Vu le film L’Arnaque de George Roy Hill (1973) avec Paul Newman Robert Redford Eileen Brennan Charles Durning Robert Earl Jones Robert Shaw Charles Dierkop Dimitra Arliss Harold Gould Dana Elcar Ray Walston
Une bande de trois petits arnaqueurs dépouillent par
hasard le convoyeur de fonds d'un des caids de la pègre de New York,
Doyle Lonnegan. Celui-ci cherche à se venger et tue Luther, un des arnaqueurs.
Avant de se faire assassiner, Luther remet à Johnny Hooker une carte de visite,
celui d'un ancien grand faisandier, Henry Gondorff. Johnny se
rend donc à Chicago pour rencontrer Henry. Les deux
complices cherchent à monter une arnaque pour se venger de la mort de leur
camarade. Ils ferrent le pigeon en trichant à une partie de poker et donnent le
coup de grâce avec l'arnaque du faux bookmaker et
des courses de chevaux.
L’Arnaque (“The Sting” en version originale),
sorti en 1973 aux États-Unis et l’année suivante en France, est une véritable
perle du cinéma. Ayant remporté 7 Oscars, dont ceux du meilleur film et du
meilleur réalisateur, il s’impose comme une œuvre magistrale où l’intelligence
du scénario et la virtuosité de la mise en scène se rencontrent à chaque
instant.
Dès les premières minutes, on entre dans un univers
fascinant, où Robert Redford incarne Hooker, un petit escroc au charme
ravageur. Aidé de son complice Luther Coleman, il réalise une première arnaque
délicieuse qui donne le ton au film. Cette scène initiale accroche
immédiatement le spectateur et prépare le terrain à une intrigue où chaque
détail compte.
L’entrée en scène de Gondorff (joué par Paul Newman),
mentor de Hooker, ajoute une nouvelle dimension au récit. Le principe de
manipulation atteint alors un niveau fascinant, chaque élément du plan
d’arnaque étant d’une précision diabolique. Ce qui rend L’Arnaque si
captivant, c’est cette habileté à jouer constamment avec les attentes du
spectateur : on se demande à chaque instant quel nouveau tour de passe-passe va
être révélé.
L’arnaque des coursives est l’un des moments les plus
marquants du film. Son implication diabolique, où chaque participant semble
connaître son rôle à la perfection, renforce la tension et la complexité du
plan. Cette scène constitue un véritable modèle de mise en scène où la
manipulation atteint son paroxysme.
Les personnages secondaires, qui viennent s’ajouter au
fur et à mesure, sont tous remarquablement campés et contribuent à l’atmosphère
unique du film. Charles Durning, dans le rôle du policier corrompu Snyder, et
Eileen Brennan, en tenancière d’un bar au charisme certain, livrent des
performances inoubliables, ajoutant encore plus de richesse au casting. Robert
Shaw, dans le rôle du redoutable Doyle Lonnegan, livre une interprétation
magistrale en méchant impitoyable, digne des meilleurs antagonistes du cinéma
policier de l'époque. Il est intéressant de noter que L’Arnaque
s’inscrit dans la lignée des grands films policiers des années 1970, comme Serpico
de Sidney Lumet, sorti la même année.
Les costumes, créés par Edith Head, sont un autre point
fort du film. Leur élégance et leur authenticité plongent le spectateur dans
l’Amérique des années 1930. Ce travail remarquable valut à Edith Head son
dernier Oscar, couronnant une carrière exceptionnelle.
La musique de Scott Joplin, arrangée par Marvin Hamlisch,
est un autre élément emblématique de l’œuvre. Les morceaux enjoués de ragtime,
à commencer par « The Entertainer », insufflent une légèreté jubilatoire à
l’ensemble, contrastant avec la tension des situations. Cette bande-son,
aujourd’hui encore reconnaissable entre mille, accompagne à merveille les
différentes étapes de l’arnaque et contribue à faire de chaque scène un petit
tableau en soi.
Parmi les moments les plus marquants, impossible de ne
pas mentionner la fameuse partie de poker sur le train, où Gondorff ridiculise
Lonnegan avec une subtilité et une audace incroyables. Cette scène est devenue
mythique, tant pour la tension qu’elle génère que pour l’ingéniosité dont fait
preuve le personnage de Newman.
La complicité entre Robert Redford et Paul Newman, qui
avait déjé ébloui le public dans Butch Cassidy et le Kid, transpire à
nouveau sur l’écran. Leur alchimie naturelle donne une profondeur
supplémentaire à leurs personnages et contribue grandement au charme de
l’ensemble.
Aujourd’hui encore, revoir L’Arnaque procure un
immense plaisir. Bien que connaissant chaque scène par cœur, on continue de
découvrir de nouveaux détails et d’être impressionné par la maîtrise narrative
et visuelle de George Roy Hill. C’est un film où tout est logique, où chaque
élément trouve sa place dans un ensemble parfaitement orchestré.
L’Arnaque
est un chef-d’œuvre intemporel, une œuvre jubilatoire qui, plus de cinquante
ans après sa sortie, continue d’éblouir par son intelligence, son humour et son
élégance.
NOTE ; 18.20
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : George Roy Hill
- Scénario : David S. Ward
- Musique : Marvin Hamlisch, d'après des ragtimes de Scott Joplin
- Direction artistique : Henry Bumstead
- Décors : James W. Payne
- Costumes : Edith Head
- Photographie : Robert Surtees
- Ingénieurs du son : Robert Bertrand et Ronald Pierce
- Effets spéciaux : Albert Whitlock (en)
- Montage : William Reynolds
- Artwork des génériques : Jaroslav Gebr
- Producteurs : Tony Bill, Michael Phillips, Julia Phillips, Richard D. Zanuck, David Brown et Robert L. Crawford
- Société de production : Universal Pictures
- Société de distribution : Universal Pictures
- Budget: 7 500 000 USD (estimation)
- Paul Newman (VF : Jean-Claude Michel) : Henry Gondorff
- Robert Redford (VF : Bernard Murat) : Johnny Hooker (Crocheteur en VF)
- Robert Shaw (VF : André Valmy) : Doyle Lonnegan
- Charles Durning (VF : Albert Augier) : lieutenant Snyder
- Ray Walston (VF : Jacques Marin) : J. J. Singleton
- Eileen Brennan (VF : Paule Emanuele) : Billie
- Harold Gould (VF : René Bériard) : Kid Twist
- John Heffernan (en) (VF : André Falcon) : Eddie Niles
- Dana Elcar (VF : Pierre Leproux) : l'agent Polk
- Dimitra Arliss (VF : Arlette Thomas) : Loretta Salino
- Jack Kehoe : Erie Kid
- Robert Earl Jones (VF : Bachir Touré) : Luther Coleman
- Charles Dierkop (VF : Georges Aubert) : Floyd
- James Sloyan (VF : Jacques Richard) : Mottola
- Arch Johnson : Combs
- Ed Bakey (en) (VF : Georges Atlas) : Granger
- Brad Sullivan : Cole
- John Quade (VF : Jacques Ferrière) : Riley
- Jack Collins (en) (VF : Jacques Dynam) : Duke « Douky » Boudreau
- Avon Long : Benny Garfield
- Paulene Myers : Alva Coleman
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