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lundi 9 septembre 2024

15.30 - MON AVIS SUR LE FILM LE PRESIDENT DE HENRI VERNEUIL (1962)

 


Vu le film Le Président de Henri Verneuil (1962) avec Jean Gabin Bernard Blier Renée Faure Alfred Adam Henri Crémieux Robert Vattier Louis Seigner Françoise Deldick Hélène Dieudonné Noel Roquevert Jacques Marin Louis Arbussier Charles Culum Raoul Marco Héléna Manson Antoine Balpêtré

Ancien président du Conseil, Émile Beaufort consacre une large partie de son temps à l'écriture de ses mémoires, qu'il dicte à sa dévouée secrétaire, Mlle Milleran, à La Verdière, sa propriété provinciale dans l'Eure. Retiré des affaires publiques, il ne garde pas moins un regard attentif sur l'actualité politique nationale.

Tandis qu'il écoute la radio pour suivre l'évolution d'une crise ministérielle en cours, Beaufort apprend que le député Philippe Chalamont, président du groupe des Indépendants républicains à la Chambre, est pressenti par le chef de l'État pour former le prochain gouvernement. La nouvelle perturbe Beaufort au point qu'il cesse quelques instants de dicter le contenu de ses mémoires à sa secrétaire, le temps de songer à l'époque où, président du Conseil, il dut travailler avec Chalamont, qui n'était autre que son directeur de cabinet.

Le Président de Henri Verneuil, sorti en 1961, est une véritable fresque politique où le talent de Jean Gabin et Bernard Blier s'exprime pleinement dans une confrontation mémorable. Adapté d'un roman de Georges Simenon, le film met en scène les intrigues politiques des IIIe et IVe Républiques, révélant l’instabilité chronique et l'opportunisme qui régnaient dans les couloirs du pouvoir à cette époque.

Jean Gabin incarne Émile Beaufort, un ancien président du Conseil, vieillissant mais toujours affûté intellectuellement, qui se retrouve face à Philippe Chalamont, interprété par Bernard Blier, un ambitieux homme politique prêt à tout pour arriver au sommet. Ce face-à-face entre deux titans du cinéma français est magnifiquement orchestré, et le duel verbal qu'ils se livrent est captivant. Gabin, dans son rôle de vieux lion politique, irradie de son charisme et de son expérience. Il incarne un homme à la fois désillusionné par la politique mais encore attaché à certaines valeurs. Blier, quant à lui, est parfait dans le rôle du politicien cynique, prêt à trahir ses alliances au gré des opportunités.

Ce film est aussi une brillante analyse de la politique française, où les changements de camp et les alliances contre nature sont légion. Verneuil et Audiard ne se contentent pas de montrer des personnages, ils nous plongent au cœur d'un système où la moralité est souvent reléguée au second plan. Les dialogues ciselés de Michel Audiard sont l’un des points forts du film, mêlant ironie mordante, intelligence et gravité. Chaque réplique résonne avec justesse, surtout dans la bouche de Gabin, dont la voix profonde donne du poids aux mots.

La photographie des institutions politiques, de l’Assemblée Nationale aux couloirs de Matignon, est particulièrement soignée. Verneuil parvient à capturer l'atmosphère feutrée et parfois oppressante des négociations politiques, loin des regards du grand public. Le film met en lumière les mécanismes de la République parlementaire, les tractations en coulisse, les discussions secrètes et les jeux de pouvoir qui se déroulent à huis clos.

Outre Gabin et Blier, tous les seconds rôles sont impeccables, contribuant à donner une grande crédibilité à l'univers du film. Chaque personnage, du secrétaire loyal au politicien rusé, enrichit l’intrigue et ajoute des couches de complexité au récit. Ces personnages secondaires, bien qu’étant parfois de simples pions dans un échiquier politique, sont essentiels pour illustrer la diversité des motivations et des comportements humains face au pouvoir.

Ce qui rend Le Président intemporel, c'est sa capacité à parler de la politique d'hier tout en restant incroyablement pertinent pour aujourd'hui. Les thématiques abordées – corruption, compromis, ambition – sont universelles, et le film résonne encore dans le contexte politique contemporain. Il offre une réflexion sur la nature du pouvoir, sur la manière dont les hommes politiques jonglent entre convictions et pragmatisme, entre fidélité et trahison. Verneuil, avec sa mise en scène sobre mais efficace, Audiard avec ses dialogues ciselés, et Simenon avec son histoire, offrent un film à la fois divertissant et stimulant, qui pousse à réfléchir sur les coulisses de la politique.

La scène du discours de Emile Beaufort à l’Assemblée Nationale et est un des grands moments du cinéma

NOTE : 15.30

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Ministres et parlementaires :

Gendarmes :

Journalistes :

Autres :

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