa bien-aimée
de ne pas l'abandonner au moment crucial, créant ainsi une dualité entre le
devoir moral et l’amour conjugal.
Musicalement, la simplicité de la composition, avec
sa mélodie répétitive et sa lenteur, reflète la tension croissante du film. Le
morceau, épuré mais puissant, accentue l’attente avant le face-à-face final. La
guitare acoustique, douce et discrète, accompagne parfaitement la voix de
Ritter, évoquant la solitude des grands espaces et l’urgence intérieure du
protagoniste.
Cette chanson a non seulement renforcé l’ambiance du
film, mais elle a également marqué l’histoire de la musique de cinéma en
devenant la première chanson à remporter un Oscar de la meilleure chanson
originale pour un western. Son succès repose sur l'alchimie entre la voix
puissante de Ritter et le récit poignant du film, ce qui en fait un véritable
hymne à l’héroïsme silencieux et à la fidélité face à l’adversité.
"Do Not Forsake Me, Oh My
Darlin’" est une ballade intemporelle, ancrée
dans l’histoire du cinéma et de la musique country, une chanson qui reste
aujourd’hui un classique et une référence pour son mariage parfait entre
l'image et le son.
NOTE : 16.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Fred Zinnemann
- Scénario : Carl Foreman, d'après la nouvelle (magazine story "The Tin Star") de John W. Cunningham
- Musique : Dimitri Tiomkin : Do not forsake me Oh my darling
- Photographie : Floyd Crosby
- Montage : Elmo Williams, Harry Gerstad
- Direction artistique : Ben Hayne
- Décors : Rudolph Sternad
- Décorateur de plateau : Murray Waite
- Costumes : Joe King et Ann Peck
- Producteurs : Carl Foreman producteur associé et Stanley Kramer (non crédités)
- Société de production : Stanley Kramer Productions
- Société de distribution : United Artists
- Pays de production : États-Unis
- Gary Cooper (VF : Jean Martinelli) : le shérif Will Kane (Bill dans la VF)
- Grace Kelly (VF : Nelly Benedetti) : Amy Fowler Kane (Emma dans la VF)
- Thomas Mitchell (VF : Pierre Morin) : Jonas Henderson, le maire
- Lloyd Bridges (VF : Raymond Loyer) : Harvey Pell (Hervé dans la VF)
- Katy Jurado (VF : Katherine Kath) : Helen Ramírez
- Otto Kruger (VF : Jean Toulout) : Percy Mettrick, le juge
- Lon Chaney Jr. (VF : Jacques Berlioz) : Martin Howe
- Ian MacDonald (VF : Lucien Bryonne) : Frank Miller
- Harry Shannon (VF : Jean Brochard) : Cooper
- Lee Van Cleef : Jack Colby, membre de la bande
- Harry Morgan (VF : Michel Gudin) : Sam Fuller
- Sheb Wooley (VF : André Valmy) : Ben Miller (Max dans la VF)
- Robert J. Wilke (VF : Jacques Beauchey) : Jim Pierce
- Morgan Farley : docteur Mahin, le pasteur
- Eve McVeagh (VF : Lita Recio) : Mildred Fuller
Acteurs non crédités
- Lee Aaker : le garçon
- Larry J. Blake : Gilles, le propriétaire du saloon
- Howland Chamberlain (VF : Jean Berton) : Le réceptionniste de l'hôtel
- Cliff Clark : Ed Weaver
- Virginia Christine : Mme Simpson
- John Doucette (VF : Pierre Leproux) : Trumbull
- Jack Elam : Charlie, le prisonnier libéré par le shérif
- Harry Harvey : Coy
- Chubby Johnson : le premier vieil homme sous le porche de l'hôtel
- Tom London : Sam, le préposé d'Helen
- Merrill McCormick : Fletcher
- James Millican (VF : Jacques Erwin) : le shérif Herb Baker
- William Newell : Jimmy, le boiteux
- William Phillips (VF : Robert Dalban) : le barbier
- Lucien Prival : Joe, le barman du saloon d'Helen
- Ralph Reed (VF : Serge Lhorca) : Johnny, le garçon de 14 ans
- Ted Stanhope : le chef de gare
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