Vu le film Le Secret de Kheops de Barbara Schultz (2025) avec Fabrice Luchini Julia Piaton Gavril Dartevelle Johann Dionnet Camille Japy Sam Louwyck Jean Pau Bordes Jacky Berroyer Arié Elmaleh Jean Pierre Malo
Durant des nouvelles fouilles archéologiques dans la ville du Caire, l'archéologue Christian Robinson est convaincu d'avoir découvert une mystérieuse inscription concernant le trésor du pharaon Khéops. Selon lui, il s'agit d'indices laissés par Dominique Vivant Denon, directeur de 1802 à 1815 du musée du Louvre. Accompagné de sa fille Isis et de son petit-fils Julien, il part à la recherche du trésor en espérant accomplir la plus importante découverte archéologique du xxie siècle
Il est toujours délicat de juger un premier film, surtout lorsqu’il déborde d’envie, de sincérité et de respect pour les codes du genre. Mais dans le cas de Le Secret de Khéops, signé Barbara Schultz, on ne peut que constater avec un pincement au cœur que l’ambition ne suffit pas à compenser les faiblesses d’exécution. Ce film d’aventures à la française, vendu comme un mélange entre La Grande Vadrouille et Indiana Jones, souffre cruellement de son indécision. Il flotte constamment entre la comédie familiale, le récit initiatique et le film d’action exotique, sans jamais s’ancrer dans une direction claire.
le professeur Christian Robinson (interprété par Fabrice Luchini), vieil égyptologue fantasque et un brin mégalo, se lance dans une ultime aventure pour prouver l’existence d’un passage secret au sein de la grande pyramide de Khéops. Accompagné de sa fille (Julia Piaton) et de son petit-fils (Gavril Dartevelle ), il se retrouve embarqué dans une course contre la montre face à un réseau d’antiquaires véreux, de policiers corrompus et d’influencers avides de buzz. Sur le papier, un programme plutôt séduisant, entre mystère antique, satire contemporaine et buddy movie à la française.
Mais très vite, le soufflé retombe. Le film, s’il commence sur un ton enjoué, ne parvient jamais à créer une véritable tension narrative. Les scènes d’action sont timides, souvent filmées platement, sans élan ni danger crédible. Les moments de comédie, censés alléger l'ensemble, tombent souvent à plat. L’humour se veut bon enfant, mais trop sage, trop attendu, trop "téléfilm de Noël sous 40°" pour réellement faire mouche. Résultat : on s’ennuie, doucement mais sûrement, devant un enchaînement de séquences convenues où les personnages bavardent, se chamaillent gentiment, décryptent des hiéroglyphes en papier mâché et partent à la recherche d’un trésor qui ne nous fait pas rêver.
Barbara Schultz, à la mise en scène, manque de folie et de rythme. Son regard est celui d’une actrice bienveillante qui aime ses personnages, mais cela ne suffit pas pour construire un univers cohérent et palpitant. On sent par moments l’ombre d’un Tintin, d’un Benjamin Gates ou d’un OSS 117 dans certaines tentatives de dérision… mais la réalisatrice ne tranche jamais : parodie ou hommage ? sérieux ou potache ? Le film reste coincé entre ses clins d’œil et ses bons sentiments, ne mordant jamais vraiment, et refusant de se salir les mains avec un vrai méchant ou un enjeu dramatique fort.
Côté casting, c’est un naufrage relatif. Luchini, d’ordinaire si brillant, semble ici complètement décalé, voire mal à l’aise, dans ce rôle de professeur baroudeur. Il cabotine, certes, mais sans flamme, comme s’il ne croyait pas lui-même à cette histoire de trésor enfoui. Pire encore : dans une scène lunaire, il chante du Johnny Hallyday devant des policiers égyptiens médusés. Le moment se veut "héroïquement absurde", mais se révèle surtout embarrassant – on n’y croit pas, et on décroche définitivement. Julia Piaton tire son épingle du jeu avec un naturel plaisant, mais son personnage est sous-écrit. Gavril Dartevelle , lui, semble égaré comme une erreur de casting, écrit comme un sidekick de série TF1. Quant aux antagonistes, ils sont réduits à de pures caricatures : policier bedonnant, antiquaire sadique au rire forcé… une galerie de clichés sans chair.
Le scénario en lui-même est le plus gros point faible du film. L’écriture, peu rigoureuse, multiplie les facilités : indices trop bien placés, retournements invraisemblables, dialogues convenus. Le récit se traîne, les péripéties s’enchaînent sans logique dramatique ni montée en tension. On sent que Barbara Schultz veut raconter une histoire d’héritage, de transmission, de passion pour l’histoire, mais elle manque d’un vrai souffle narratif. On aimerait croire à cette aventure, mais on reste désespérément sur le quai, regardant les personnages s’agiter pour pas grand-chose. L’ennui s’installe au bout d’une demi-heure… et ne nous lâche plus.
Seuls quelques éléments techniques relèvent un peu l’ensemble : la photographie chaude et lumineuse de Vincent Mathias donne parfois de belles images de désert et de temples ; la musique de Olivier Coursier sans être mémorable, propose quelques belles envolées symphoniques. Mais rien de tout cela ne parvient à ranimer un récit morne et sans intensité.
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Le Secret de Khéops est un film inoffensif mais profondément frustrant, dont les bonnes intentions ne masquent pas les errances de ton, le manque de rythme et l’écriture bancale. On voudrait encourager ce genre de tentative d’aventure à la française, mais celle-ci reste coincée dans un entre-deux mou, où ni l’émotion ni l’humour ni le suspense ne trouvent leur place. Un raté poli, où même Luchini semble chercher la sortie.
NOTE : 8.2O
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Barbara Schulz
- Scénario : Barbara Schulz et Christophe Turpin, en collaboration avec Jérôme Tonnerre
- Musique : Olivier Coursier et Audrey Ismaël
- Décors : Mila Preli
- Costumes : Ariane Viallet
- Photographie : Guillaume Schiffman
- Son : Samy Bardet et Nicolas Mas
- Montage : Francis Vesin
- Production : Pierre-Louis Arnal, Yves Darondeau, Thierry Desmichelle, Éric Geay, Rémi Jimenez et Emmanuel Priou
- Sociétés de production : Bonne Pioche et SND, en co-production avec M6 Films et Umedia
- Sociétés de distribution : SND (France) ; Athena Films (Belgique), Pathé Films AG (Suisse), TVA Films (Québec)
- Fabrice Luchini : Christian Robinson[6]
- Julia Piaton : Isis, fille de Christian[]
- Gavril Dartevelle : Julien, fils d'Isis, petit-fils de Christian[]
- Johann Dionnet : Guillaume, le compagnon d'Isis
- Camille Japy : Catherine Girod, la galeriste, amie de Christian
- Sam Louwyck : Markus Gasburger, le trafiquant mafieux
- Jean-Paul Bordes : André Pichard, le collègue de Guillaume au Louvre
- Jackie Berroyer : Charles Marguerite, le spécialiste de Dominique Vivant Denon
- Marie Denarnaud : Elodie, la collègue archéologue d'Isis
- Vincent Heneine : Farouk
- Meriem Serbah : Faïza Shahine
- Léna Bréban : Camille Consolati
- Bellamine Abdelmalek : Moktar
- Arié Elmaleh : Vincent, le supérieur d'Isis
- Jean-Pierre Malo : le gardien de nuit
- Marie Berto : la conférencière
- Éric Bougnon : le chef de chantier métro
- Romain Levi : Boris
- Marie-Pierre Nouveau : Micky
- Jean Kinsella : la momie

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