Vu le film Guillaumme Tell de Nick Hamm (2024) avec Claes Bang Ben Kingsley Jonathan Price de Emily Beecham Golshifteh Farahani Rafe Spall Jonah Hauer King Eanna Hardwick Amar Chadha-Patel
À la fin du XIIIème siècle, le bailli Gessler, aux ordres des Habsbourg et du Saint Empire Romain Germanique, impose sa tyrannie aux habitants des cantons de Schwyz et Uri. Les paysans doivent payer de plus en plus d’impôts et subir les humiliations des gardes. Guillaume Tell va prendre la tête de la révolte et libérer le peuple du joug des oppresseurs.
Décidément, les grandes figures légendaires n’ont plus droit à la gloire des écrans de cinéma. Guillaume Tell, réalisé par Nick Hamm, en est un exemple criant : un film à l’ambition internationale, tourné avec des moyens réels, des paysages sublimes, un casting solide… et pourtant relégué directement en DTV, sans même passer par la case salles ni plateformes. Un sort injuste, mais peut-être révélateur du flou artistique entourant cette épopée.
Le film s’ouvre sur une Suisse médiévale stylisée, presque trop propre, où le héros, interprété par Claes Bang (toujours charismatique, malgré un scénario erratique), devient une figure quasi mystique : un croisé revenu des guerres d’Orient, hanté par la violence, cherchant la rédemption au milieu des montagnes. Il retrouve une patrie dominée par les Habsbourg et la tyrannie du bailli Gessler (Connor Swindells impeccable en despote narcissique). Jusque-là, on reste dans le canevas de la légende.
Mais Nick Hamm ne s’en tient pas à la tradition. Il revisite tout : Guillaume Tell n’est plus le simple archer rebelle qu’on connaît, mais une sorte de chevalier errant, philosophe et fatigué du monde. À ses côtés, une épouse perse (Golshifteh Farahani, magnétique mais anachronique) et un prêtre indien (Amar Chadhar Pateldans un rôle aussi improbable que sincère). Cette alliance symbolique des cultures veut célébrer l’universalité du combat contre l’oppression, mais l’ensemble frôle souvent la parabole forcée.
La fameuse scène de la pomme, emblème du mythe, reste heureusement intacte. Je craignais que la méthode wokisme sévisse et qu’on remplace la pomme par une poire — ouf, sauvé ! Mais autour de cette fidélité symbolique, tout le reste part un peu en roue libre : les dialogues modernes, les expressions anachroniques, les femmes harcelantes qui n’existent que pour faire valoir un propos contemporain, souvent trivial, brisent la cohérence de la reconstitution.
Visuellement pourtant, le film impressionne. Les montagnes suisses, captées en lumière naturelle, offrent un cadre majestueux. Les batailles, tournées avec soin, bénéficient d’une ampleur rare pour un film condamné au DTV. Le montage, nerveux mais lisible, et la musique de Steven Price donnent à certaines séquences une vraie dimension épique. On sent que Nick Hamm voulait faire un grand spectacle populaire, à la fois romantique et politique.
Mais à force de vouloir moderniser le mythe, il finit par le diluer. Guillaume Tell devient une abstraction morale plus qu’un personnage. Son fils, pourtant moteur de la légende, est relégué à l’arrière-plan. Les dialogues veulent philosopher sur la liberté, mais tombent souvent dans la platitude. Il manque ce feu, cette conviction qu’avaient les Robins des Bois de Curtiz ou de Scott : là où ces films vibraient de panache et d’humour, celui-ci se regarde avec intérêt, certes, mais sans passion.
Reste une honnêteté de mise en scène, un refus du cynisme, et quelques fulgurances visuelles. Claes Bang porte le film sur ses épaules, Golshifteh Farahani apporte une douceur guerrière, et Dominic Cooper amuse par son excès. Les seconds rôles, eux, semblent perdus dans cette fable mondialisée.
Au final, Guillaume Tell n’est pas une catastrophe, mais une curiosité : un film qui voulait réinventer la légende suisse à la manière d’un Gladiator de montagne, et qui finit en patchwork de bonnes intentions. Pour les standards hollywoodiens, c’est tout juste regardable ; pour les amoureux d’histoire, c’est une fantaisie un peu confuse. Mais malgré tout, on se laisse porter, non pas avec gourmandise, mais au moins avec intérêt. Et surtout — la pomme est restée une pomme. Pas de poire à l’horizon.
NOTE : 9.20
FICHE TECHNIQUE
| Directed by | Nick Hamm |
|---|---|
| Screenplay by | Nick Hamm |
| Based on | William Tell by Friedrich Schiller |
| Produced by |
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| Starring | |
| Cinematography | Jamie D. Ramsay |
| Edited by | Yan Miles |
| Music by | Steven Price |
Production companies |
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| Distributed by |
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- Claes Bang as William Tell, a fabled Crusader and Huntsman who led the Swiss in a rebellion against the Austrians
- Éanna Hardwicke as Young Tell
- Connor Swindells as Albrecht Gessler, an Austrian nobleman who was made Bailiff for Altendorf
- Golshifteh Farahani as Suna Tell, Tell's wife whom he met in Palestine during the Crusades
- Tobias Jowett as Walter Tell, William Tell's son
- Jonah Hauer-King as Rudenz, heir to the Swiss House of Attinghausen
- Ellie Bamber as Bertha, a half-Swiss Habsburg noblewoman who was a niece of King Albert I and Rudenz's love interest
- Rafe Spall as Werner Stauffacher, a friend and former comrade to William Tell who helps upstart the rebellion
- Emily Beecham as Gertrude Stauffacher, Werner's wife
- Jonathan Pryce as Attinghausen, Rudenz's elderly uncle and nobleman who is the Patriarch of his household
- Ben Kingsley as King Albert, tyrannical King of Austria
- Jess Douglas-Welsh as Queen Agnes, Albert's daughter who later becomes the ruler of Austria
- David Moorst as Leopold, Bertha's cousin
- Theo Hamm as Duke John, Bertha's cousin
- Amar Chadha-Patel as Furst, the priest of Altendorf
- Sam Keeley as Baumgarten, a Swiss farmer who became a fugitive after killing the tax collector
- Solly McLeod as Melchtal, a young farmer who joined the rebellion after the Austrians pillaged his village
- Colin Bennett as Melchtal's Father
- Billy Postlethwaite as The Wolfshot, a ruthless Austrian tax collector
- Jake Dunn as Stussi, Gessler's enforcer
- Aron von Andrian as Sergeant Heinrich, the commander of Gessler's personal guard
- Paul Bullion as Commander Armgard, the Austrian Commander in charge of the Habsburg forces in Switzerland
- Diarmaid Murtagh as Master Builder

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