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vendredi 10 janvier 2025

14.20 - MON AVIS SUR LE FILM PAS DE LAURIERS POUR LES TUEURS DE MARK ROBSON (1963)


 Vu le film Pas de Lauriers pour les Tueurs de Mark Robson (1963) avec Paul Newman Edward G.Robinson Elke Somme Diane Baker Jacqueline Beer Leo G .Carroll Virginia Christine Micheline Presle Karl Swenson Gérard Oury Sacha Pitoef

Andrew Craig, écrivain alcoolique et tombeur de ces dames, se rend à Stockholm où doit lui être remis le Prix Nobel de littérature. Là, il côtoie entre autres le lauréat du Prix Nobel de Chimie, le Dr Stratman, un scientifique allemand. Le comportement de celui-ci devenant de plus en plus étrange, Craig le soupçonne d'être un imposteur.

Pas de lauriers pour les tueurs (The Prize), réalisé par Mark Robson en 1963, s’inscrit dans la veine des thrillers d’espionnage sophistiqués et élégants, teintés d’une ironie mordante. Dès son titre à la consonance « Jean Bruce », on sent l’hommage aux récits d’espionnage classiques, où les héros sont à la fois cyniques et désinvoltes, et où le danger surgit dans les lieux les plus feutrés. Si Robson est davantage connu pour ses films catastrophes (Tremblement de Terre), il s’essaie ici avec succès à un exercice plus subtil, convoquant les codes du suspense hitchcockien.

Le film repose en grande partie sur le charisme et l’humour de son protagoniste, Andrew Craig, interprété par Paul Newman. Écrivain américain désabusé, plus intéressé par les plaisirs de la vie que par les honneurs intellectuels, Craig se retrouve plongé bien malgré lui dans une intrigue rocambolesque lors de la cérémonie annuelle des Prix Nobel à Stockholm. Ce cadre singulier, rarement utilisé au cinéma, confère au film une atmosphère particulière : sous les ors des salons et les apparences respectables des savants réunis pour l’occasion, se cachent des enjeux géopolitiques de haute voltige et une menace permanente.

Le scénario, à la fois dense et rythmé, s’appuie sur des éléments classiques du thriller d’espionnage : complots internationaux, meurtres déguisés en accidents, doubles jeux et manipulations. Si l’intrigue rappelle par moments les grandes œuvres d’Alfred Hitchcock, notamment La Mort aux trousses, elle s’en distingue par un ton plus léger, presque satirique. Mark Robson maîtrise ici parfaitement l’art de maintenir une tension constante tout en distillant un humour caustique, porté par les dialogues ciselés et le jeu subtil de Newman.

La mise en scène, sans être révolutionnaire, est efficace : Robson fait monter la pression progressivement, alternant scènes de dialogues tendus et moments d’action bien dosés. Les décors sont particulièrement soignés, donnant au film un cadre visuel raffiné, en accord avec l’élite scientifique qu’il dépeint. L’utilisation des lieux emblématiques de Stockholm apporte une touche d’exotisme discret et renforce l’immersion dans cet univers feutré où se trame une sombre conspiration.

Parmi les points forts du film, on notera également la présence d’acteurs français dans des rôles secondaires mais marquants. Michèle Presle incarne une femme élégante et mystérieuse, tandis que Sacha Pitoëff, avec son physique inquiétant et son jeu tout en retenue, apporte une touche d’angoisse palpable. Quant à Gérard Oury, il surprend par son rôle à contre-emploi dans cette production internationale. Ce casting cosmopolite donne une saveur particulière au film, reflet d’une époque où Hollywood s’ouvrait de plus en plus aux talents européens.

Si Pas de lauriers pour les tueurs n’atteint pas la virtuosité des meilleurs thrillers hitchcockiens, il n’en demeure pas moins un divertissement de grande qualité, porté par une intrigue captivante, une atmosphère élégante et des performances d’acteurs remarquables. La juxtaposition du sérieux de la recherche scientifique et de l’absurdité des situations dans lesquelles se retrouve Craig crée un décalage savoureux, renforcé par le ton désinvolte de Paul Newman, parfait dans ce rôle d’intellectuel anti-héros.

Mark Robson livre ici un film d’espionnage plaisant et bien ficelé, où l’élégance du cadre le dispute à l’efficacité du suspense. Si vous appréciez les intrigues à tiroirs, les complots feutrés et les héros charismatiques, Pas de lauriers pour les tueurs mérite assurément d’être redécouvert. Un thriller intelligent et stylé, à la croisée d’un scénario hitchcockien et d’un roman d’espionnage à la française.

NOTE :14.20

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