Pages

jeudi 14 novembre 2024

12.20 - MON AVIS SUR LE FILM 125 RUE MONTMARTRE DE GILLES GRANGIER (1959)


 Vu le film 125 Rue Montmartre de Gilles Grangier (1959) avec Lino Ventura Andréa Parisy Robert Hirsch Dora Doll Lucien Raimbourg Jean Desailly Alfred Adam Pierre Mirat Christian Lude Valérie Vivin Jean Juillard Pierre Collet Paul Mercey

 Pascal Cazalis est un homme sympathique, bourru et quelque peu candide. Crieur de journaux, il vend France-Soir dans les rues. Un jour, son travail achevé, il s'assied au bord de la Seine. Un homme se jette à l'eau à quelques pas de lui. Pascal se précipite et le sauve de la noyade.

L'homme dit se nommer Didier Barrachet. Il se prétend riche et victime d'un complot ourdi par sa femme Catherine et son beau-frère, qui veulent le faire interner. Une complicité amicale s'ébauche entre les deux hommes. Pascal héberge Didier. Mais l'attitude outrancière de ce dernier insupporte son hôte, qui doute de sa bonne foi et même de sa raison, notamment après avoir rencontré sa femme. Toutefois, cédant à des demandes de plus en plus pressantes, Pascal s'introduit un soir dans une maison cossue de Passy, qu'il croit être le domicile de son ami. Il doit y récupérer une forte somme d'argent.

125 Rue Montmartre de Gilles Grangier est un véritable bijou du cinéma français, qui illustre à merveille la maîtrise du réalisateur pour construire une atmosphère prenante et jouer avec la psychologie des personnages. Au cœur de cette intrigue, on retrouve Pascal, interprété par Lino Ventura, un homme à la fois solide et vulnérable, pris dans une spirale où il se retrouve piégé par la malveillance d’un personnage énigmatique, Didier Malefosse, joué de manière inoubliable par Robert Hirsch. Hirsch incarne ici un manipulateur charismatique, un mythomane invétéré qui navigue entre mensonge et vérité avec une aisance troublante, rendant son personnage à la fois fascinant et inquiétant.

La prestation de Hirsch est un point fort du film. Il campe un mythomane sans scrupule qui semble constamment osciller entre l’imposture inoffensive et la perfidie potentiellement mortelle. Ce type de personnage ambigu, à la frontière entre escroc et meurtrier, nous maintient dans un état d’incertitude et de tension permanente. C’est ce contraste entre le calme trompeur de Hirsch et la force tranquille de Ventura qui rend leur duo magnétique. Ventura, avec sa présence brute et son jeu minimaliste, incarne un homme pris au piège, déconcerté mais déterminé à comprendre ce qui lui arrive. Son personnage, loin d'être un héros au sens traditionnel, est un homme ordinaire confronté à une situation extraordinaire, ce qui rend son calvaire d’autant plus touchant.

Grangier, quant à lui, montre ici son talent pour diriger ses acteurs et exploiter leurs nuances. Il laisse Hirsch briller par son excentricité tout en permettant à Ventura de construire un personnage tout en retenue, créant un équilibre parfait entre les deux. Le réalisateur ne cherche pas le spectaculaire, mais préfère une approche réaliste, presque intimiste, de la tension et du suspense, ce qui confère au film un rythme particulièrement efficace. Cette mise en scène sobre met en lumière la noirceur et la fragilité des personnages, accentuant le sentiment d'oppression qui se dégage de l'intrigue.

Ce type de personnage, oscillant entre le pathétique et le diabolique, rappelle les classiques du film noir, où les apparences sont trompeuses et où la confiance est un luxe. On se retrouve donc plongé dans une ambiance captivante, où l’humanité et la faiblesse des personnages sont constamment mises en avant.

NOTE : 12.20

FICHE TECHNIQUE

 


DISTRIBUTION

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire