Vu le film Dancing Queen de Aurora Langaas Gossé (2023) avec Liv Elvira Kippersud Anderson Vilijar Knutsen Bjaadal Sturla Harbitz Anne Marit Jacobsen Andrea Braein
Mina, douze ans, tombe amoureuse du célèbre danseur de hip-hop ED Win, qui s'installe dans sa ville. Bien que Mina ne sache pas du tout danser, elle décide d'auditionner pour faire partie d'un nouveau groupe de danse.
Dancing Queen, premier long-métrage d’Aurora Langaas Gossé, est une bouffée d’air scandinave, un film pétillant et bienveillant qui ravive les souvenirs de l’enfance, des complexes et des premiers élans de liberté. Sans jamais tomber dans la mièvrerie, la réalisatrice norvégienne signe une comédie douce et enlevée qui parle à tous les âges.
L’histoire suit Mina, une jeune fille de 12 ans un peu ronde, discrète, mal assurée, qui tombe amoureuse d’un garçon très populaire… et accessoirement leader d’un groupe de danse. Convaincue que c’est en dansant qu’elle pourra se rapprocher de lui, elle décide de rejoindre la troupe, sans avoir jamais dansé de sa vie. Ce point de départ classique devient rapidement un prétexte pour aborder avec justesse l’acceptation de soi, l’amitié, la pression sociale et le droit d’être différent.
Le charme du film réside d’abord dans son ton lumineux : pas de misérabilisme, pas de drame appuyé, pas de "leçon de vie" lourdingue. Aurora Gossé trouve un équilibre subtil entre légèreté et sincérité, en s’appuyant sur une mise en scène tonique, colorée, pleine d’énergie, qui épouse le regard et les émotions de Mina. On pense à Little Miss Sunshine bien sûr, pour cette manière d’aborder les vulnérabilités enfantines sans jamais s’en moquer. Mina, à l’instar d’Olive Hoover, est une héroïne anti-normée, pas “cool” mais follement attachante, et surtout : incroyablement humaine.
La jeune actrice Liv Elvira Kippersund Larsson, dans le rôle de Mina, est une vraie révélation. Elle porte le film avec une fraîcheur désarmante, entre maladresse, entêtement et grâce involontaire. Son jeu naturel évite tous les pièges du surjeu ou du "trop mignon", et donne une authenticité rare au personnage. À ses côtés, les seconds rôles sont tous bien dessinés : la meilleure amie un peu trop franche, la mère protectrice, les ados arrogants mais jamais totalement caricaturaux. Chaque figure est traitée avec une forme d’amour tranquille, comme si la réalisatrice refusait de juger quiconque.
Le scénario se tient sans grande surprise, mais c’est justement sa simplicité qui fait mouche. Le film suit un arc classique : rêve – obstacle – transformation – réussite ou acceptation. Mais à chaque étape, la sincérité l’emporte sur l’esbroufe. On rit souvent, on est touché parfois, on se reconnaît tout le temps. Mina devient le miroir de nos doutes adolescents, de nos regards dans le miroir, de nos efforts maladroits pour plaire, briller, ou simplement être acceptés.
Là où Dancing Queen se distingue vraiment, c’est dans sa gestion du rythme et du ton. Aucun temps mort, mais pas de précipitation non plus. Les scènes de danse ne sont pas des numéros de clip, mais de véritables moments de progression émotionnelle. La caméra épouse le corps de Mina, parfois avec distance, parfois dans une belle proximité chorégraphique. Le final, sans en dévoiler trop, évite les clichés de la victoire spectaculaire pour privilégier un accomplissement personnel bien plus fort.
Visuellement, le film est une réussite. Les couleurs acidulées, les décors nordiques simples mais chaleureux, les costumes parfois kitsch mais toujours signifiants… tout participe à créer un univers cohérent, entre réalisme doux et fantaisie enfantine. La musique, discrète mais bien choisie, accompagne ce voyage initiatique avec une légèreté communicative.
On pourrait dire que le film manque d’ambition formelle ou narrative, qu’il reste sur des rails trop balisés… mais ce serait oublier qu’il s’adresse d’abord à un public familial, et que sa mission première est de faire du bien sans infantiliser. À ce titre, il est parfaitement réussi. Ni naïf, ni cynique, Dancing Queen est un petit film qui a du cœur et de la grâce, sans prétendre révolutionner le genre.
Un dernier mot sur le message, jamais souligné au feutre fluo, mais bien présent : le corps, le regard des autres, la peur du ridicule, et surtout cette petite voix intérieure qui finit par dire : “tu es bien comme tu es”. Un message simple, mais précieux, qu’on soit enfant, ado, ou adulte.
NOTE : 8.90
DISTRIBUTION
- Molly Nutley as Dylan Pettersson
- Fredrik Quiñones as Victor
- Marie Göranzon as Margareta
- Mattias Nordkvist as Kenneth Petterson
- Claes Malmberg as Tommy La Diva
- Christopher Wollter as Micke Seth
- Emil Almén as Magnus
- Razmus Nyström as Sasha
- André Christenson as Joel
- Louie Indriana as Hassan

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