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dimanche 20 juillet 2025

14.80 - MON AVIS SUR LE FILM SUPERMAN DE JAMES GUNN (2025)


 Vu le Film Superman de James Gunn (2025) avec David Corenswet Nicholas Hoult Rachel Brosnahan Milly Alcock Nathan Fillion Isabela Merced Bradley Cooper Marie Gabriela de Faria Frank Grillo Edi Gathegi Skyler Gisondo  

Superman entreprend un voyage pour réconcilier son héritage kryptonien avec son éducation humaine en tant que Clark Kent lorsqu'il est pris dans des conflits à domicile ainsi qu'à l'étranger, offrant à Lex Luthor l'occasion opportune de se débarrasser de lui, et ce, une fois pour toutes. 

Le retour du mythe en cape et conscience 

On s’attendait au pire. Un énième reboot de Superman, cette fois sous la houlette de James Gunn, fraîchement parachuté à la tête du DC Universe, avec la lourde tâche de ressusciter un mythe exsangue. Après les errances esthétiques et narratives des derniers opus Warner ou Marvel, l’enthousiasme était plus que mesuré. Et pourtant, miracle : Superman version 2025 bluffe, étonne, amuse et, surtout, convainc. 

Gunn ne trahit pas Kal-El : il le régénère. Il ne déconstruit pas l’icône – comme Zack Snyder l’avait tenté avec une grandiloquence sinistre – mais la réinvente avec légèreté, pop-culture et tendresse. Fidèle à l’esprit des Gardiens de la Galaxie et de son Suicide Squad, il insuffle une énergie débridée et un humour constant, sans jamais sacrifier l’émotion ni l’ampleur du récit. Résultat : un vrai film de James Gunn… et un vrai film Superman. 

Dès l’ouverture, le ton est donné : pas de longues origines ressassées, mais un récit in media res, au cœur d’un univers déjà vivant, riche, presque saturé de codes, de figures, de clins d’œil. On pense à la série animée des années 90, à All-Star Superman de Grant Morrison, à une mythologie en constante expansion mais toujours centrée sur une idée simple : que signifie être bon dans un monde imparfait ? Kal-El est ici un symbole, certes, mais aussi un homme, et surtout un journaliste maladroit mais attachant. 

David Corenswet, sans trop en faire, incarne un Superman à la fois solaire, un brin naïf mais jamais niais, convaincant en super-héros mais encore plus touchant en Clark Kent. Gunn le filme avec affection, en appuyant sans lourdeur sur ses dilemmes moraux et sa solitude fondamentale. Le duo qu’il forme avec une Lois Lane de haut vol – Rachel Brosnahan, sexy, mordante et futée – redonne au Daily Planet des airs de His Girl Friday, et réinstalle la comédie romantique au cœur du mythe. 

Mais la grande révélation, c’est peut-être Nicholas Hoult en Lex Luthor. Loin des caricatures précédentes, il propose une version glacée, séduisante, presque abstraite du personnage : une sorte de Faust siliconé, manipulateur génial, à la fois pervers et élégant, évoquant un tableau maniériste ou un cerveau malade enfermé dans une boîte de porcelaine. Il vole presque la vedette à tout le monde, même à Krypto, le chien, qui offre pourtant quelques séquences hilarantes et très Gunn-iennes. 

La réussite du film tient aussi à son monde ouvert : la Justice Society, introduite ici comme une version un peu franchisée de la Justice League, s’intègre de manière organique à l’univers sans étouffer le récit. Chaque personnage secondaire, même esquissé, semble prêt à éclore dans une série ou un spin-off – et cela ne gêne pas le film, qui garde sa cohérence tout en ouvrant de nombreuses portes. On pense à Supergirl (évoquée de façon prometteuse), et – surprise – des allusions lointaines aux 4 Fantastiques, qui pourraient bien préfigurer des ponts inattendus. 

Visuellement, le film n’est pas toujours à la hauteur de ses ambitions. Certains effets spéciaux sont en deçà, avec des scènes d’action un peu plastiques ou des incrustations trop visibles. Mais Gunn assume un certain kitsch, une esthétique presque cartoonesque, comme s’il préférait un effet narratif ou comique à une perfection numérique. Cela donne un film moins léché que les standards Marvel, mais aussi plus vivant, plus libre, plus audacieux. 

Supergirl, bien qu'encore en retrait, est l'une des grandes promesses du film. Introduite avec finesse, presque en contrechamp du récit principal, elle incarne une force brute, plus sombre et plus radicale que son cousin. Là où Kal-El doute et temporise, Kara agit, tranche, déstabilise. Gunn l’esquisse comme une héroïne potentiellement tragique, et sa brève apparition suffit à intriguer : on sent déjà poindre un spin-off ou une confrontation idéologique à venir, tant leurs approches du pouvoir semblent opposées. Un personnage à surveiller de très près. 

Superman version Gunn n’est pas un chef-d’œuvre, mais un film qui croit en son personnage, et qui nous fait y croire aussi. Il remet la cape sur des épaules humaines, pose les bonnes questions sans se prendre au sérieux, et surtout redonne envie de voir la suite. Loin de l’indigestion super-héroïque de ces dernières années, il propose un nouvel équilibre entre mythe, humour, émotion et action. 

Et si l’on devait résumer ce Superman en une image : ce serait celle de Kal-El flottant devant la Forteresse de Solitude, Krypto à ses côtés, prêt à sauver le monde… mais avec un clin d’œil complice et une vanne bien sentie. 

NOTE : 14.80

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