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mercredi 15 avril 2015

L'ASTRAGALE DE BRIGITTE SY par Critique Chonchon

Une nuit d'avril 1957. Albertine (Leila Bekthi), 19 ans, saute du mur de la prison où elle purge une peine pour hold-up. Dans sa chute, elle se brise l'os du pied : L'astragale. Elle est secourue par Julien (Reda Kated), repris de justice, qui l'emmène et la cache chez une amie à Paris. Pendant qu'il mène sa vie de malfrat en province, elle réapprend à marcher dans la capitale. Julien est arrêté et emprisonné. Seule et recherchée par la police, elle se prostitue pour survivre et, de planque en planque, de rencontre en rencontre, lutte au prix de toutes les audaces pour sa fragile liberté et pour supporter la douloureuse absence de Julien.

Je vais éviter la litanie pleurnicharde qui consiste à écrire "le livre d'Albertine Sarrazin" est mieux, tant il est rare que l'on puisse retrouver dans un film tout ce qu'on a lu, vu, imaginé, projeté dans un livre. Ce serait selon moi stérile. Acceptons le propos et la vision de la cinéaste.

La réalisatrice Brigitte Sy, à qui devons le superbe "Vandal" (2013), mais aussi "Un mauvais père", "Une place sur terre", Chacun sa nuit" et récemment "La vie sauvage", a pros le parti de concentrer sr l'histoire d'amour naissante entre Albertine et Julien , de leur rencontre à leur première arrestation, dans un très beau noir et blanc, en nous évitant "le film d'époque" et une reconstitution trop scrupuleuse et tatillonne. C'est une très bonne idée, car cela "allège" le film, parvenant à l'extraire de sa temporalité stricte. L'amour n'est-il pas universel.

Outre le fait que Leila Bektho a 10 ans de plus que son personnage, ce qui peut lui ôter une certaine fougue et une rage propres à la jeunesse, il n'en demeure pas moins que c'est le plus beau rôle de la comédienne, et qu'elle s'en sort bien. Reda Kateb est parfait dans se mélange de douceur et de rage rentrée qui n'appartiennent qu'à lui. L'entendre dire, se rappelant son enfance, "je n'entendais que Martine, Isabelle, Nathalie ...." quand Albertine se rappelle "Samira, Djamila, Karima...." est un clin d'oeil délicieux.

Les seconds rôles sont très bien tenus, avec Jocelyne Desverchère en Nini, l'amie de Julien (et toujours amoureuse de lui) qui héberge Albertine ; India Hair formidable en Suzy, copine ex-taularde; Esther Garrel troublante en amante d'Albertine ; Brigitte Sy soi-même; dans une très courte, mais superbe apparition, Louis Garrel en photographe bohème sur les quais de Paris.

Le film, et je pense que c'est volontaire, est plus délicat que sulfureux. Un Paris oublié, la mise en scène d'un milieu de petites frappes, l'évocation de la Guerre d'Algérie, confèrent à la production, confèrent au film un contexte intéressant, mais jamais appuyé. Et c'est selon : on pourra regretter ce manque d'accroche à l'époque . Comme on pourra l'apprécier, parce qu'il permet la mise en avant de l'histoire d'amour.

Le film enchante par sa liberté de ton et de narration, il ne s'embarrasse pas de l'explication des actions et des sentiments : il les accueille, les condense, avant de les disperser au vent du récit. Comme si de rien n'était ... et le ton adopté, à la fois âpre et poétique, remue autant qu'il émeut.

Et puis il y a Reda Kated, Rien que pour lui.

Critique Chonchon 

L'Astragale de Brigitte Sy avec Lelia Bekhti, Reda Kated, Jocelyne Desverchère et Louis Garret

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