Vu le film Captain América Fisrt Avenger de Joe Johnston (2011) avec Chris Evans Hayley Atwell Sébastian Stan Hugo Weaving Samue L.Jackson Stanley Tucci Kenneth Choi Toby Jones
1941. La Seconde Guerre mondiale fait rage. Après avoir tenté vainement de s'engager dans l'armée pour se battre aux côtés des Alliés, Steve Rogers, frêle et timide, se porte volontaire pour participer à un programme expérimental qui va le transformer en un super soldat connu sous le nom de Captain America. Sous le commandement du colonel Chester Phillips, il s'apprête à affronter l'organisation scientifique secrète des nazis, aux côtés de Bucky Barnes et Peggy Carter.
Parmi la multitude de films de super-héros produits depuis deux décennies, Captain America: First Avenger occupe une place à part. Il ne cherche pas à déconstruire son mythe ou à l’inscrire dans une lecture méta. Il assume pleinement son ancrage vintage et son esprit pulp, et c’est peut-être pour cela qu’il touche à quelque chose de plus intime, presque naïf, mais sincère — comme une réminiscence d’adolescence passée entre pages de comics usées et posters de super-soldats.
Le film de Joe Johnston (déjà artisan du savoureux Rocketeer) parvient à faire revivre cette Amérique des années 40 où le monde se divisait clairement en gentils et méchants, où les super-pouvoirs n'étaient pas métaphores politiques mais extensions musclées de volontés pures. L’origine du personnage, transposée directement des comics de Jack Kirby et Joe Simon, prend ici des airs de conte initiatique. Steve Rogers n’est pas un héros parce qu’il est fort, mais parce qu’il refuse de reculer. C’est un idéaliste à la colonne vertébrale aussi droite que sa mâchoire, et Chris Evans lui donne une humanité remarquable, même quand il n’est encore qu’un freluquet numériquement amaigri.
La transformation de Rogers en Captain America — véritable mutation physique façon Léon Marchand devenu Teddy Riner en un claquement de seringue — reste un sommet de body-movie. La scène de l'expérience dans le caisson lumineux, orchestrée par Stanley Tucci en scientifique humaniste, touche à une sorte d’euphorie enfantine : le rêve du lecteur de comics devient réalité à l’écran, sans cynisme, avec une mise en scène fluide et frontale. Le corps magnifié, musclé, presque déifié, devient ici moins un fantasme de domination qu’un étendard d’engagement moral. C’est un surhomme, certes, mais né d’un esprit droit, pas d’un égo hypertrophié.
L’inscription de l’histoire dans un contexte de Seconde Guerre mondiale est réussie : elle évite le pathos ou l’héroïsme plombant, et préfère une relecture pulp, presque dieselpunk. On est plus proche d’un Indiana Jones ou des serials de guerre que d’une reconstitution historique. Le méchant, Red Skull (Hugo Weaving, savoureux), est caricatural — mais c’est le jeu. Il incarne l’extrême inverse du héros, dans un monde où l’idéologie nazie flirte avec l’ésotérisme, l’énergie cosmique et le rêve prométhéen d’immortalité. L’HYDRA, bras mystique et technologique du Troisième Reich, joue le rôle parfait de némésis bondienne.
Les seconds rôles (Hayley Atwell en Agent Carter, Tommy Lee Jones en général bourru, Sebastian Stan en Bucky Barnes) enrichissent l’ensemble d’une texture humaine. Même les scènes romantiques, brèves et discrètes, sont touchantes par leur retenue et leur inachèvement tragique. Steve Rogers ne couche pas avec le monde — il veut juste danser avec Peggy.
La mise en scène de Joe Johnston ne cherche jamais la grandiloquence numérique ; elle privilégie l’efficacité classique, les plans lisibles, l’action fluide. Les effets spéciaux de Stéphane Ceretti (avant Doctor Strange ou Les Gardiens de la Galaxie) restent discrets mais solides : pas d’IA ici, mais une patine rétro, des décors d’époque soignés, des uniformes cousus à l’ancienne, une photographie sépia à souhait. Ce n’est pas une leçon de cinéma, ce n’est pas Pierrot le fou, mais c’est un film qui sait ce qu’il est et qui le fait avec panache.
On rit, on vibre, on adhère à ce manichéisme presque réconfortant. Ce n’est pas le film le plus complexe de l’univers Marvel, ni le plus spectaculaire, mais c’est peut-être le plus fidèle à l’esprit BD des origines, celui des années 40-50, quand l’imagination enfantine se nourrissait de pages colorées et de récits moraux limpides. Un film de super-héros (quoique) qui ose croire en la vertu, sans second degré, et qui, paradoxalement, nous touche parce qu’il ne cherche pas à nous épater. Il nous regarde droit dans les yeux et nous dit : « je peux faire ça toute la journée ». Et on y croit.
Un origin story solide, porté par une sincérité rare, une esthétique rétro assumée, un héros attachant, un méchant typé, et une narration classique mais efficace. Ni subversif ni transcendant, mais profondément fidèle à ce qu’il veut être : une belle relecture d’un rêve adolescent.
NOTE : 13.20
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Joe Johnston
- Scénario : Christopher Markus et Stephen McFeely, d'après le comics Captain America créé par Joe Simon et Jack Kirby
- Musique : Alan Silvestri
- Direction artistique : Andy Nicholson, Dean Clegg, John Dexter, Phil Harvey, Paul Kirby, Jason Knox-Johnston, Chris Lowe et Phil Sims
- Décors : Rick Heinrichs
- Costumes : Anna B. Sheppard
- Photographie : Shelly Johnson (en)
- Son : Scott Millan, David Parker, Jason W. Jennings
- Montage : Robert Dalva et Jeffrey Ford (en)
- Production : Kevin Feige et Amir Madani[2]
- Production déléguée : Joe Johnston, Stan Lee, Louis D'Esposito (es), Alan Fine (en), Nigel Gostelow et David Maisel
- Production associée : Mitchell Bell et Richard Whelan
- Coproduction : Victoria Alonso (en) et Stephen Broussard
- Chris Evans (VF : Maël Davan-Soulas ; VQ : Alexandre Fortin) : Steve Rogers / Captain America
- Hugo Weaving (VF : Féodor Atkine ; VQ : Sylvain Hétu) : Johann Schmidt / Crâne rouge
- Hayley Atwell (VF : France Renard ; VQ : Catherine Proulx-Lemay) : Peggy Carter
- Stanley Tucci (VF : Bernard Alane ; VQ : Jacques Lavallée) : Dr Abraham Erskine
- Tommy Lee Jones (VF : Yves Rénier ; VQ : Éric Gaudry) : le colonel Chester Phillips
- Sebastian Stan (VF : Axel Kiener ; VQ : Nicholas Savard L'Herbier) : le sergent James « Bucky » Barnes
- Dominic Cooper (VF : Tony Marot ; VQ : Claude Gagnon) : Howard Stark
- Toby Jones (VF : Franck Capillery ; VQ : François Sasseville) : Dr Arnim Zola
- Neal McDonough (VF : Bruno Dubernat ; VQ : Antoine Durand) : Timothy « Dum Dum » Dugan
- Derek Luke (VF : Jean-Baptiste Anoumon ; VQ : Widemir Normil) : Gabe Jones
- Richard Armitage : Heinz Kruger
- Kenneth Choi (VF : Stéphane Miquel ; VQ : Pierre Auger) : Jim Morita
- J. J. Feild (VQ : Daniel Picard) : James Montgomery Falsworth
- Bruno Ricci (VF : lui-même) : Jacques Dernier
- Samuel L. Jackson (VF : Thierry Desroses ; VQ : Benoît Rousseau) : Nick Fury, directeur du SHIELD
- Michael Brandon (VF : Michel Bedetti ; VQ : René Gagnon) : le sénateur Brandt
- Anatole Taubman : Roeder
- Jan Pohl (en) : Hutter
- Erich Redman (en) : Schneider
- Martin Sherman (VF : Olivier Chauvel ; VQ : Stéphane Rivard) : l'assistant du sénateur Brandt
- Amanda Righetti : un agent du SHIELD
- Laura Haddock : la chasseuse d'autographe
- Natalie Dormer (VQ : Bianca Gervais) : Lorraine
- Stan Lee : un général (caméo)
- Jenna Coleman : Connie
- Colin Stinton : un chauffeur de taxi new-yorkais
- Leander Deeny : Steve Rogers (doublure pour les scènes où Steve est encore maigr

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire