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jeudi 25 décembre 2025

7.90 - MON AVIS SUR LE FILM BEAUMARACHAIS L'INSOLENT DE EDOUARD MOLINARO (1996)

 


Vu le Film Beaumarchais l’Insolent de Edouard Molinaro (1996) avec Fabrice Luchini Manuel Blanc Michel Piccoli Sandrine Kiberlain Michel Aumont Jean François Balmer Jean Claude Brialy José Garcia Patrick BouchiteJudith Godreche Alain Chabat 

1773 : le xviiie siècle peaufine son dernier acte. Louis XV s'apprête à quitter la scène, et en coulisses, déjà, Louis XVI se prépare. C'est le temps des grandes idées, et des mauvais sujets. Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, fils d'horloger, horloger lui-même, trouvait avec Voltaire que les pendules de son temps retardaient dangereusement. Il allait s'employer à les remettre à l'heure. 

Il y a des associations qui interrogent, et même qui inquiètent. 
Édouard Molinaro, réalisateur de La Cage aux FollesHibernatus ou L’Emmerdeur, s’attaquant à Beaumarchais et au Siècle des Lumières : sur le papier, le mariage paraît déjà fragile. À l’écran, le doute se confirme. 

Pourtant, le matériau est en or. 
Beaumarchais, fils d’horloger, horloger lui-même comme son futur roi Louis XVI, homme d’affaires, écrivain, pamphlétaire, espion, intrigant, esprit libre et langue assassine. Un personnage romanesque par excellence, virevoltant autant dans les salons que dans les coulisses du pouvoir, maniant la répartie comme une arme de destruction sociale. 

Molinaro a même un texte de Sacha Guitry à adapter : autrement dit, de la dynamite dialoguée prête à exploser. Mais voilà, cette dynamite reste souvent humide. Le film est brouillon, chargé, trop plein d’événements, trop pressé de tout dire, et finit par ne rien creuser vraiment. 

La mise en scène est propre, élégante, presque trop. 
Tout est à sa place, rien ne dépasse. Comme ces maisons parfaitement rangées où l’on n’ose pas poser le pied de peur de déranger. Il manque l’étincelle, le grain de folie, l’insolence promise par le titre. 

Le principal problème reste Fabrice Luchini. 
Ou plutôt : Luchini jouant Luchini. 
On ne regarde pas un film sur Beaumarchais, on assiste à un récital de verbiage luchinien. Quand il n’y a rien à dire, ça passe. Quand il faut incarner un monument historique, ça ne passe plus. Le personnage disparaît sous la logorrhée, l’acteur prend toute la place et laisse peu d’espace à l’homme. 

Heureusement, Manuel Blanc apporte une vraie respiration. 
Sexy, habité, précis, son Paul-Philippe Gudin de La Brenellerie — futur historien de Beaumarchais — apporte chair, regard et distance. Il observe là où Luchini déclame. Il incarne là où le film s’agite. 

Le scénario saute trop vite d’un talent à l’autre, d’une intrigue à une autre, d’un événement historique au suivant, au point de perdre le spectateur. On suit sagement, mais sans jamais participer. Pire, le film commet une erreur grossière en faisant de Beaumarchais l’initiateur de la Révolution française, raccourci spectaculaire mais historiquement discutable. 

Reste un beau film, indéniablement. 
Costumes soignés, distribution solide, ambitions visibles. Mais un film trop sage pour un homme aussi insolent. Beaumarchais méritait plus de mordant, plus de danger, plus de désordre. Ici, tout est en ordre… et c’est bien le problème. 

Un film foisonnant, élégant, parfois passionnant, souvent frustrant. 
On admire, on écoute, mais on reste à la porte. 
Comme si Beaumarchais lui-même n’avait jamais été invité à entrer. 

NOTE : 7.90

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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