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jeudi 5 février 2015

A MORT L'ARBITRE DE JEAN PIERRE MOCKY

A mort l'arbitre de Jean Pierre Mocky avec Eddy Mitchell, Michel Serrault et Carole Laure.

Jean Pierre Mocky signe une oeuvre culte en brossant un portrait sans complaisance du monde du Football. Il nous montre des supporters, qui pour un simple penalty sifflé par l'arbitre, peuvent basculer dans une folie, surtout le meneur de la bande, incarné par Michel Serrault, qui commettra l'irréparable envers l'arbitre (Eddy Mitchell) et sa compagne Carole Laure.

De plus, Mocky nous montre la bêtise humaine, la veulerie et la peur de l'autre, incarnés par le personnage de Rico, un être ignoble et répugnant.


Cependant, l'effroi qui s'installe peu à peu à la vision de ce film vient autant de la veulerie des supporters que la caricaturale inefficacité des forces de police, qui semblent laisser le carnage se produire, et de l'insouciance du couple poursuivi. Par ailleurs , le propos du Film semble prémonitoire car un an après sa sortie survien le drame du Heysel.

Jean Pierre Mocky s'est donné le rôle de l'inspecteur Granwoski. Ce n'est pas la première fois qu'il se donne un rôle dans l'une de ses réalisations. Il signe une nouvelle collaboration avec Michel Serrault après Le Roi des Bricoleurs en 1977.

Le club des supporters de Rouen a fourni l'essentiel de la figuration.

Lors de sa sorti en salles , le film n'a pas rencontré le succès public espéré (359 972 spectateurs) mais reçu dans l'ensemble des critiques favorables. Il a fallu attendre un succès tardif à la télévision grâce à une diffusion dans le cadre des Dossiers de l'écran en 1989 avec 17 millions de spectateurs pour que le film devienne culte.


SYNOPSIS

A l'approche d'un match de football, un dispositif de police, dirigé par l'inspecteur Granowki, aidé par la jeune stagiaire Philippon, est mis en place pour éviter tout débordement. Les supporters des jaunes et noirs déchaînés et racistes, menés par Rico, le leader arrivent au stade. Le match commence bien, lorsque l'arbitre , Maurice Bruno siffle un penalty entraînant la défaite des "jaunes et noirs" entraînant ainsi une bagarre entre les supporters des deux camps, puis certains décident de faire une chasse à l'homme, vers celui qui pour eux est le vrai coupable ...... l'arbitre.

FICHE TECHNIQUE



Réalisation : Jean Pierre Mocky
Scénario : Jacques Dreux, Jean Pierre Mocky d'après le roman The Death Penalty de Alfred Draper
Photographie : Edmonn Richard
Musique : Alain Chamfort
Cascades : Daniel Vérité et Roland Neunreuther
Son : Luc Périni et Lucien Yvonnet
Décors : René Loubet
Costumes : Monique Tourret et Laurence Lévy
Maquillage : Catherine DEmesmeaker
Montage : Catherine Renault et Jean Pierre Mocky
Production : Daniel Deschamps, Maurice Illouz et Pierre Darçay
Durée : 82 Minutes
Sortie : 22 février 1984

DISTRIBUTION



MICHEL SERRAULT / RICO
EDDY MITCHELL / MAURICE BRUNO
CAROLE LAURE / MARTINE VANNIER
CLAUDE BROSSET / ALBERT
LAURENT MALET / TEDDY
JEAN PIERRE MOCKY / GRANOWKI
GERALDINE DANON / CATHY
SOPHIE MOYSE / PHILIPPON
NATHALIE COLAS / MALOI
DOMINIQUE ZARDI
JEAN ABEILLE
ANTOINE MAYOR
MICHEL STANO
GABY AGOSTON
HENRI ATTAL
JEAN MARIE BLANCE
JEAN PAUL BONNAIRE
CHRISTIAN CHAUVAUD
CATHERINE COURONNE
NATHALIE DAUCHEZ
MICHEL DEGAND
LUC DELHUMMEAU
PASCAL FEUILLARD
JEAN CLAUDE FORESTIER
MARJORIE GODIN
PATRICK GRANIER
OLIVIER HEMON
MAURICE ILLOUZ

ANECDOTE

Si Jean-Pierre Mocky ne s’intéresse pas au sport, il place régulièrement des publicités pour ses films dans le journal "L’Équipe". "Les vérifications me donnaient l’occasion de lire parfois ce quotidien. Ça m’ouvrait de singuliers horizons. Je me suis mis à m’intéresser au phénomène qui s’y reflétait : le monde des supporters." Au début des années 80, il tombe sur un roman de la Série Noire, À mort l’arbitre (The Death Penalty) dans lequel l’anglais Alfred Draper s’inspirait d’un authentique fait divers : le meurtre d’un arbitre par des spectateurs mécontents.Jean-Pierre Mocky en achète les droits et, comme Jean-Jacques Annaud avant lui pour Coup de tête, s’immerge dans le monde du football. "J’ai participé à des tas de matches, en banlieue et surtout en province. J’ai interrogé des dizaines et des dizaines de supporters. J’ai assisté à plein d’incidents dont je me suis servi pour élaborer le scénario final." Lequel, écrit avec Jacques Dreux, s’intitule alors Tous contre un.
Jean-Pierre Mocky décide de confier le rôle de Rico, le chef des supporters, à Michel Serrault qu’il a déjà dirigé dans Les Compagnons de la margueriteL’Ibis rougeou Le Roi des bricoleurs. "J’avais voulu que la haine que véhiculait ce type lâche et médiocre passe essentiellement par le regard et un rictus aux lèvres, raconte l’acteur. J’ai dû réussir mon coup, puisque pour bon nombre de gens, À mort l’arbitre est le film où je suis le plus terrifiant." Pour Jean-Pierre Mocky, l’arbitre et sa compagne (traqués après le match par une horde de forcenés) n’ont qu’un rôle "un peu secondaire, c’étaient des personnages prétextes". Leurs interprètes, Eddy Mitchell et Carole Laure, s’en sont d’ailleurs rendus compte sur le plateau. Alors que l’actrice canadienne demande au réalisateur quand sera tournée la scène, constamment repoussée, où elle sauve l’arbitre, elle reçoit cette réponse (relatée par Eddy Mitchell) : "Vous comprenez, Carole, moi j’ai plein de soucis. Regardez, Michel Serrault dans ce film a un rôle très méchant. C’est un film dramatique, et Michel Serrault , le public ne l’aime que quand il fait rire. Donc, les gens ne vont pas venir voir Serrault. Vous, Eddy Mitchell, vous êtes un bon comédien mais on ne sait pas si vous allez devenir une grande star de cinéma. Quant à vous, Carole, vous n’êtes rien du tout. Donc, les gens vont venir voir mon film ! Allez, au revoir !"
Obtenir la collaboration des clubs de football, au regard du sujet, n’est pas chose facile. "J’ai expliqué, longuement, que je ne faisais pas un film contre le sport. Je voulais traiter, dramatiquement, très vite, l’histoire de la colère folle d’un groupe de supporters. Je ne voulais pas vomir le football. J’ai cherché un stade où tourner le match fatal. C’était difficile. Les clubs avaient été échaudés par une précédente expérience avec la télévision : un téléfilm venait d’être projeté qui montrait un type abattant au fusil à lunette les silhouettes sur la pelouse et, ici ou là, des joueurs commençaient à recevoir des coups de fil de menaces."
C’est finalement au stade de Rouen, pendant le match contre Strasbourg, que Jean-Pierre Mocky pose ses caméras. Il n’a toutefois que l’autorisation de filmer des scènes de foule et entoure Eddy Mitchell et Michel Serrault de plus de deux cents figurants afin de les protéger. Les plans du match sont filmés plus tard. "Le casse-tête a été de trouver aux joueurs une couleur de maillot ne correspondant à aucune appartenant à un vrai club."
À mort l’arbitre, comme tous les films sur le sport, ne rencontrera pas un grand succès mais sera vu par 17 millions de téléspectateurs lors de sa diffusion dans le cadre des "Dossiers de l’écran" en 1989, après les drames du Heysel et de Sheffield.



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