Vu le film Les Chambres Rouges de Pascal Plante (2023) avec Juliette Gariépy Laurie Babin Elizabeth Locas Maxwell McCabe Lokos Natalie Tannous Pierre Chagnon Guy Thauvette
Kelly-Anne se réveille chaque matin aux portes du
palais de justice pour s'assurer une place au procès hyper-médiatisé de Ludovic
Chevalier, un tueur en série par lequel elle est obsédée. Motivée par des
fantasmes de plus en plus morbides, elle tentera par tous les moyens de mettre
la main sur l'ultime pièce du puzzle : la vidéo manquante du meurtre d'une
adolescente de 13 ans qui porte une inquiétante ressemblance avec elle.
Les Chambres Rouges,
un thriller canadien de Pascal Plante, tente de s'attaquer à des thèmes
complexes tels que la fascination morbide pour les criminels et le voyeurisme
malsain, mais échoue à capter l'attention en raison de sa réalisation confuse
et d'une narration souvent trop bavarde. Le film suit Kelly-Anne (Juliette
Gariépy), une jeune femme obsédée par le procès d'un tueur en série, Ludovic
Chevalier, dont les crimes sont diffusés sur le Dark web. Cependant, l'intrigue
peine à établir une véritable connexion émotionnelle avec le spectateur, malgré
une prémisse intrigante.
Dès les premières scènes, on est frappé par un
montage parfois désordonné qui altère la fluidité du récit. Les scènes de
procès, censées être le cœur du film, manquent de clarté. Plutôt que de plonger
dans les enjeux judiciaires ou psychologiques de l'affaire, le film se perd
dans des dialogues souvent insignifiants et une mise en scène qui ne parvient
pas à créer de tension. Contrairement à des films comme Anatomie d'une chute,
qui brillent par la précision des débats et la profondeur des échanges, Les
Chambres Rouges s'enlise dans des discussions superficielles qui
alourdissent le rythme sans enrichir le propos.
La réalisation, malheureusement, manque de subtilité.
Plante semble vouloir explorer la complexité des émotions de son héroïne,
Kelly-Anne, mais son portrait reste flou. Son obsession pour le criminel n'est
jamais totalement justifiée ni approfondie, ce qui laisse le spectateur dans
l'incompréhension face à ses motivations. Est-elle amoureuse ? Cherche-t-elle à
comprendre le mal ? Le film ne prend pas vraiment le temps de répondre à ces
questions, préférant s'attarder sur des scènes parfois redondantes et sans
véritable enjeu narratif.
De plus, le film souffre d'un problème de ton. Il
oscille constamment entre un thriller psychologique et un drame de salle
d’audience sans jamais trouver son équilibre. Là où Anatomie d'une chute
utilise les scènes de procès pour construire une tension palpable et explorer
des dynamiques humaines profondes, Les Chambres Rouges échoue à générer
un véritable suspense. La lenteur du rythme accentue encore ce sentiment de
déconnexion.
Visuellement, le film manque également d'inspiration.
Les décors et la photographie sont plutôt ternes, ce qui pourrait coller à
l’atmosphère froide et clinique du récit, mais le résultat est surtout
monotone. L'absence de contrastes visuels ou de moments de respiration rend le
film encore plus pesant, et empêche l’installation d'une ambiance immersive.
Cependant, tout n’est pas à jeter. Juliette Gariépy
incarne Kelly-Anne avec une certaine intensité, et on ressent son désarroi face
à son obsession malsaine. Malheureusement, son jeu est souvent freiné par la
platitude des dialogues et la direction limitée de ses émotions. On aurait aimé
que le scénario creuse davantage les méandres de son esprit, explorant les
ressorts psychologiques qui la lient à ce criminel au lieu de simplement
survoler le sujet.
NOTE : 7.30
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation et scénario : Pascal Plante
- Costumes : Renée Sawtelle
- Photographie : Vincent Biron (en)
- Son : Martyne Morin, Olivier Calvert, Stéphane Bergeron
- Montage : Jonah Malak (en)
- Musique : Dominique Plante (en)
- Direction artistique : Laura Nhem
- Production : Dominique Dussault (en)
- Société de production : Nemesis Films
- Sociétés de distribution : Entract Films (Québec), ESC Films (France)
- Pays de production : Canada
- Juliette Gariépy (en) : Kelly-Anne
- Laurie Babin (en) : Clémentine
- Elisabeth Locas : Francine Beaulieu
- Maxwell McCabe-Lokos (en) : Ludovic Chevalier
- Natalie Tannous : maître Chedid
- Pierre Chagnon : maître Fortin
- Guy Thauvette : le juge Marcel Godbout
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