Vu le film Don't Look Up de Adam McKay (sur Netflix) (2021) avec Léonardo Di Caprio Jennifer Lawrence Meryl Street Timothée Chalamet Rob Morgan Jonah Hill Cate Blanchett Mark Rylance Tyler Perry Ron Perlman Matthew Perry Himesh Patel Gina Gershon Chris Evans , Ariana Grande et même Tomer Sisley
Le docteur Randall Mindy et sa doctorante Kate Dibiasky
sont astronomes. Leurs calculs montrent qu'une comète va
détruire la Terre dans
six mois. Confrontés au peu d’empressement de la présidente des États-Unis pour
la dévier de sa trajectoire, ils entreprennent une tournée médiatique afin
d’annoncer la fin du monde et de mobiliser le grand public. La comète large de
10 à 15 km, est baptisée du nom de sa découvreuse, Dibiasky. Une
fois que les autorités sont convaincues, une mission est envoyée pour dévier sa
trajectoire, mais de manière inexplicable, elle fait demi-tour
Plus qu'un simple film sur le déni cosmique, Don't
Look Up est une satire férocement hilarante et incroyablement lucide sur
l'absurdité de notre époque. Adam McKay, ancien du Saturday Night Live
et complice de longue date de Will Ferrell, prouve une fois de plus son génie
de l'absurde. Après The Big Short et Vice, il revient avec cette
comédie noire qui dynamite les codes du film catastrophe en y injectant une
dose massive d'humour corrosif et de réflexion sociale.
Si Don't Look Up est un "délire
cosmique", c'est parce qu'il pousse l'absurde jusqu'au bout, révélant que
le véritable non-sens réside dans notre société elle-même. La satire fonctionne
ici à plein régime : les politiciens cupides, les magnats de la tech déconnectés
du réel, les médias assoiffés de buzz... Tous sont des caricatures, certes,
mais des caricatures à peine exagérées de ce que nous voyons chaque jour. La
force du film réside dans cette galerie de personnages aussi hilarants
qu'effrayants, montrant à quel point l'absurdité peut naître du réalisme. McKay
et son casting cinq étoiles s'en donnent à cœur joie pour pousser la farce à
l'extrême, tout en maintenant une angoisse latente : celle d'un monde aveugle à
sa propre destruction.
Le casting est phénoménal, à commencer par Leonardo
DiCaprio qui, dans la peau d'un scientifique nerveux et maladroit, joue contre
son image habituelle. Exit le beau gosse héroïque : ici, il incarne un homme
ordinaire, dépassé par l'ampleur de la catastrophe et son incapacité à
convaincre un monde sourd. Une performance magistrale où il montre une nouvelle
facette de son talent. À ses côtés, Jennifer Lawrence campe une scientifique
cynique et désabusée, loin des codes sociaux. Son personnage, qui pète un plomb
aussi souvent qu'elle vomit face à l'absurdité ambiante, est à la fois touchant
et hilarant.
Meryl Streep, en présidente narcissique et populiste
(plus "pornocrate" que démocrate), livre une prestation aussi
flamboyante que glaçante. Son duo avec Jonah Hill, fils à maman abruti accro à
son smartphone, est un régal de cynisme. Cate Blanchett brille en présentatrice
télé cynique, jonglant entre façade souriante et mépris en coulisses. Timothée
Chalamet est déjanté en skateur nihiliste tout droit sorti d'un film de Gus Van
Sant, tandis que Mark Rylance, méconnaissable, campe un magnat de la tech à mi-chemin
entre Jeff Bezos et Bill Gates, obsédé par les algorithmes.
Le scénario joue habilement sur le contraste entre
l'urgence cosmique et la banalité des préoccupations humaines. McKay y ajoute
sa patte caractéristique : un humour trash et décomplexé qui égratigne tout le
monde, des élites politiques aux influenceurs narcissiques. Les dialogues
fusent, les situations sont aussi délirantes que réalistes, et la mise en scène
explosive alterne entre moments de pure absurdité et véritables coups de poing
émotionnels. On rit beaucoup, mais on en ressort aussi profondément ébranler.
Don't Look Up utilise l'humour pour aborder un
sujet grave : le déni climatique. Le choix de McKay d'aborder la fin du monde
par le rire est diaboliquement efficace. La comète n'est qu'un prétexte : le
vrai sujet, c'est notre indifférence collective face aux crises planétaires. La
satire prend ici tout son sens car elle dénonce avec une précision chirurgicale
l'aveuglement des puissants et l'apathie du grand public. Ce qui pourrait
n'être qu'une comédie absurde se révèle être une des réflexions les plus pertinentes
sur l'état du monde actuel.
Visuellement, le film ne déçoit pas. La photographie
oscille entre des scènes apocalyptiques grandioses et des moments de satire
plus intimes. Le montage nerveux, ponctué de flashes absurdes et de coupures
médiatiques délirantes, rappelle l'énergie frénétique de The Big Short.
Les deux scènes post-génériques sont à ne pas manquer : la première, hilarante
et provocante, boucle la satire de manière magistrale, tandis que la seconde
laisse un goût amer en rappelant que, même au bord du gouffre, l'humanité persiste
dans son absurdité.
Don't Look Up n'est pas seulement un film comique.
C'est une œuvre coup de poing, un miroir tendu à notre société qui préfère
détourner le regard plutôt que d'affronter la réalité. En mêlant satire féroce
et humour absurde, Adam McKay crée une expérience cinématographique unique qui
résonne longtemps après le générique de fin. Déjà culte, Don't Look Up
s'impose comme un des films les plus marquants de ces dernières années. Avec
ses images démentes, son casting phénoménal et son humour ravageur, il réussit
à faire ce que peu de films osent : faire rire tout en nous poussant à
réfléchir profondément sur notre monde.
Don't Look Up est bien plus qu'une comédie : c'est
un électrochoc nécessaire. Le rire devient ici un acte de résistance face à
l'absurdité du monde moderne. Adam McKay prouve une fois de plus qu'il est un
maître du genre, un génie de l'absurde, et surtout, un cinéaste engagé qui sait
utiliser l'humour pour nous ouvrir les yeux.
NOTE : 15.30
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation et scénario : Adam McKay
- Musique : Nicholas Britell
- Décors : Clayton Hartley
- Costumes : Susan Matheson
- Photographie : Linus Sandgren
- Montage : Hank Corwin
- Production : Adam McKay, Kevin Messick, Scott Stuber, Betsy Koch et Todd Schulman
- Société de production : Hyperobject Industries
- Société de distribution : Netflix
- Pays de production :
États-Unis
- Leonardo DiCaprio (VF : Damien Witecka) : Dr Randall Mindy, professeur d'astronomie à l'université d'État du Michigan
- Jennifer Lawrence (VF : Kelly Marot) : Kate Dibiasky, doctorante en astronomie dans la même université
- Rob Morgan (VF : Rody Benghezala) : Dr Teddy Oglethorpe, chef du Bureau de coordination de la défense planétaire
- Meryl Streep (VF : Frédérique Tirmont) : Janie Orlean, présidente des États-Unis
- Cate Blanchett (VF : Juliette Degenne) : Brie Evantee, co-présentatrice de l'émission The Daily Rip
- Jonah Hill (VF : Christophe Lemoine) : Jason Orlean, fils de la présidente et chef de cabinet de la Maison-Blanche
- Mark Rylance (VF : Éric Legrand) : Sir Peter Isherwell, créateur et PDG milliardaire de l'entreprise technologique Bash Cellular
- Tyler Perry (VF : Frantz Confiac) : Jack Bremmer, co-présentateur de l'émission The Daily Rip
- Timothée Chalamet (VF : Gauthier Battoue) : Yule, skater et gamer, petit-ami de Kate
- Ron Perlman (VF : Michel Vigné) : colonel Benedict Drask, astronaute et récipiendaire de la Médaille présidentielle de la Liberté
- Ariana Grande (VF : Chloé Renaud) : Riley Bina, chanteuse populaire et petite-amie de DJ Chello
- Kid Cudi (VF : Diouc Koma) : DJ Chello, musicien populaire et petit-ami de Riley Bina
- Himesh Patel (VF : Benoît DuPac) : Phillip, auteur et ex petit-ami de Kate
- Melanie Lynskey (VF : Pauline Brunel) : June Mindy, épouse de Randall
- Michael Chiklis (VF : Jean-Christophe Brétignière) : Dan Pawketty, présentateur de la chaîne conservatrice Patriot Network
- Tomer Sisley (VF : lui-même) : Adul Grelio, rédacteur en chef au New York Herald
- Paul Guilfoyle (VF : François Dunoyer) : le général Themes
- Chris Evans (VF : Franck Lorrain) : Devin Peters, acteur (caméo)
- Ross Partridge : Keith Ollens
- Edward Fletcher : Dr Ginnerson
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