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lundi 21 juillet 2025

6.50 - MON AVIS SUR LE FILM CASSANDRE DE HELENE MERLIN (2025)

 


Vu le film Cassandre de Hélène Merlin (2025) avec Eric Ruf Zabou Breitman Billie Blain Guillaume Gouix Florian Lesieur Agathe Rousselle Laika Blanc Francard 

Été 1998. Campagne. Cassandre a 14 ans. Dans le petit manoir familial, ses parents et son frère aîné remarquent que son corps a changé. Heureusement, Cassandre est passionnée de cheval et intègre pour les vacances, un petit centre équestre où elle se fait adopter comme un animal étrange. Elle y découvre une autre normalité qui l'extrait petit-à-petit d'un corps familial qui l'engloutit. 

Il y a des films qui blessent par leur sujet, et d'autres par leur maladresse. Cassandre fait malheureusement les deux. J’ai regardé en pensant voir une œuvre nécessaire sur les abus, le silence, le poids des secrets familiaux. Mais j’en suis sorti épuiser, frustré, presque gêné. Ce film m’a fait souffrir, non par son propos – qui mérite toute notre attention – mais par la manière laborieuse, désordonnée et excessive dont il est abordé. 

Il faut plus d'une heure pour que le film entre enfin dans le cœur de son sujet : Jusque-là, tout est pesant, étouffé, évité. Le spectateur devine, mais on n’avance pas. Puis, une fois la parole libérée, tout se déverse dans une cascade de révélations successives : le frère est lui aussi abuseur, le père avoue avoir été abusé enfant, la mère révèle un viol… C’est trop. Trop pour un seul film, trop pour un premier long-métrage qui ne maîtrise pas encore sa dramaturgie. 

Certains choix de mise en scène frisent l’incohérence : de belles scènes de chevaux (symboliques mais vite surexploitées), des silences qui s’éternisent, des dialogues plaqués, et une direction d’acteurs catastrophique. Eric Ruf d’habitude si juste, en fait des tonnes. Zabou Breitman, qu’on aime ailleurs, est ici réduite à une caricature de mère en détresse hystérique. Quant aux jeunes comédiens, ils ne sont pas dirigés : ils dérivent dans des scènes souvent vides, mal écrites, mal jouées. 

Je comprends que la réalisatrice ait voulu tout dire, tout dénoncer, mais c’est justement cette absence de retenue qui fait dériver le film. On ne sait plus quoi ressentir. L’émotion ne prend pas, car elle est noyée dans un trop-plein dramatique mal orchestré. Et comme le jeu est souvent maladroit, l’effet devient presque involontairement comique, ce qui est d’autant plus cruel vu la gravité des thèmes abordés. 

Ce film voulait, sans doute sincèrement, faire œuvre utile. Mais la forme affaiblit complètement le fond, et le message, au lieu de percuter, s'effondre dans le chaos. 

C’est un immense gâchis, et une vraie tristesse, surtout quand le cinéma français peine déjà à traiter certains sujets sans pathos ni misérabilisme. Ici, au lieu d’une dénonciation forte, on assiste à un naufrage esthétique, émotionnel et narratif. 

NOTE : 6.50

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisation : Hélène Merlin
  • Scénario : Hélène Merlin, avec la collaboration de Clara Bourreau et Anne-Claire Jaulin
  • Musique : Delphine Malaussena
  • Décors : Lucie Beauvert
  • Costumes : Marité Coutard
  • Photographie : David Cailley
  • Son : Marie-Clotilde Chéry
  • Montage : Nassim Gordji Tehrani
  • Production : Emma Javaux
    • Coproduction : Jérôme Hilal
  • Sociétés de production : Une Fille Productions, en coproduction avec Daylight FilmsFrance 2 Cinéma et Zinc Film
  • Société de distribution : Zinc Distribution

DISTRIBUTION

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