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lundi 17 novembre 2025

12.90 - MON AVIS SUR LE FILM PRISONNIERE DE VALENTIN VINCENT (2025)


 Vu le Film Prisonnière de Valentin Vincent (2025) avec Mélanie BernierFrançois-Dominique BlinOlivier Cabassut 

Une femme se réveille amnésique dans une voiture accidentée, piégée au coeur d’un carambolage dans un tunnel. Menacée par l’incendie imminent, elle doit fuir au plus vite. Sans souvenir de l’accident, de son identité ni de l’homme à ses côtés, elle lutte pour survivre tout en cherchant à comprendre qui elle est. 

Avec Prisonnière, Valentin Vincent réussit un petit tour de force très français… et pourtant inhabituel en France : un vrai film d’ambiance, resserré, tendu comme un câble électrique, sans fioritures inutiles et sans tomber dans la prétention conceptuelle. Ici, pas de surenchère, pas de dialogues tartinés, pas de psychologie de comptoir : le film avance avec une simplicité presque ascétique, et c’est précisément ce qui fait son efficacité. 

L’histoire te parle déjà : un tunnel, un énorme accident, un capharnaüm métallique où les voitures s’empilent, certaines déjà en flammes, d’autres prêtes à exploser comme du popcorn dramatique. Dans ce chaos rougeoyant, une femme se réveille bloquée au volant, coincée comme une sardine dans sa boîte, Melanie Bernier très juste, très physique, très présente, parce que tout repose presque sur elle. Elle ne sait pas qui elle est, elle ne sait pas ce qu’elle fait là, et encore moins qui est l’homme mort sur le siège passager. Et là, petit bonus explosif : une trousse d’insuline. Est-elle pour elle ? Pour lui ? Pour quelqu’un d’autre ? La tension grimpe, et pas seulement à cause de la chaleur des flammes. 

Le film utilise parfaitement son huis clos. Pas de fuite possible, pas de pirouettes scénaristiques, pas d’écran de fumée : tout se joue dans quelques mètres carrés. C’est ici que la mise en scène fonctionne si bien. Vincent filme cet espace réduit avec un sens du cadre et du rythme presque chirurgical. Pas de surdécoupage, pas de caméra épileptique façon “regardez comme je suis moderne”, mais un sens du suspens très pur, nourri par le silence, le bruit lointain des sirènes, la structure qui craque, la respiration de Bernier qui se dérègle. 
On ne pousse jamais le curseur au-delà du nécessaire, et c’est peut-être la plus grande qualité du film : il sait s’arrêter là où beaucoup auraient rajouté des couches de mayonnaise dramaturgique. 

Le scénario joue habilement avec la perte de mémoire, jamais comme un gadget, mais comme un moteur dramatique qui remet sans cesse en question ce qu’on voit. La trousse d’insuline introduit un doute bienvenu, presque hitchcockien : la femme est-elle victime, témoin, coupable, malade, complice, ou tout ça à la fois ? On se demande vraiment si c’est du lard ou du cochon, et la réponse, Vincent la laisse aussi trouble que la fumée du tunnel. Pas besoin de défoncer la porte pour surprendre le spectateur : il suffit de laisser planer un doute suffisamment dense pour qu’on respire avec elle, et qu’on doute avec elle. 

Melanie Bernier porte le film avec une sincérité qui empêche tout naufrage. Son mélange de fragilité, de panique contenue, mais aussi de volontarisme crée un personnage auquel on adhère immédiatement. Le reste du casting, plus en retrait par la nature même du cadre, est utilisé avec intelligence, comme des silhouettes inquiétantes ou compatissantes selon le moment – présence discrète mais efficace. 

On ne va pas dire que c’est le film du siècle, ni un chef-d’œuvre qui révolutionnera le cinéma mondial – et le film ne prétend jamais être plus que ce qu’il raconte. Et ça, déjà, ça change. Pas woke, pas poseur, pas gonflé d’artifice : juste un film tendu, propre, qui fait ce qu’il a à faire. 

 Un peu de suspens, un concept bien tenu, une actrice habitée, une mise en scène sobre et efficace : que demander de plus ? 

Un agréable rappel qu’en France, quand on veut bien se concentrer sur l’essentiel, on sait aussi faire des films d’ambiance qui tiennent la route. Et parfois, c’est dans un tunnel qu’on voit le mieux la lumière du cinéma. 

NOTE ; 12.90


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