Vu le film Nana de Christian Jaque (1955) avec Martine Carol Charles Boyer Jacqueline Plessis Jacques Tarride Elisa Cegani Walter Chiari Jacques Castelot Noel Roquevert Jean Debucourt Paul Frankeur Daniel Ceccaldi
La vie d'une cocotte sous le Second
Empire. Pulpeuse, vulgaire, Nana chante l'opérette et soumet les
hommes à ses lois. Tour à tour, le banquier Steiner, le duc de
Vandeuvres, le cabotin Fontan et surtout le comte Muffat, chambellan de
l'empereur, gravitent autour d'elle qui sème
la ruine, le déshonneur et la mort.
Muffat, surtout, doit combattre ses convictions
religieuses et sa rigueur morale pour s'afficher avec elle. Il y perd son
argent, son mariage et sa situation, et finira, dans un sursaut de jalousie,
par tuer Nana.
Adapté du roman d’Émile Zola, Nana est un des
grands classiques du cinéma français des années 50, porté par la mise en scène
académique de Christian-Jaque et les dialogues ciselés d’Henri Jeanson. Loin
des mines sombres de Germinal ou des combats politiques de J’accuse,
ce drame retrace l’ascension et la chute d’une femme fatale dans la société
mondaine du Second Empire.
L’histoire suit Nana, jeune actrice médiocre mais
ensorcelante, qui s’élève grâce à ses charmes et devient la maîtresse de
plusieurs hommes influents. Fascinés et ruinés par cette femme insaisissable,
ces derniers se consument dans leur passion, tandis qu’elle-même se retrouve
piégée par son propre destin. Contrairement au roman où Zola dresse un portrait
implacable d’une héroïne à la fois victime et prédatrice, le film adoucit
certains aspects de son personnage. Martine Carol incarne une Nana plus séductrice
que destructrice, rendant son parcours moins tragique et sa chute moins
brutale.
Visuellement, le film brille par la somptuosité de ses
décors et costumes, recréant un Paris fastueux où le vice et l’hypocrisie
règnent en maîtres. Mais derrière cette apparence luxueuse, l’émotion peine à
s’imposer. La mise en scène, bien que soignée, reste assez figée, manquant de
l’élan et de la fièvre qui auraient pu rendre cette tragédie plus percutante.
Martine Carol, star incontestée de l’époque, incarne Nana
avec une sensualité assumée, mais sa performance frôle parfois l’excès. Elle
oscille entre ingénuité et manipulation, sans toujours atteindre la profondeur
du personnage imaginé par Zola. À ses côtés, Charles Boyer et Jean Debucourt
apportent plus de nuances, incarnant avec justesse les hommes prisonniers de
leur propre désir.
Le film oscille entre drame romantique et critique
sociale, mais ne parvient jamais tout à fait à capter la noirceur implacable du
roman. Trop sage, trop esthétisant, il manque de cette théâtralité flamboyante
qui aurait pu en faire une adaptation plus marquante. Un beau spectacle visuel,
mais une tragédie qui, paradoxalement, manque d’intensité.
NOTE : 13.90
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Christian-Jaque
- Scénario : d'après le roman d'Émile Zola
- Adaptation : Jean Ferry, Albert Valentin, Christian Jaque, Henri Jeanson
- Dialogue : Henri Jeanson
- Images : Christian Matras
- Opérateur : Alain Douarinou, assisté d'Ernest Bourraud et Henri Champion
- Son : Jean Rieul
- Décors : Robert Gys, assisté de Pierre Duquesne, Olivier Girard et Georges Lévy
- Montage : Jacques Desagneaux, assisté de Claude Durand et Anne-Marie Jouvet
- Musique : Georges van Parys
- Costumes : Marcel Escoffier, Pierre Cardin, Irène Kaminska, Raymonde Catherine-Durandet
- Costumière : Monique Plotin, assistée de Jean Zay
- Photographe de plateau : Raymond Voinquel
- Production : Les Films Jacques Roitfeld (Paris), Cigno Films (Rome)
- Directeur de production : Wladimir Roitfeld
- Distribution : Les Films Sirius
- Tournage du au dans les studios de Billancourt et les Studios parisiens
- Martine Carol : Nana, la cocotte entretenue
- Charles Boyer : le comte Muffat
- Jacques Castelot : le duc de Vandeuvres
- Jean Debucourt : Napoléon III
- Walter Chiari (VF : Robert Lamoureux) : Fontan
- Noël Roquevert : le banquier Steiner
- Dora Doll : Rose Mignon
- Elisa Cegani (VF : Jacqueline Ferrière) : la comtesse Sabine Muffat
- Paul Frankeur : Bordenave
- Pierre Palau : Venot, le directeur de conscience
- Nerio Bernardi : le prince de Sardaigne
- Dario Michaelis (VF : Roger Tréville) : Fauchery
- Daniel Ceccaldi : le lieutenant Philippe Hugon
- Marguerite Pierry : Zoé, la domestique de Nana
- Luisella Boni : Estelle Muffat, la fille
- Jacqueline Plessis : l'impératrice Eugénie
- Odette Barencey : Hortense, l'habilleuse de Nana
- Germaine Kerjean : la Tricon
- Nicole Riche : Marguerite Bellanger
- Fernand Gilbert : le boucher
- Daniel Mendaille : le valet
- Jacques Tarride : Mignon
- Paul Amiot : le commissaire
- Charles Lemontier : le vétérinaire
- Marcel Rouzé : Justin, le maître d'hôtel
- Marcel Charvey : le créancier
- Pierre Duncan : un déménageur
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire