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mercredi 29 janvier 2025

16.30 - MON AVIS SUR LE FILM LA CHATTE SUR UN TOIT BRULANT DE RICHARD BROOKS (1958)


 Vu le film La Chatte sur un Toit Brulant de Richard Brooks (1958) avec Paul Newman Elizabeth Taylor Burl Ives Madeleine Sherwood Jack Carson Judith Anderson Vaughn Taylor Larry Gates Vince Townsend Jr Kevin Corcoran

Dans une villa du sud des États-Unis, la famille se réunit pour fêter l'anniversaire du patriarche malade, Big Daddy.

Maggie et Brick forment un couple en pleine crise : Brick est déprimé par le suicide de son meilleur ami et se réfugie dans l'alcool. Maggie est frustrée car son époux ne veut plus accomplir son devoir conjugal. Brick la considère comme responsable de la mort de son ami, Skipper. Big Mama reproche à Maggie de ne pas avoir d'enfant. Maggie, comme Gooper, le frère de Brick, et son épouse (Mae) sont en fait venus pour tenter de s'approprier la majeure partie de l'héritage du père dont ils savent la fin prochaine.

Richard Brooks offre avec La Chatte sur un Toit Brûlant (1958) une adaptation marquante, bien que prudente, de la célèbre pièce de Tennessee Williams. Malgré les compromis imposés par la censure de l’époque, le film réussit à conserver une bonne part de la complexité psychologique et émotionnelle qui caractérise l’œuvre originale, tout en amplifiant les conflits familiaux pour en faire une expérience cinématographique d’une intensité remarquable.

Le rôle de Brick, interprété par un Paul Newman magnétique, aurait été un terrain de jeu idéal pour James Dean, tant le personnage semble hanté par un mal-être qui aurait trouvé écho dans sa propre vulnérabilité. Cependant, Newman insuffle à Brick une profondeur troublante, incarnant à la perfection un homme brisé, rongé par l’alcool, par un sentiment de culpabilité inexprimé et par une colère sourde envers son entourage. Sa fragilité contraste puissamment avec le caractère flamboyant de Maggie, incarnée par une Elizabeth Taylor au sommet de son art. Sensuelle, déterminée et désespérément amoureuse, elle illumine l’écran et donne au film une intensité charnelle qui transcende le cadre rigide des conventions hollywoodiennes de l’époque.

Le film se distingue également par la place accordée au personnage du père, Big Daddy, interprété avec une force brute par Burl Ives. Sa relation conflictuelle avec Brick est l’un des pivots émotionnels de l’histoire, exacerbant les tensions familiales et les non-dits. Bien que la pièce suggère plus explicitement l’homosexualité refoulée de Brick et son lien avec le suicide de son ami Skipper, le film reste plus ambigu, mais cette omission apparente n’amoindrit pas la charge émotionnelle des confrontations père-fils. Big Daddy, avec son mélange d’autorité tyrannique et de vulnérabilité face à sa propre mortalité, offre des scènes d’une puissance rare, notamment lorsque les vérités enfouies commencent à émerger.

La réalisation de Brooks, bien qu’épurée, capte parfaitement le huis clos oppressant de cette plantation du Sud, où chaque pièce semble contenir des tensions prêtes à exploser. La caméra s’attarde sur les regards, les silences et les mouvements nerveux des personnages, traduisant des émotions que les dialogues ne peuvent parfois qu’esquisser. La photographie élégante en Technicolor ajoute une chaleur presque étouffante, renforçant l’impression d’un monde au bord de l’implosion.

Si on peut regretter les libertés prises avec la pièce originale, il est indéniable que La Chatte sur un Toit Brûlant réussit à transmettre une grande partie de sa charge émotionnelle et de ses thèmes majeurs : la frustration sexuelle, les liens toxiques de la famille, et l’impossibilité de réconcilier les attentes sociales avec la vérité intérieure des personnages. La performance du trio Newman-Taylor-Ives est tout simplement magistrale, chacun apportant une nuance particulière à son rôle, et contribuant à la densité dramatique de l’ensemble.

Ce drame fiévreux, où l’amour, la haine et le désir s’entremêlent dans une lutte constante, reste une œuvre incontournable, à la fois miroir des contraintes de son époque et témoignage intemporel de la profondeur du génie de Tennessee Williams.

NOTE ; 16.30

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