vu le film La Planète des Singes le Nouveau Royaume de Wes Ball (2024) avec Owen Teague Freya Allan Kevin Durand William H.Macy Eka Darville Travis Jeffery Lydia Peckman Neil Sandilands Sara Wiseman Ras-Samuel Welda’abzgi
Plusieurs générations après le règne de César, les singes ont définitivement pris le pouvoir. Les humains, quant à eux, ont régressé à l'état sauvage et vivent en retrait. Alors qu'un nouveau chef tyrannique construit peu à peu son empire, un jeune singe entreprend un périlleux voyage qui l'amènera à questionner tout ce qu'il sait du passé et à faire des choix qui définiront l'avenir des singes et des humains.
La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume de Wes Ball s’impose comme une fresque post-apocalyptique à la fois spectaculaire et méditative, où le souffle du mythe rejoint celui du blockbuster. Reprenant le flambeau laissé par la trilogie de Matt Reeves, ce nouvel opus ne trahit pas l’univers, il l’enrichit — et surtout, il l’ouvre vers de nouvelles perspectives, à des siècles de César, figure tutélaire désormais devenue légende.
Le film suit Noa, jeune chimpanzé naïf et curieux, confronté à la brutalité du pouvoir exercé par Proximus Caesar, chef charismatique et tyrannique qui s’est approprié l’héritage du vrai César en le vidant de son sens. Noa est arraché à son clan paisible, témoin de la destruction de son monde d’enfance. C’est alors le point de départ d’une véritable odyssée qui mêle quête initiatique, rébellion morale et confrontation au mensonge historique. Owen Teague incarne Noa avec une justesse bouleversante : ses regards, ses hésitations, ses élans de courage donnent au personnage une profondeur rare pour une performance en capture de mouvement.
Visuellement, le film est une claque sensorielle. La jungle luxuriante, les ruines d’un monde humain effacé, les temples colossaux et les paysages balayés par le vent forment une toile hypnotique, magnifiée par des effets spéciaux démentiels. Il serait criminel de le regarder sur un téléphone : ce film est pensé pour le grand écran, avec un son Dolby Atmos qui donne vie à chaque bruissement, à chaque galop de singes sur la plage — clin d’œil magnifique à l’original de 1968, tout comme la poupée qui pleure, symbole d’un passé enfoui sous les ruines et les mensonges.
Ce qui frappe, c’est que ce nouvel opus n’est pas une redite. Il pousse la mythologie encore plus loin, explorant les origines de cette planète retournée, et les chemins détournés qui ont mené à l’asservissement de l’homme par le singe. Un murmure de vérité, un jeu de piste génétique, commence à se dessiner. On devine que les réponses sont proches, et que le mystère de la planète — cette Terre inversée où les rôles se sont renversés — commence à se fissurer. Oui, comme vous le dites avec humour, même le Chat attend son heure quelque part : tout semble encore possible.
Le film questionne le pouvoir, la mémoire, et surtout le mensonge des origines. Le personnage de Raka, sage orang-outan pacifiste, est une bénédiction pour l’équilibre du récit : par ses mots, il ramène César à sa véritable dimension philosophique, opposée au despotisme de Proximus. La relation entre Noa et lui rappelle la transmission intergénérationnelle, presque christique. En cela, Le Nouveau Royaume a quelque chose de biblique.
La place du personnage de Nova, ici humaine mutique puis révélée plus active et belliqueuse, est peut-être le seul accroc du film. En faisant d’elle une sorte de Lara Croft sauvage, Wes Ball semble parfois céder à la tentation du jeu vidéo. Si son rôle est crucial pour relier l’humanité aux enjeux à venir, elle ralentit le rythme du récit, et paraît moins incarnée que les autres personnages.
Reste que le film interroge, sans didactisme, les notions de coexistence, de légitimité, de manipulation collective. La figure de Rodentia, cet érudit qui connaît le vrai passé de l’homme et du singe, ouvre une brèche : et si le temps n’était qu’une boucle ? Et si la vérité était plus terrible encore que ce qu’on imaginait ? Ce que Wes Ball amorce ici, c’est une seconde trilogie, un nouveau chapitre dans une saga qui n’a jamais cessé de fasciner depuis 1968.
La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume est bien plus qu’un blockbuster de plus. C’est une œuvre riche, dense, poétique et politique, qui respecte l’intelligence du spectateur tout en lui offrant un divertissement de haut vol. À voir absolument en salle, pour ressentir le vertige d’un monde où la frontière entre l’homme et l’animal n’a jamais été aussi trouble.
Une vraie expérience de cinéma, digne héritière d’une saga devenue mythologie.
NOTE : 15.50
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Wes Ball
- Scénario : Patrick Aison, Josh Friedman, Rick Jaffa et Amanda Silver, d'après les personnages créés par Pierre Boulle, Rick Jaffa et Amanda Silver[7]
- Musique : John Paesano
- Direction artistique : Carlo Crescini, Tony Drew, Vaughan Flanagan, Ian Gracie, Jenny Hitchcock et Dale Mackie
- Décors : Daniel T. Dorrance
- Costumes : Mayes C. Rubeo
- Maquillage : Jennifer Lamphee, Beth Halsted
- Coiffure : Jennifer Lamphee
- Photographie : Gyula Pados
- Son : Ai-Ling Lee, Andy Nelson, Tobias Poppe, Griffin Saunders, Luke Schwarzweller, Mark van Kool
- Montage : Dirk Westervelt et Dan Zimmerman
- Production : Wes Ball, Joe Hartwick Jr., Rick Jaffa, Jason Reed et Amanda Silver
- Production déléguée : Peter Chernin et Jenno Topping
- Sociétés de production :
- États-Unis : Jason T. Reed Productions, Oddball Entertainment et 20th Century Studios
- Australie : Disney Studios Australia
- Société de distribution : Walt Disney Studios Motion Pictures (États-Unis, Canada) ; The Walt Disney Company France (France)
DISTRIBUTION
- Owen Teague (VF : Aurélien Raynal ; VQ : Charles Sirard Blouin) : Noa
- Freya Allan (VF : Emmylou Homs ; VQ : Ludivine Reding) : Nova / Mae
- Kevin Durand (VF : Gilles Morvan ; VQ : Tristan Harvey) : Proximus César
- Peter Macon (VF : Thierry Desroses ; VQ : Normand D'Amour) : Raka
- William H. Macy (VF : Jean-François Vlérick ; VQ : Jacques Lavallée) : Trevathan
- Eka Darville (VF : Rody Benghezala ; VQ : Christian Perrault) : Sylva
- Travis Jeffery (VF : Antoine Ferey ; VQ : Philippe Vanasse-Paquet) : Anaya
- Lydia Peckham (VF : Jaynélia Coadou ; VQ : Léa Roy) : Soona
- Neil Sandilands (VF : Éric Herson-Macarel ; VQ : Thiéry Dubé) : Koro
- Ras-Samuel Welda'abzgi (VF : Florent Pochet ; VQ : Martin Rouette) : Lightning
- Sara Wiseman (VF : Carole Franck ; VQ : Sarah Desjeunes) : Dar
- Kaden Hartcher : Oda / Rust
- Karin Konoval : Maurice
- Andy McPhee : vénérable ancien
- Nina Gallas : enfant 1
- Samuel Falé : enfant 2
- Dichen Lachman : Korina

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