Vu Le film Des Pissenlits par la Racine de Georges Lautner (1964) avec Louis de Funès Mireille Darc Michel Serrault Maurice Biraud Francis Blanche Hubert Deschamps Gianni Musy Raymond Meunier Venantino Venantini Guy Grosso Léon Zitrone
Tout juste libéré de prison, Riton n'a
qu'une idée en tête : se venger de Jacques qui lui a volé sa femme Rockie. Lors
d'un face-à-face, Jacques tue par accident le gangster qui voulait l'éliminer
et cache son cadavre dans l'étui d'une contrebasse appartenant à Jérôme, un
musicien. Dès lors, Jacques et Jérôme s'efforcent de se débarrasser de
l'étui et de son encombrant contenu.
En toile de fond du début du film une
pièce de théâtre intitulée La Lune dans la bière est jouée
pour la cinquième année au théâtre
de Paris. La pièce de théâtre semble une
parodie loufoque à la fois du Prince Igor et
de Guerre
et Paix.
Des Pissenlits par la Racine, réalisé par Georges Lautner en 1964, est une comédie policière teintée d’absurde, de dérision et de noirceur, portée par des dialogues ciselés de Michel Audiard, qui confère au film son ton décalé et savoureusement irrévérencieux. Ce film, souvent considéré comme un classique mineur de Lautner, est pourtant un excellent exemple de la capacité du cinéaste à jouer avec les codes du polar et de la comédie française pour offrir une satire sociale pleine de verve.
L’intrigue, typique de Lautner, est rocambolesque
: Jo, un musicien sans le sou, se retrouve au cœur d’une sombre histoire de
magot disparu. Entraîné malgré lui dans cette spirale de quiproquos et
d’embrouilles, il doit affronter des gangsters loufoques et des personnages de
la pègre aussi dangereux que maladroits. Ce mélange d’innocence et d’intrigues
criminelles rappelle l’univers des films noirs américains, mais le tout est
traité avec un humour absurde et une légèreté typiquement française, donnant au
film son identité unique.
Le film s’appuie sur une distribution éclatante :
Jean-Pierre Marielle, en musicien perdu dans ce chaos, fait preuve d’une
sobriété comique face à un Bernard Blier cabotin et irrésistible dans son rôle
de truand au grand cœur. Francis Blanche, en chef de bande grotesque, et
Maurice Biraud, en acolyte improbable, ajoutent à cette galerie de personnages
hauts en couleur. Les échanges entre eux sont souvent hilarants, et
l’interprétation de chacun souligne le travail sur le langage qui fait la force
du film.
La patte de Michel Audiard est omniprésente dans
les dialogues : ses répliques caustiques, empreintes de cynisme et de jeux de
mots savoureux, confèrent à Des Pissenlits par la Racine un ton
jubilatoire. Audiard se moque aussi bien des truands que de la police, en
passant par les personnages “honnêtes”, qui finissent souvent par être aussi
ridicules que les criminels eux-mêmes. Chaque ligne est un régal, et certaines
répliques, devenues cultes, continuent d’amuser les spectateurs des années plus
tard.
Sur le plan visuel, Lautner adopte une mise en
scène efficace, sans fioritures, privilégiant le rythme et les interactions
entre les personnages. La caméra capte la dynamique de groupe et met en avant
l’énergie des échanges verbaux, laissant la place aux performances des acteurs
et aux dialogues d’Audiard. Cette sobriété accentue l’impression de proximité
avec ce petit monde de voyous et de marginaux, souvent plus pathétiques que
véritablement effrayants.
Malgré un scénario parfois volontairement
décousu, Des Pissenlits par la Racine fonctionne comme une série de
sketches enchaînés avec fluidité, où chaque scène regorge de gags visuels et de
jeux de mots. L’humour du film repose sur le décalage entre le sérieux des
personnages et la futilité de leurs actions, créant un effet comique
irrésistible. Ce film offre ainsi un portrait décomplexé d'une société en plein
bouleversement, où l’absurdité et l’humour noir permettent de se moquer des
institutions et des conventions.
NOTE : 8.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Georges Lautner
- Scénario : D'après le roman de Clarence Weff, Y'avait un macchabée, éditions Gallimard
- Adaptation : Georges Lautner, Clarence Weff, Albert Kantof
- Dialogues : Georges Lautner, Clarence Weff, supervisé par Michel Audiard
- Assistants réalisateurs : Albert Kantof, Olivier Pierre, Claude Vital
- Images : Maurice Fellous
- Opérateur : Loulou Pastier, assisté de Yves Rodallec et Étienne Rosenfeld
- Musique : Georges Delerue, blues chanté par Janine de Waleyne (éditions Robert Salvet)
- Décors : Jacques Chalvet
- Son : Antoine Archimbaud ; Mixage : Louis Perrin
- Montage : Michelle David, assistée de Gina Pignier
- Photographe de plateau : Jean-Louis Castelli
- Maquillage : Maguy Vernadet
- Mireille Darc est habillée par Ferraud et coiffée par Carita
- Régisseur général : Jean Pieuchot
- Chef électricien : Élie Fontanille
- Assistant manager : Gérard Crosnier
- Administrateur : Madeleine Feix
- Script-girl : Hélène Sébilotte
- Tirage : Laboratoire C.T.M de Gennevilliers
- Mixage : Poste Parisien (Louis Perrin)
- Production : Ardennes Films, Transiter Films, Cocinor (Comptoir Cinématographique du Nord), Les Films Marceau, Columbus Films (Franco-Italienne)
- Directeur de production : Adeline Crouset
- Distribution : Cocinor
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