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jeudi 14 novembre 2024

8.80 - VU LE FILM DES PISSENLITS PAR LA RACINE DE GEORGES LAUTNER (1964)

 


Vu Le film Des Pissenlits par la Racine de Georges Lautner (1964) avec Louis de Funès Mireille Darc Michel Serrault Maurice Biraud Francis Blanche Hubert Deschamps Gianni Musy Raymond Meunier Venantino Venantini Guy Grosso Léon Zitrone

Tout juste libéré de prison, Riton n'a qu'une idée en tête : se venger de Jacques qui lui a volé sa femme Rockie. Lors d'un face-à-face, Jacques tue par accident le gangster qui voulait l'éliminer et cache son cadavre dans l'étui d'une contrebasse appartenant à Jérôme, un musicien. Dès lors, Jacques et Jérôme s'efforcent de se débarrasser de l'étui et de son encombrant contenu.

En toile de fond du début du film une pièce de théâtre intitulée La Lune dans la bière est jouée pour la cinquième année au théâtre de Paris. La pièce de théâtre semble une parodie loufoque à la fois du Prince Igor et de Guerre et Paix.

Des Pissenlits par la Racine, réalisé par Georges Lautner en 1964, est une comédie policière teintée d’absurde, de dérision et de noirceur, portée par des dialogues ciselés de Michel Audiard, qui confère au film son ton décalé et savoureusement irrévérencieux. Ce film, souvent considéré comme un classique mineur de Lautner, est pourtant un excellent exemple de la capacité du cinéaste à jouer avec les codes du polar et de la comédie française pour offrir une satire sociale pleine de verve.

L’intrigue, typique de Lautner, est rocambolesque : Jo, un musicien sans le sou, se retrouve au cœur d’une sombre histoire de magot disparu. Entraîné malgré lui dans cette spirale de quiproquos et d’embrouilles, il doit affronter des gangsters loufoques et des personnages de la pègre aussi dangereux que maladroits. Ce mélange d’innocence et d’intrigues criminelles rappelle l’univers des films noirs américains, mais le tout est traité avec un humour absurde et une légèreté typiquement française, donnant au film son identité unique.

Le film s’appuie sur une distribution éclatante : Jean-Pierre Marielle, en musicien perdu dans ce chaos, fait preuve d’une sobriété comique face à un Bernard Blier cabotin et irrésistible dans son rôle de truand au grand cœur. Francis Blanche, en chef de bande grotesque, et Maurice Biraud, en acolyte improbable, ajoutent à cette galerie de personnages hauts en couleur. Les échanges entre eux sont souvent hilarants, et l’interprétation de chacun souligne le travail sur le langage qui fait la force du film.

La patte de Michel Audiard est omniprésente dans les dialogues : ses répliques caustiques, empreintes de cynisme et de jeux de mots savoureux, confèrent à Des Pissenlits par la Racine un ton jubilatoire. Audiard se moque aussi bien des truands que de la police, en passant par les personnages “honnêtes”, qui finissent souvent par être aussi ridicules que les criminels eux-mêmes. Chaque ligne est un régal, et certaines répliques, devenues cultes, continuent d’amuser les spectateurs des années plus tard.

Sur le plan visuel, Lautner adopte une mise en scène efficace, sans fioritures, privilégiant le rythme et les interactions entre les personnages. La caméra capte la dynamique de groupe et met en avant l’énergie des échanges verbaux, laissant la place aux performances des acteurs et aux dialogues d’Audiard. Cette sobriété accentue l’impression de proximité avec ce petit monde de voyous et de marginaux, souvent plus pathétiques que véritablement effrayants.

Malgré un scénario parfois volontairement décousu, Des Pissenlits par la Racine fonctionne comme une série de sketches enchaînés avec fluidité, où chaque scène regorge de gags visuels et de jeux de mots. L’humour du film repose sur le décalage entre le sérieux des personnages et la futilité de leurs actions, créant un effet comique irrésistible. Ce film offre ainsi un portrait décomplexé d'une société en plein bouleversement, où l’absurdité et l’humour noir permettent de se moquer des institutions et des conventions.

NOTE : 8.80

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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