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samedi 18 janvier 2025

15.20 - MON AVIS SUR LE FILM LES 12 SALOPARDS DE ROBERT ALDRICH (1967)

 


Vu le film Les 12 Salopards de Robert Aldrich (1967) avec Lee Marvin John Cassavetes Charles Bronson Telly Savalas Robert Ryan Ernest Borgnine Clint Walker Richard Jaeckel Jim Brown Ben Caruthers Trini Lopez

Alors que le débarquement allié en Normandie se prépare, le major américain John Reisman est chargé de recruter dans une prison militaire 12 condamnés - déserteurs, violeurs ou meurtriers - pour mener une dangereuse mission sur le sol français. En échange d'une grâce potentielle, ils doivent faire sauter un château des environs de Rennes, où de hauts dignitaires nazis ont installé leur quartier général.

Robert Aldrich, réalisateur connu pour son style brut et sans compromis, signe avec Les 12 Salopards un classique du film de guerre, mêlant action explosive, humour caustique et une analyse fascinante de l’humanité dans ses zones les plus grises. L’histoire, inspirée d’un roman d’E.M. Nathanson, rassemble un groupe improbable de criminels militaires, condamnés à mort ou à de lourdes peines, pour une mission-suicide derrière les lignes ennemies pendant la Seconde Guerre mondiale.

Ce qui distingue Les 12 Salopards des autres films de guerre de son époque, c’est son mélange d’irrévérence et de noirceur. Là où la guerre est souvent glorifiée, Aldrich préfère mettre en avant des personnages moralement ambigus, des parias qui incarnent l’antithèse des héros traditionnels. Ces douze hommes ne sont ni patriotes, ni altruistes : ils participent à cette mission uniquement pour obtenir une éventuelle grâce. Et pourtant, au fil du récit, ils gagnent un certain respect – voire de l’affection – de la part du spectateur, à mesure que leurs motivations et leurs failles se dévoilent.

Le casting, l’un des points forts du film, réunit des acteurs qui, pour beaucoup, étaient encore en marge des grandes productions hollywoodiennes. Lee Marvin, dans le rôle du major Reisman, est magistral en meneur cynique mais déterminé, un homme aussi dur que les criminels qu’il commande. Donald Sutherland, alors relativement inconnu, se distingue par son excentricité et son humour décalé, tandis que Charles Bronson et John Cassavetes apportent une intensité dramatique saisissante. Bronson, à l’image de son rôle dans La Grande Évasion, incarne une résilience presque stoïque, tandis que Cassavetes, dans son rôle de Franko, un rebelle insubordonné, vole presque la vedette avec une performance féroce et imprévisible.

Aldrich, fidèle à son style, ne mâche pas ses coups. La violence, qu’elle soit physique ou verbale, est omniprésente et brutale. Les dialogues cinglants et parfois corrosifs renforcent le ton irrévérencieux du film, tandis que les scènes de combat, filmées avec une intensité nerveuse, capturent toute l’horreur et le chaos de la guerre. La mission finale, qui constitue le point culminant du film, est une opération sanglante et impitoyable qui reflète l’absence de romantisme dans la vision d’Aldrich : la guerre n’a rien de noble, et même les "héros" sont marqués par leur propre sauvagerie.

L’une des grandes réussites du film réside dans sa capacité à équilibrer des tonalités disparates. Les moments d’humour noir et les interactions souvent absurdes entre les personnages permettent de relâcher la tension, tout en mettant en lumière les dynamiques complexes du groupe. Ces moments de légèreté contrastent avec la dureté de leur mission, rendant le drame final d’autant plus poignant.

L’aspect symbolique des personnages – des marginaux sacrifiés pour une cause qu’ils ne comprennent pas ou ne respectent pas – confère au film une dimension subversive. Aldrich semble poser une question provocante : ces hommes, criminels et antihéros, sont-ils si différents des soldats ordinaires, eux aussi utilisés comme pions dans une guerre impitoyable ?

Les 12 Salopards est bien plus qu’un simple film de guerre. C’est une œuvre corrosive et audacieuse, portée par des performances inoubliables et une mise en scène qui ne fait jamais de compromis. Aldrich, en embrassant l’ambiguïté morale de ses personnages, livre une réflexion amère sur la guerre, le sacrifice et l’humanité. Ce mélange d’action, de drame et de comédie noire en fait un classique intemporel, encore admiré pour son audace et son originalité.

NOTE / 15.20

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