Vu le film Le Procès du Chien de Laetitia Dosch (2024) avec Laetitia Dosch Pierre Deladonchamps François Damiens Kodi (le chien) Jean Pascal Zadi Anabella Moreira Anne Dorval Mathieu Demy Tom Fiszelson
Avril Lucciani est une avocate des
causes désespérées, ce qui déplait à son patron qui la voit perdre tous ses
procès. Un demi-marginal, Dariuch, lui demande de défendre son chien Cosmos,
qui a mordu à trois personnes et défiguré sa dernière victime. L'avocate
accepte. Elle persuade le juge qu'il n'est pas un objet, comme le définit la
loi, mais qu'il a droit à un procès, le premier procès de chien depuis le
Moyen-Âge.
Kodi le jeune chien a reçu la Palme Dog
à Cannes 2024
Avec Le Procès du Chien, Laetitia Dosch
signe son premier long-métrage en tant que réalisatrice. Connaissant l’univers
fantasque et décalé de cette actrice franco-suisse, on s’attendait à une
comédie audacieuse, absurde et originale. Et de ce point de vue, le début du
film tient parfaitement ses promesses : un concept insolite, des situations
loufoques, et une ambiance légère qui n’hésite pas à flirter avec l’absurde.
Malheureusement, cette belle énergie initiale s’essouffle rapidement, et le
film finit par tourner en rond sans jamais véritablement décoller.
L’idée de départ est simple mais
efficace : un procès est intenté contre un chien accusé d’avoir mordu un
enfant. Dès le début, on sent que Dosch cherche à jouer sur le décalage entre
la gravité du cadre judiciaire et l’absurdité de la situation. Le spectateur
est intrigué par cette approche déjantée, et les premières scènes, avec leurs
dialogues pleins de dérision et leurs personnages excentriques, font mouche. On
rit devant la disproportion comique du procès, où chacun semble prendre très au
sérieux ce qui, au fond, n’est qu’une querelle banale.
Cependant, passé l’effet de surprise,
le film peine à maintenir son rythme et son originalité. Le scénario, pourtant
prometteur, n’évolue pas vraiment. L’humour répétitif finit par lasser, et
l’histoire stagne sans offrir de véritables rebondissements. Ce qui aurait pu
être une comédie grinçante et rythmée se transforme en une suite de scènes
inégales, où l’ennui finit par s’installer malgré quelques éclairs
d’inspiration.
Avec un casting comprenant François
Damiens et Jean-Pascal Zadi, on pouvait espérer des moments d’anthologie.
Malheureusement, ces deux talents comiques sont sous-exploités.
François Damiens, habitué des rôles
exubérants, se montre ici étonnamment discret. Certes, il parvient à tirer
quelques rires avec son flegme et ses répliques pince-sans-rire, mais son
personnage manque de profondeur et de folie. On a l’impression qu’il joue en
mode automatique, sans jamais se lâcher totalement.
Jean-Pascal Zadi, quant à lui, apporte
une certaine fraîcheur avec son jeu naturel et son énergie, mais il est lui
aussi prisonnier d’un rôle trop limité. Son personnage, pourtant central dans
l’intrigue, aurait mérité un développement plus ambitieux. On attend qu’il
prenne les rênes de l’histoire, qu’il provoque un chaos jubilatoire, mais cela
n’arrive jamais vraiment.
Laetitia Dosch a une vraie sensibilité
visuelle, et cela se sent dans la mise en scène. Elle joue habilement avec les
décors minimalistes du tribunal et les costumes exagérément sérieux des
protagonistes, ce qui renforce l’effet comique du contraste avec l’absurdité du
procès. Cependant, cette mise en scène, bien que soignée, manque parfois de
rythme et d’originalité. Dosch semble hésiter entre plusieurs tons : comédie
burlesque, satire sociale, ou simple fable absurde. Ce manque de cohérence nuit
au film, qui donne l’impression de ne jamais savoir sur quel pied danser.
Le véritable problème de Le Procès du
Chien réside dans son incapacité à exploiter pleinement son potentiel. L’idée
de départ était excellente, et le casting prometteur, mais le film ne va jamais
au bout de ses ambitions. On sent que Dosch a voulu créer une comédie
différente, légère et barrée, mais qu’elle s’est peut-être trop retenue.
Résultat : une œuvre sympathique mais inaboutie, qui laisse un goût d’inachevé.
Ce qui manque au film, c’est une prise
de risque plus affirmée. Là où une comédie de ce genre doit surprendre et
multiplier les situations absurdes, Le Procès du Chien reste trop sage, trop
prévisible. Quelques scènes parviennent à sortir du lot, notamment grâce à
l’humour absurde et aux dialogues décalés, mais elles sont trop rares pour
maintenir l’intérêt sur la durée.
Le Procès du Chien est une comédie
plaisante, mais qui ne tient pas ses promesses. Laetitia Dosch montre qu’elle a
des idées et un style bien à elle, mais elle peine à les concrétiser pleinement
dans ce premier film. Le concept initial, bien que rafraîchissant, s’épuise
rapidement, et l’absence de rythme et de rebondissements finit par lasser.
Quant aux acteurs, ils font ce qu’ils peuvent, mais ils manquent d’un vrai
matériau comique pour briller.
Un film qui
aurait pu devenir une petite pépite du cinéma comique décalé, mais qui, faute
d’audace et d’une écriture plus travaillée, reste un simple divertissement
inégal. Dommage, car avec un casting pareil et une idée de départ aussi
originale, on était en droit d’attendre bien plus.
NOTE : 12.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Lætitia Dosch
- Scénario : Lætitia Dosch et Anne-Sophie Bailly
- Musique : David Sztanke
- Photographie : Alexis Kavyrchine
- Son : Xavier Lavorel, Vuk Vukmanović
- Montage : Suzana Pedro et Isabelle Dewinck
- Décors : Anne-Carmen Vuilleumier
- Costumes : Isa Boucharlat
- Production : Lionel Baier, Agnieszka Ramu, Mathieu Verhaeghe et Thomas Verhaeghe
- Société de production : Bande à Part Productions, en association avec les SOFICA Cinémage 18 et Cofinova 20
- Société de distribution : The Jokers Films et MK2 Films
- Lætitia Dosch : Avril Lucciani
- Kodi le chien : Cosmos
- François Damiens : Dariuch
- Pierre Deladonchamps : Jérôme
- Jean-Pascal Zadi : Marc
- Anne Dorval : Roseline Bruckenheimer
- Anabela Moreira : Lorene Furtado
- Mathieu Demy : le juge
- Tom Fiszelson : Joachim
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire