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mercredi 18 septembre 2024

6.30 - MON AVIS SUR LE FILM LIZA DE MARCO FERRERI (1972)


Vu  le film Liza de Marco Ferreri (1972) avec Marcello Mastroianni Catherine Deneuve Corinne Marchand Claudine Berg Michel Piccoli Pascal Laperrousaz Valérie Stroh et Melampo (le chien)

Giorgio (Marcello Mastroianni) a choisi de vivre avec son chien Melampo, sur un îlot rocheux au sud de la Corse. Il habite une sorte de bunker et, toujours accompagné de son fidèle compagnon, il passe ses journées à pêcher, cueillir des olives, peindre, se promener ou réaliser des bandes dessinées. Un jour, une superbe jeune femme blonde, Liza (Catherine Deneuve), désagréable et snob, après s’être disputée avec son amant, abandonne ses compagnons de croisière et se rend sur l’île. Giorgio la recueille pour la nuit et la ramène le lendemain à bord de son canot automobile auprès de ses amis. Mais, quelque chose force Liza, fascinée par cet homme taciturne et distant, à revenir sur l’île où elle s’attache à lui de plus en plus étroitement.

Liza, réalisé par Marco Ferreri en 1972, est un film qui divise, et pour cause : il porte la marque de fabrique du cinéaste italien, connu pour son goût du provocateur et de l'absurde. Dans cette histoire d’amour étrange et dérangeante entre Giorgio (Marcello Mastroianni) et Liza (Catherine Deneuve), Ferreri tisse une trame qui frôle l’allégorie, mais qui, malheureusement, tombe souvent dans le fouillis narratif et l’incohérence.

Le film se concentre sur une relation à la fois passionnelle et destructrice, où Liza devient peu à peu l’objet d’obsession de Giorgio, au point qu'il finit par la traiter comme son propre chien. Ce parallèle entre amour, possession et déshumanisation est une idée audacieuse, mais la mise en scène, volontairement chaotique, ne permet pas de rendre ce concept limpide. Ferreri, fidèle à son style, joue avec les limites du bon goût, mais ici, l'exercice semble moins maîtrisé. Les scènes manquent de cohérence, et l’évolution des personnages, en particulier celle de Liza, n'est jamais vraiment justifiée. Pourquoi accepte-t-elle cette transformation ? Quelles sont ses motivations ? Le film laisse ces questions en suspens, sans jamais offrir de véritable explication ou justification narrative.

Sur le plan de la réalisation, Liza souffre d’une mise en scène brouillonne. Les scènes s’enchaînent parfois sans réelle continuité, et l’on peine à suivre la logique de certains choix visuels. Ferreri, sans doute volontairement, choisit un cadre lâche, presque détaché, mais cela donne l’impression d’une exécution bâclée. Le film ne semble pas savoir où il veut aller, oscillant entre surréalisme et drame psychologique, sans jamais atteindre une profondeur véritable.

La présence à l’écran du couple mythique Marcello Mastroianni et Catherine Deneuve, en théorie prometteuse, ne sauve pas le film. Bien que leur alchimie soit palpable, surtout dans les scènes plus intimes, leur talent est sous-exploité dans un récit qui ne leur donne pas assez de matière. Mastroianni, pourtant brillant acteur, semble ici en roue libre, tandis que Deneuve est cantonnée à un rôle passif et incompréhensible, bien loin de ses prestations habituelles.

La déception que suscite Liza n’est pas une totale surprise pour ceux qui connaissent l’œuvre de Marco Ferreri. Le réalisateur a toujours flirté avec les thèmes de l’absurde et de la provocation, souvent au détriment de la clarté narrative. Ceux qui attendent une histoire linéaire ou des personnages cohérents en ressortiront frustrés. En somme, Liza est un film qui s’éparpille, sans véritable fil conducteur, et malgré quelques moments intrigants, laisse le spectateur perplexe et insatisfait. Un film à réserver aux amateurs inconditionnels du cinéma dérangeant et volontairement déstructuré de Ferreri.

NOTE : 6.30

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