Vu le film Le Droit de Tuer de Joel Schumacher (1996) avec Matthew McConaughey Sandra Bullock Samuel L.Jackson Kevin Spacey Donald Sutherland Kiefer Sutherland Ashley Judd Oliver Platt Patrick McGoohan Brenda Fricker Kurtwood Smith Chris Cooper
Dans une bourgade du Mississippi
marquée par les violences racistes, Carl Lee Hailey, après le viol de sa fille
de dix ans par deux Blancs, engage un jeune avocat, Jake Brigance. Il lui
confie sa crainte de voir l'affaire finir en non-lieu. Quelques heures plus
tard, Carl Lee se fait justice en abattant les deux violeurs. Bien décidé à
sauver la tête de son client, Jake Brigance va être entrainé dans la terrible
spirale de la violence.
Adapté du roman de John Grisham, Le
Droit de Tuer est sans conteste l’un des films les plus marquants de Joel
Schumacher, et paradoxalement l’un des plus sobres de sa carrière, souvent
critiquée pour son penchant au kitsch. Ici, il se concentre sur un sujet
brûlant : la justice peut-elle être rendue par ses propres mains, surtout dans
une société gangrenée par le racisme et les inégalités ?
L’histoire, tragiquement simple, est
celle de Carl Lee Hailey (Samuel L. Jackson), un homme noir dans le Mississippi
des années 1980, qui abat les deux hommes blancs ayant violé sa fille de dix
ans. Loin de fuir, il attend son procès, déclenchant une bataille judiciaire et
sociale où s’affrontent justice et morale, loi et émotion, dans une Amérique
divisée par la haine raciale.
Matthew McConaughey incarne Jack
Brigance, un jeune avocat idéaliste chargé de défendre Hailey. McConaughey,
dans l’un de ses rôles les plus marquants de sa carrière pré-oscar, joue avec
une intensité palpable, mêlant charisme et fragilité. Schumacher, souvent
fasciné par l’esthétique de ses acteurs, met en valeur sa jeunesse et son
sex-appeal, mais cela ne détourne pas l’attention de la profondeur émotionnelle
de son jeu. Kevin Spacey, quant à lui, livre une performance froide et
implacable en procureur Rufus Buckley, symbolisant un système judiciaire rigide
et sourd aux réalités humaines.
Ce qui frappe dans ce film, c’est le
ton résolument sérieux adopté par Schumacher. Habituellement flamboyant, il
choisit ici une mise en scène plus épurée, laissant les performances d’acteurs
et le sujet prendre le dessus. Les scènes de tribunal, intenses et brillamment
écrites, captivent par leur rythme et leur charge émotionnelle. Samuel L.
Jackson, avec sa prestation bouleversante, offre à Hailey une dignité
inébranlable, incarnant le désespoir et la colère d’un père prêt à tout pour sa
famille.
L’un des atouts majeurs du film réside
dans sa capacité à ne pas fournir de réponses faciles. Le spectateur est
constamment poussé à réfléchir : l’acte de Hailey est-il moralement justifiable
? Le combat de Brigance peut-il transcender les préjugés raciaux de la
communauté ? L’ombre persistante du Ku Klux Klan et les tensions raciales
exacerbées rendent l’atmosphère oppressante, presque insoutenable par moments.
Pour autant, certains aspects typiques
de Schumacher demeurent. Une certaine théâtralité dans la réalisation, un
soupçon de mélodrame, et des ralentis un brin appuyés, qui, s’ils peuvent
sembler superflus, servent parfois à intensifier l’émotion. Mais ici, ces
effets sont contenus, et le film gagne en gravité.
Le Droit de Tuer
est une œuvre poignante et complexe qui expose les failles d’un système
judiciaire incapable de s’adapter à des situations d’une telle intensité
morale. Bien plus qu’un simple drame judiciaire, le film explore des
thématiques universelles de vengeance, de justice et d’humanité. Porté par un
casting exceptionnel et une mise en scène étonnamment sobre, ce film reste,
près de trente ans après sa sortie, un témoignage puissant des fractures
raciales de l’Amérique et une des œuvres majeures de Joel Schumacher.
NOTE : 14.30
FICHE TECHNIQUE
- Titre québécois : Non coupable ou Un temps pour tuer
- Réalisation : Joel Schumacher
- Scénario : Akiva Goldsman, d'après le roman Non coupable (A Time to kill) de John Grisham
- Directeur de la photographie : Peter Menzies Jr.
- Montage : William Steinkamp
- Distribution des rôles : Mali Finn
- Direction artistique : Richard Toyon
- Décors : Larry Fulton
- Décorateur de plateau : Dorree Cooper
- Costumes : Ingrid Ferrin
- Musique : Elliot Goldenthal
- Producteurs : John Grisham, Hunt Lowry, Arnon Milchan et Michael G. Nathanson
- Producteur associé : William M. Elvin
- Sociétés de production : Warner Bros. et Regency Enterprises
- Distribution : Warner Bros.
- Budget : 40 millions de dollars
- Matthew McConaughey (VF : Bruno Choël) : Jake Tyler Brigance
- Sandra Bullock (VF : Françoise Cadol) : Ellen Roark
- Samuel L. Jackson (VF : Thierry Desroses) : Carl Lee Hailey
- Oliver Platt (VF : Daniel Lafourcade) : Harry Rex Vonner
- Kevin Spacey (VF : Michel Derain) : Rufus Buckley
- Kiefer Sutherland (VF : Emmanuel Jacomy) : Freddie Lee Cobb
- Donald Sutherland (VF : Jean-Pierre Moulin) : Lucien Wilbanks
- Ashley Judd (VF : Odile Schmitt) : Carla Brigance
- Charles S. Dutton (VF : Daniel Kamwa) : le shérif Ozzie Walls
- Brenda Fricker (VF : Monique Thierry) : Ethel Twitty
- Patrick McGoohan (VF : Bernard Dhéran) : le juge Omar Noose
- Joe Seneca (VF : Robert Liensol) : le révérend Isaiah Street
- Chris Cooper (VF : Philippe Peythieu) : Dwayne Powell Looney
- Kurtwood Smith (VF : Michel Prud'homme) : Stump Sisson
- Nicky Katt : Billy Ray Cobb
- Beth Grant : Cora Mae Cobb
- Doug Hutchison : James Louis « Pete » Willard
- Thomas Merdis : le révérend Ollie Agee
- Jonathan Hadary : Norman Reinfield
- John Diehl : Tim Nunley
- M. Emmet Walsh (VF : Yves Barsacq) : Dr Willard Tyrell Bass
- Anthony Heald (VF : Joël Martineau) : Dr Wilbert Rodeheaver
- Tonea Stewart (VF : Claude Chantal) : Gwen Hailey
- RaéVen Kelly (VF : Kelly Marot) : Tonya Hailey
- Octavia Spencer : l'infirmière d'Ellen Roark
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