Vu le film Civil War de Alex Garland (2024) avec Kirsten Dunst Cailee Spaeny Jesse Plemons Wagner Moura Sonoya Mizuno Stephen McKinley Henderson Nick Offerman
Aux États-Unis, une guerre civile a
éclaté entre le gouvernement devenu autoritaire et diverses factions
régionales, menés par les États de Californie et
du Texas,
devenus sécessionnistes. À Washington, le président, qui effectue un troisième
mandat, affirme à la télévision que la victoire est proche. Au même moment,
à Brooklyn,
la célèbre photographe de guerre Lee Smith sauve
la photo-journaliste en herbe Jessie d'un attentat suicide visant des civils
venus se réapprovisionner en eau.
Alex Garland, réalisateur de
l’excellent Ex Machina, revient avec Civil War, un film qui ne se
contente pas d’être un simple récit de guerre, mais qui plonge le spectateur au
cœur du chaos à travers le regard de reporters de guerre. Loin d’une fresque
guerrière traditionnelle, le film dresse un tableau saisissant d’un pays fracturé
où une dictature présidentielle a entraîné l’éclatement des États-Unis en
plusieurs factions armées. Le gouvernement fédéral, désormais dirigé par un
président autoritaire s’accrochant au pouvoir, fait face à une rébellion menée
par des forces indépendantistes du Texas et de la Californie, tandis que
d’autres groupes armés profitent du vide institutionnel pour imposer leur
propre loi.
Dans ce climat de guerre civile totale,
nous suivons un groupe de journalistes qui traversent un pays en ruine, tentant
de documenter les exactions des différentes factions. Leur objectif : atteindre
Washington D.C., où le président, retranché, s’apprête à livrer ses dernières
batailles. Mais sur la route, le danger est omniprésent. Les journalistes sont
confrontés à des scènes de violence extrême, des exécutions sommaires, des
massacres de civils et une population terrorisée, prise en étau entre les factions
en guerre.
Contrairement aux films de guerre
classiques, Civil War mise avant tout sur la puissance des images et la
mise en scène, parfois contemplative, parfois suffocante. Garland s’attarde sur
des plans saisissants – des villes en ruine, des charniers, des colonnes de
réfugiés – et dépeint un monde où la loi et l’humanité semblent avoir disparu.
Si certaines séquences évoquent l’esthétique des jeux vidéo modernes, notamment
dans l’intensité des fusillades, c’est dans le quotidien des reporters que le
film trouve sa véritable force. Kirsten Dunst livre une performance remarquable
en photojournaliste aguerrie, marquée par les conflits passés et rongée par une
fatigue existentielle. Jesse Plemons, quant à lui, campe un personnage
terrifiant qui incarne la brutalité et l’absurdité de la guerre.
Ce qui rend Civil War encore
plus percutant, c’est la résonance troublante qu’il entretient avec l’actualité
mondiale. Dans un contexte où la montée des régimes autoritaires, la
polarisation politique extrême et l’instabilité sociale sont devenues des
préoccupations majeures, le film agit comme une mise en garde. Si l’Amérique de
Garland est une dystopie, elle trouve des échos dans la réalité, qu’il s’agisse
des tensions aux États-Unis, des conflits en Ukraine ou au Moyen-Orient, ou
encore de la montée des milices armées dans plusieurs pays.
Garland signe ici un film hybride,
entre réflexion politique et expérience sensorielle, où le non-spectacle
devient le véritable propos. Un film qui interroge autant qu’il fascine,
laissant le spectateur face à l’inexorable absurdité des conflits modernes.
NOTE : 15.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation et scénario : Alex Garland
- Musique : Geoff Barrow et Ben Salisbury
- Direction artistique : Mark Dillon, Jason Vigdor et Devita Walker
- Décors : Caty Maxey
- Costumes : Meghan Kasperlik
- Photographie : Rob Hardy
- Son : Glenn Freemantle
- Montage : Jake Roberts
- Production : Gregory Goodman, Andrew Macdonald et Allon Reich
- Société de production : DNA Films
- Sociétés de distribution : A24 (États-Unis) et Entertainment Film Distributors (Royaume-Uni) ; Entract Films (Québec), Just Entertainment (Belgique) et Metropolitan Filmexport (France)
- Budget : 50 millions de dollars
- Kirsten Dunst (VF : Marie-Eugénie Maréchal ; VQ : Aline Pinsonneault) : Lee Smith
- Wagner Moura (VF : Eilias Changuel ; VQ : Adrien Bletton) : Joel
- Cailee Spaeny (VF : Leslie Lipkins ; VQ : Elisabeth Gauthier Pelletier) : Jessie Cullen
- Stephen McKinley Henderson (VF : Thierry Desroses ; VQ : Manuel Tadros) : Sammy
- Sonoya Mizuno (VF : Emma Santini ; VQ : Inès Defossé) : Anya
- Nick Offerman (VF : Bernard Métraux ; VQ : Antoine Durand) : le président des États-Unis
- Jesse Plemons (VF : Olivier Benard ; VQ : Martin Watier) : le milicien nationaliste qui s'occupe du charnier (non crédité)
- Jefferson White (en) (VF : Frédéric Philippe) : Dave, le caméraman d'Anya
- Nelson Lee (VF : Alexandre Nguyen ; VQ : Philippe Martin) : Tony
- Evan Lai : Bohai
- Karl Glusman (VF : Igor Chometowski) : un observateur
- Jin Ha (en) : un sniper
- Jonica T. Gibbs (VF : Coumba Baradji ; VQ : Naïla Louidort) : une sergente de l'Armée de l'Ouest
- Juani Feliz (en) (VF : Corinne Wellong) : Joy Butler
- Edmund Donovan (en) (VF : Jérémie Bédrune ; VQ : Xavier Dolan) : Eddie
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