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samedi 2 août 2025

11.30 - MON AVIS SUR LE FILM 28 ANS PLUS TARD DE DANNY BOYLE (2025)


 Vu le film 28 Ans Plus Tard de Danny Boyle (2025) avec Alfie Williams Jodie Comer Aaron Taylor Johnson Edvinbg Ryding Ralph Fiennes Jack O’Connell Enn Kellyman Chi Lewis Parry 

Près de trente ans se sont écoulés depuis que le virus de la rage s'est échappé d'un laboratoire d'armes biologiques. Malgré une quarantaine impitoyable, certains ont trouvé le moyen de survivre parmi les infectés. L'un de ces groupes de survivants vit sur une petite île reliée au continent par une chaussée unique. 

Il y a des films qu’on attend avec une fébrilité presque naïve, comme un rendez-vous qu’on n’imagine pas rater. 28 ans plus tard faisait partie de ceux-là. Pourquoi se méfier ? Danny Boyle revient à la réalisation, Alex Garland signe le scénariocomme au bon vieux temps de 28 jours plus tard –, et le titre seul convoque immédiatement les souvenirs puissants des deux premiers volets : Londres désertée, frénésie d’une contamination éclair, chaos urbain stylisé à l’extrême… On s’attendait à un retour en force. Ce fut une chute libre. 

Le début pourtant est prometteur. Une mise en place lente mais habitée, une ambiance lourde de tension, une chanson d’ouverture à la mélancolie assuméepourquoi pas. On accepte l’idée de ne pas entrer immédiatement dans le feu de l’action. Pendant environ quarante minutes, le film semble retenir sa respiration, et nous avec. La photo numérique très granuleuse, à la limite de l’acceptable, fait tiquer mais semble servir un propos : l’instantanéité, la proximité du danger, une forme de réalisme brut. Mais le problème n’est pas tant l’esthétique – bien que cette image iPhone au format étriqué type "judas de porte" ne rende vraiment pas hommage au sujet –, que la perte progressive de tension narrative. 

Le film se délite après ce premier acte. Les personnages, très mal définis, deviennent de plus en plus absurdes. On peine à comprendre leurs motivations, leur comportement. Certains paraissent tout droit sortis d’une comédie involontaire. L’écriture devient incohérente, presque bâclée, et les situations manquent cruellement de vraisemblance. On bascule dans une parodie étrange, un entre-deux ni la peur ni l’empathie ne peuvent s’installer. 

Et surtout – hérésie dans un film de cette franchise – les infectés sont presque absents. Ils apparaissent çà et , vite expédiés, jamais aussi menaçants qu’autrefois. Il n’y a plus cette sensation de danger permanent, plus cette tension organique qui caractérisait les deux premiers opus. 28 jours plus tard était une course de survie poétique et désespérée, et 28 semaines plus tard un rollercoaster militaire et nihiliste, 28 ans plus tard semble ne rien savoir de ce qu’il veut raconter. Est-ce un drame post-apocalyptique ? Une fable expérimentale sur la solitude ? Un pamphlet social ? Un film de genre ? Il touche à tout, et ne réussit rien. 

La mise en scène elle-même semble à la peine. Boyle, pourtant maître du montage syncopé et du tempo narratif, paraît s’auto-caricaturer. Le rythme s’effondre au fur et à mesure que les enjeux s’étiolent. On s’ennuie. L’impression que le film redémarrera à un moment devient un mirage. Le climax n’en est pas un, et la fin frôle le grotesque tant elle semble improvisée, faussement mystique, esthétiquement prétentieuse, émotionnellement creuse. 

Ce qui fait le plus mal, c’est qu’on y croyait. On voulait y croire. Même la bande-annonceparticulièrement réussielaissait espérer un uppercut. Le cinéma de genre britannique avait l’occasion de marquer une fois encore sa puissance. Mais cette suite, qui n’en est pas vraiment une, vient plutôt salir le mythe. Elle n’a rien gardé de l’urgence, de la rage, de la beauté morbide de ses prédécesseurs. On est face à un abus de confiance, et c’est d’autant plus douloureux que les noms impliqués (Boyle, Garland) sont ceux d’artisans du génie. 

En salle, certains spectateurs quittaient la projection bien avant la fin. Ce n’est pas une exagération. C’est un fait. Et rare sont les films qui suscitent un tel désamour aussi rapidement. En sortant, on se regarde, et on pleure, non pas d’émotion, mais de déception. 

28 ans plus tard est un crash. Un film qui aurait être un événement mais qui restera comme une aberration. À force de vouloir sublimer le genre, Boyle le vide de sa substance. 28 ans plus tard n’est pas une suite, c’est une trahison. Et surtout : qu’on s’arrête . Pas de 29 ans plus tard, par pitié. 

NOTE : 11.30

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

 

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