La chanteuse et actrice Marie Laforêt est morte samedi 2 novembre en Suisse, a annoncé sa famille aujourd'hui, à l'âge de 80 ans. De son vrai nom Maïtena Marie Brigitte Douménach, née le 5 octobre 1939, elle s'était retirée du métier il y a dix ans. Sa carrière est lancée quand elle remporte le concours "Naissance d'une étoile", organisé par Europe 1 en 1959.
Si son premier film, Liberté de Louis Malle, est abandonné, elle est prise pour le rôle féminin principal dans Plein soleil, le film mythique de Réné Clément, avec Alain Delon et Maurice Ronet. Il y a pires débuts même si elle en gardait un souvenir amer: "Alain Delon et Maurice Ronet étaient si prétentieux, si méprisants : deux trous du cul !" On ne reteindra que son personnage d'amante bronzée et peu vêtue. Magnétique.
tourner dans deux de ses films : La Fille aux yeux d'or (Lion d'Argent au Festival de Venise), qui va lui donner son surnom d'artiste, et Le Rat d'Amérique, avec Charles Aznavour.
Comédienne, sans réel plan de carrière, elle a navigué de la comédie burlesque au drame en costumes. Dans les années 1960, ses plus prolifiques, Marie Laforêt est ainsi aux génériques de films aussi différents que Le Rouge et le Noir de Pierre Cardinal, Leviathan (Grand Prix de la critique Festival de Venise) de Léonard Keigel, À cause, à cause d'une femme de Michel Deville, La Chasse à l'homme de Édouard Molinaro, Des filles pour l'armée de Valerio Zurlini, Marie-Chantal contre le docteur Kha de Claude Chabrol...
Après une décennie quasiment vide, consacrée à la chanson, elle revient en second-rôle à la fin des années 1970 grâce à Jean-Paul Belmondo, qui en fait l'une de ses partenaires fétiches. Elle se régale avec des personnages de bourgeoises bafouées, flirtant avec un langage vulgaire et un ton cassant. On l'a voit ainsi dans Flic ou voyou de Georges Lautner, Les Morfalous de Henri Verneuil (où elle se réjouit de voir son mari électrocuté en pissant, lâchant : "c'est la première fois que sa bite fait des étincelles") et Joyeuses Pâques de Georges Lautner, pas dupe des mensonges cocasses de son mari qui tente de la faire cocue avec une jeune femme (Sophie Marceau).
Ces succès populaires la conduisent naturellement vers des comédies françaises et oubliables. Pourtant, Marie Laforêt tourne aussi dans quelques films beaucoup plus marquants dans les années 1980: Le Pactole de Jean-Pierre Mocky, Tangos, l'exil de Gardel (Grand Prix Spéçial du Jury au Festival de Venise) de Fernando Ezequiel Solanas, et Fucking Fernand de Gérard Mordillat, où son personnage formidable de tenancière de maison close lui vaut sa seule nomination aux César.
La suite de sa filmographie sera plus inconsistante, la comédienne préférant alors le théâtre. On la croise dans Dis-moi oui de Alexandre Arcady, Tykho Moon de Enki Bilal, Héroïnes de Gérard Krawczyk et une dernière fois dans Les Bureaux de Dieu de Claire Simon en 2008.
Gracieuse, énigmatique, capable d'une franchise désarçonnante ou d'un humour graveleux, Marie Laforêt captait la lumière par une cinégénie naturelle, aidée par des yeux splendides qui ont fasciné au-delà des frontières. C'est d'ailleurs, avant tout, en tant que chanteuse qu'elle fut connue dans le monde. Dès le début des années 1960, Saint-Tropez Blues, enregistrée avec Jacques Higelin, puis Vendanges de l'amour et Viens sur la montagne, énormes tubes de l'époque la lancent. Elle fait de nombreuses reprises à succès, en plus de chanter quelques hits comme Frantz avec Guy Béart. Pionnière de la "world music" en France, avec des airs plus folks et métissés, puisant dans les rythmes brésiliens ou les mélodies slaves, elle se produit dans de grandes salles comme l'Olympia. Dans les années 1970, elle se réoriente vers des chansons plus commerciales et moins personnelles (Tant qu'il y aura des chevaux, Il a neigé sur Yesterday) avant de renoncer aux enregistrements lorsqu'elle s'installe en Suisse en 1977, pour "échapper à la surmédiatisation et pouvoir écrire des livres dans l'anonymat".
Elle ouvre une galerie d'art, pour laquelle elle exerce aussi la profession de commissaire-priseur. Elle écrit également: Contes et légendes de ma vie privée, Mes petites magies, livre de recettes pour devenir jeune, Panier de crabes : les vrais maîtres du monde, et, sous le pseudonyme de Erna Huili-Collins, elle participe à l'ouvrage collectif Correspondances intempestives : à la folie... pas du tout.
Marie Laforêt a aussi animée durant un été une émission sur RTL, "Cause toujours, tu m'intéresses". La comédienne a aussi brûlé les planches, notamment dans Le Partage de midi, de Paul Claudel, L'Écorce bleue de Marguerite Yourcenar, Le Vietnam de Marguerite Duras, Master Class de Terrence McNally, où elle incarne Maria Callas et pour laquelle elle fut nommée deux fois au Molière de la meilleure comédienne, La Presse est unanime de Laurent Ruquier. Sa dernière prestation fut récitante dans l'opéra de Simon Laks L'Hirondelle inattendue, à Marseille.
Mariée cinq fois, Marie Laforêt a eu trois enfants avec Judas Azuelos, dont la réalisatrice Lisa Azuelos, et avec Alain Kahn-Sriber. Elle avait confié avoir été une mère absente, compliqué, rappelant les paroles d'une de ses chansons: "Sans la tendresse, l'amour ne serait rien." Fréquentant des hommes d'affaires qui lui ont valu des articles de presse (people ou généraliste) sulfureux, elle était humble et snob, drôle et distante, sensuelle et intello. "Ma carrière est de bric et de broc mais ma vie est remplie du début à la fin" expliquait-elle en guise de résumé. Après tout, comme elle le disait: "Le bonheur est un métier, il s'apprend."
Source : Le Blog d'Ecran Noir
MON TOP 10 DE SES FILMS
Plei Soleil
La Fille aux Yeux d'Or
Flic ou Voyou
Marie-Chantal contre le Dr Kha
Joyeuses Pâques
Tangos
Les Morfalous
Le Pactole
Fucking Fernand
Le Petit Pooucet
FILMOGRAPHIE
- 1959 : Bonsoir Marie Laforêt court-métrage de Jean-Gabriel Albicocco pour la TV américaine faisant partie d'une série de courts-métrages sur différentes jeunes actrices de la Nouvelle-Vague
- 1960 : Plein Soleil de René Clément : Marge Duval
- 1961 : Saint-Tropez Blues de Marcel Moussy : Anne-Marie (avec Jacques Higelincomme partenaire)
- 1961 : La Fille aux yeux d'or (Lion d'Argent au Festival de Venise 1961) de Jean-Gabriel Albicocco : La fille
- 1961 : Les Amours célèbres, sketch Les comédiennes de Michel Boisrond : MlleGeorges
- 1961 : Le Rouge et le Noir (du roman de Stendhal) de Pierre Cardinal : Mathilde de La Mole
- 1962 : Los 4 golpes (les 4 coups) court-métrage (durée 4 min) inédit de et avec François Truffaut et Marie Laforêt (présenté par la Cinémathèque française en 2014)
- 1962 : Le Rat d'Amérique de Jean-Gabriel Albicocco : Maria
- 1962 : Leviathan (Grand Prix de la critique Festival de Venise) de Léonard Keigel : Angèle
- 1963 : Cherchez l'idole de Michel Boisrond
- 1963 : À cause, à cause d'une femme de Michel Deville : Agathe
- 1964 : La Chasse à l'homme de Édouard Molinaro : Gisèle
- 1965 : Cent briques et des tuiles de Pierre Grimblat : Ida
- 1965 : La redevance du fantôme (TV) (Prix Albert Ollivier 1966) de Robert Enrico : Miss Diamond
- 1965 : Des filles pour l'armée (Le Soldatesse) Prix spéçial d'Argent au Festival International du Film de Moscou 1965 - de Valerio Zurlini : Eftichia
- 1965 : Marie-Chantal contre le docteur Kha de Claude Chabrol : Marie-Chantal
- 1967 : Le Treizième Caprice de Roger Boussinot : Fanny
- 1967 : Jack of Diamonds de Don Taylor : Olga
- 1968 : Kean un roi de théâtre (TV) de Marcel Moussy: La Comtesse Elena de Koefeld
- 1970 : La Hobereaute (opéra parlé de Jacques Audiberti), mise en scène Georges Vitaly, en différé de l'Hôtel de Béthune-Sully dans le cadre du Festival du Marais, réalisation de captation de pièce de théâtre de Philippe Laïk : La Hobereaute
- 1972 : Le Petit Poucet de Michel Boisrond: la reine
- 1977 : Emmenez-moi au Ritz (TV) de Pierre Grimblat: apparition en tant que Marie Laforêt
- 1979 : Flic ou voyou de Georges Lautner: Edmonde Puget-Rostand
- 1982 : Les Diplômés du dernier rang de Christian Gion: Dominique
- 1982 : Que les gros salaires lèvent le doigt ! de Denys Granier-Deferre: Rose (non créditée au générique)
- 1984 : Les Morfalous de Henri Verneuil: Hélène Laroche-Fréon
- 1984 : Pauline ou l'écume de la mer (TV) de Patrick Bureau, d'après une pièce de Gabriel Arout : Pauline
- 1984 : Joyeuses Pâques de Georges Lautner: Sophie Margelle
- 1985 : Le Pactole de Jean-Pierre Mocky: Greta Rousselet
- 1985 : Tangos, l'exil de Gardel (Grand Prix Spéçial du Jury Festival de Venise 1985) de Fernando Ezequiel Solanas : Mariana
- 1987 : La Piovra 3 (TV) série en 4 épisodes de Luigi Perelli: Anna Antinari
- 1987 : Sale Destin de Sylvain Madigan : Marthe Marboni
- 1987 : Fucking Fernand de Gérard Mordillat: Lotte
- 1987 : Il est génial papy ! de Michel Drach: Louise
- 1988 : Le Loufiat (TV) de Annie Butler : Françoise May (la star)
- 1989 : La Folle journée ou Le mariage de Figaro de Roger Coggio: la comtesse
- 1989 : La Bugiarda (TV), deux épisodes, de Franco Giraldi : la Signora Elvira
- 1990 : L'Avaro de Tonino Cervi: comtesse Isabella Spinosi
- 1990 : Per una fredda mattina di maggio de Vittorio Sindoni : une journaliste politique
- 1990 : 4 Piccole donne (TV) série en 4 épisodes de Gianfranco Albano : la mère des quatre filles
- 1990 : Présumé dangereux de Georges Lautner: Théa
- 1991 : Cane sciolto 3 (L'affaire Rodani) (TV), deux épisodes, de Giorgio Capitani : Hélène
- 1992 : Tutti gli uomini di Sara de Gianpolo Tescari: la mère de Sara
- 1994 : Jeudi 12 (TV) de Patrick Vidal : la directrice de l'agence de publicité
- 1994 : A che punto è la notte ? (TV), deux épisodes, de Nanni Loy : la signora Chantal Guidi
- 1995 : Ainsi soient-elles de Patrick et Liza Alessandrin : la mère de Marie
- 1995 : Dis-moi oui de Alexandre Arcady : Mme Villiers
- 1996 : Chienne de vie (TV) de Bernard Uzan : Françoise (comédienne de théâtre)
- 1996 : Adrien Le Sage (TV) de Jacques Monnet : la comtesse de Pontigny
- 1996 : Tykho Moon de Enki Bilal: Éva
- 1997 : Héroïnes de Gérard Krawczyk: Sylvie
- 1997 : C'est la tangente que je préfère de Charlotte Silvera : Pétra, la vérité
- 1997 : La Durite (court-métrage 16 minutes) de Philippe J. Cotten
- 1997 : Desierto di fuoco (TV) de Enzo G. Castellari : Rama
- 1998 : Villa Vanille (TV), deux épisodes, de Jean Sagols : Pronia
- 2000 : Jeux pour mourir de Bruno Romy (court-métrage)
- 2001 : Le Syndrome de l'adhésif[réf. nécessaire]
- 2003 : Le Président et la Voyante - projet - non tourné
- 2008 : Les Bureaux de Dieu de Claire Simon
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