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mercredi 29 janvier 2025

11.30 - MON AVIS SUR LE FILM FARIO DE LUCIE PROST (2024)


 Avis sur le film Fario de Lucie Prost (2024) avec Finnegan Oldfield Megan Northam Florence Loiret Caille Andranic Manet Olivia Côte Camille Rutherford Léna Laurent Marie Victoria Dragus Maxence Tual et Idir Chender

Léo, jeune ingénieur brillant et fêtard qui vit à Berlin, doit rentrer dans son village du Doubs pour vendre les terrains agricoles de son père à une entreprise de forage de métaux rares. Il retrouve sa mère, sa petite sœur, ses copains et son cousin, en désaccord avec le projet de mine.

Avec Fario, Lucie Prost livre une œuvre qui semble vouloir explorer de multiples thématiques mais s’égare dans ses intentions. Le film suit Léo, interprété par Finnegan Oldfield, un biologiste revenu dans son village natal pour enquêter sur la pollution d’une rivière où les truites, les fameuses « farios », meurent mystérieusement. Si cette intrigue de surface avait le potentiel de tisser un récit écologique et intimiste, le résultat final apparaît confus, avec des personnages et des arcs narratifs qui peinent à trouver leur profondeur.

Léo, figure centrale du film, est un homme en proie à des contradictions personnelles. Finnegan Oldfield, toujours impeccable, parvient à donner de la nuance à ce personnage pourtant mal écrit. On sent chez Léo une tension intérieure liée à son retour au bercail, où ses relations familiales et sociales le confrontent à des blessures non refermées. Cependant, la caractérisation du personnage reste floue : est-il là pour se racheter auprès de sa communauté ou pour fuir quelque chose d’autre ? La réponse, jamais vraiment abordée, contribue à l’impression d’incomplétude du film.

Les relations familiales de Léo, notamment avec son cousin Augustin (très bon Andranic Manet), forment un des fils rouges du récit. Augustin, jeune homme sensible et complexe, est un des rares points d’ancrage émotionnels du film, porté par une prestation juste et délicate de Manet. Cependant, l’exploration de son homosexualité, et surtout de l’homophobie latente de Léo, est traitée de manière trop superficielle. On frôle des thématiques intéressantes, mais elles ne sont jamais pleinement développées. Cette dynamique fraternelle, pourtant riche en potentiel, aurait mérité d’être approfondie pour donner au film un véritable cœur émotionnel.

Sur le plan écologique, le sujet de la pollution de la rivière est un autre élément clé, mais il est abordé de manière presque anecdotique. Ce qui aurait pu être une réflexion captivante sur l’impact environnemental et les tensions entre modernité et traditions rurales se réduit à une toile de fond à peine exploitée. La rivière, qui devrait être un symbole fort, reste un décor accessoire, sans réelle portée narrative ou métaphorique.

Le mélange de tout cela – homosexualité, pollution, sorties nocturne et retours énigmatiques de Léo, et son manque de conviction dans son rôle de biologiste – donne une œuvre où les intentions s’entremêlent sans jamais converger. La mise en scène elle-même semble hésiter entre réalisme naturaliste et envolées presque fantasmagoriques, notamment lors des sorties nocturnes de Léo. Ces scènes intrigantes, bien que visuellement intéressantes, manquent d’un ancrage narratif qui leur donnerait du sens.

Malgré tout, le film n’est pas dénué de qualités. Le casting est solide : Finnegan Oldfield, même dans un rôle mal exploité, insuffle une certaine gravité à son personnage. Quant à Andranic Manet, il brille par une subtilité qui rappelle ses performances dans Les Gens bien ordinaires. Visuellement, Lucie Prost démontre une sensibilité pour les paysages et les atmosphères rurales, avec des plans qui capturent la beauté et l’austérité des lieux. Mais ces atouts formels ne suffisent pas à rattraper un scénario qui s’éparpille.

Fario est un film ambitieux dans ses thèmes mais qui souffre d’un manque de direction claire. À force de vouloir dire trop de choses, Lucie Prost ne parvient pas à approfondir ses sujets, laissant une impression de superficialité. Dommage, car avec un tel casting et un décor si évocateur, le film avait tout pour plonger dans des eaux plus profondes. Un rendez-vous manqué, mais pas sans quelques éclats de talent.

NOTE : 11.30

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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