Vu le film Six Degrés de Séparation de Fred Schepisi (1995) avec Will Smith Donald Sutherland Stockard Channing Ian McKellen Eric Thal J.J Abrams Anthony Michael Hall Bruce Davison Richard Masure
Louisa et Flan Kittredge, un couple de
marchands d'art très fortunés, reçoivent un soir une visite inattendue. Le
jeune et charismatique étudiant Paul frappe à leur porte en sang et demande de
l'aide, car il vient soi-disant de se faire agresser, mais ce n'est que le
début de sa construction de mensonges. Avec humour et charme, l'escroc gagne
immédiatement la sympathie de ses hôtes, qui ne se doutent pas encore que leur
vie bien réglée va bientôt être sérieusement chamboulée.
Six Degrés de Séparation
est un film intrigant et piquant qui déploie un récit tout aussi captivant
qu’ambigu, porté par des personnages finement écrits et une mise en scène
élégante. Adapté de la pièce de théâtre éponyme de John Guare, le film repose
sur une prémisse aussi théorique que fascinante : celle des six degrés de
séparation, postulant que toute personne peut être connectée à une autre à
travers une chaîne de six relations humaines maximum. À travers cette idée,
Schepisi tisse une satire sociale acérée sur la bourgeoisie, le mensonge et les
faux-semblants.
Le personnage central, Paul,
brillamment incarné par Will Smith dans l’un de ses rôles les plus atypiques,
est une figure à la fois charismatique et inquiétante. Beau, charmant, mais
aussi profondément manipulateur, il se glisse dans les interstices de cette
bourgeoisie new-yorkaise .Paul est Noir, homosexuel et issu d’un milieu pauvre,
trois aspects qui le marginalisent aux yeux d’une société élitiste, bien que
celle-ci soit séduite par son intelligence et son raffinement apparent.
Paul ne se contente pas d’être un
escroc opportuniste ; il devient un révélateur des hypocrisies et des failles
de cette classe sociale. Chaque famille qu’il trompe, chaque couple qu’il
manipule se retrouve à interroger son propre rapport au monde, à la richesse et
à l’identité. Les personnages secondaires, notamment le couple Ouisa et Flan
Kittredge (superbement joués par Stockard Channing et Donald Sutherland),
oscillent entre fascination et répulsion face à ce jeune homme qui bouleverse
leur quotidien feutré.
Fred Schepisi offre une mise en scène
élégante, sobre, qui ne s’embarrasse pas d’effets superflus, laissant la place
à la complexité des dialogues et à la tension psychologique. Ce qui frappe,
c’est la manière dont il réussit à équilibrer le drame et la comédie : le film
est drôle, souvent cruel, mais ne perd jamais de vue le drame humain qui se
joue en arrière-plan. Chaque interaction devient une illustration de la théorie
des six degrés de séparation, mais aussi un miroir tendu à une société
vaniteuse, enfermée dans son microcosme.
Ce qui rend Six Degrés de Séparation
si captivant, c’est cette idée que les barrières sociales et les préjugés
peuvent être contournés par un simple jeu d’apparences. Paul parvient à
s’introduire dans ce milieu non pas grâce à ce qu’il est réellement, mais grâce
à ce qu’il prétend être. Ce constat, d’une grande ironie, montre à quel point
cette bourgeoisie, imbus d’elle-même et de son monde d’élite, est prête à
accepter quiconque lui ressemble en apparence, même si tout cela repose sur un
mensonge.
Fred Schepisi signe un film incisif,
porté par une écriture brillante et des interprétations mémorables. Six
Degrés de Séparation interroge avec mordant la frontière entre vérité et
fiction, identité et masque social. Paul, en tant que figure marginale, ne fait
pas que manipuler les autres pour survivre : il devient une métaphore de la
manière dont la société, aveuglée par ses propres certitudes, se fait piéger
par son incapacité à regarder au-delà des apparences.
NOTE : 14.10
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Fred Schepisi
Scénario : John Guare d'après sa pièce de théâtre
Producteurs : Ric Kidney (exécutif), Arnon Milchan, Fred Schepisi et Mary Pat Walsh (associée)
Musique : Jerry Goldsmith
Photographie : Ian Baker
Montage : Peter Honess
Casting : Ellen Chenoweth
Sociétés de distribution : MGM, Maiden Movies et New Regency Productions
Budget : 12 000 000 $
Pays de production : Drapeau des États-Unis États-Unis et Drapeau de l'Italie Italie
DISTRIBUTION
- Stockard Channing (VF : Frédérique Tirmont) : Ouisa Kittredge
- Will Smith (VF : Olivier Jankovic)2 : Paul
- Donald Sutherland (VF : Bernard Tiphaine) : « Flan » Kittredge
- Ian McKellen : Geoffrey Miller
- Mary Beth Hurt : Kitty
- Bruce Davison (VF : Michel Le Royer) : Larkin
- Richard Masur (VF : Michel Tugot-Doris) : le Dr Fine
- Anthony Michael Hall (VF : Chris Bénard) : Trent Conway
- Heather Graham (VF : Rafaèle Moutier) : Elizabeth
- Eric Thal (en) (VF : Pierre-François Pistorio) : Rick
- Anthony Rapp (VF : Tony Marot) : Ben
- Osgood Perkins (VF : François Pacôme) : « Woody » Kittredge
- Catherine Kellner (VF : Sylvie Jacob) : « Tess » Kittredge
- Jeffrey Abrams (VF : Damien Boisseau) : Doug
- Joe Pentangelo : l'officier de police
- Lou Milione (VF : Louis Arbessier) : l'arnaqueur
- Brooke Hayward Duchin : Connie
- Kelly Bishop (VF : Pascale Jacquemont) : Adele
- John Cunningham (VF : Jean-Pierre Denys) : John
- Vasek Simek (VF : André Valmy) : Frank, le portier
- Chuck Close (VF : Michel Fortin) : Andy
- Daniel Von Bargen (VF : Sylvain Lemarié) : le détective
- Kitty Carlisle Hart (VF : Nathalie Nerval) : Mme Bannister
- Cleo King (VF : Ninou Fratellini) : l'inspectrice Price
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