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dimanche 10 novembre 2024

6.20 - MON AVIS SUR LE FILM MAIGRET A PIGALLE DE MARIO LANDI (1967)

 


Vu le film Maigret à Pigalle de Mario Landi (1967) avec Gino Cervi Jos » Greci Lila Kedrova Enzo Cerusico Ricardo Garrone Alfred Adam Raymond Pellegrin Christian Barbier Claudio Bava Armando Bandini Mario Felliciani Antonio Battistella

Une stripteaseuse de Pigalle vient raconter à la police qu'elle a entendu des clients projeter l'assassinat d'une aristocrate. Les pandores ne la prennent pas au sérieux, mais quand la jeune femme est retrouvée morte, Maigret se saisit de l'affaire. La police découvre également qu'une comtesse a bien été occise et que ses bijoux ont été dérobés. Pour les besoins de l'enquête, Maigret plonge dans le monde interlope des bars louches et de la pègre.

Le film Maigret à Pigalle, réalisé par Mario Landi et sorti en 1966, est une tentative italienne de s’emparer du célèbre commissaire français créé par Georges Simenon. Porté par Gino Cervi, connu pour son interprétation de Don Camillo, le film transpose Maigret dans un Paris fantasmé, qui tient plus du cliché que de l’atmosphère psychologique et réaliste des romans de Simenon.

La production, destinée au marché italien, peine à capter l’essence de l’univers du commissaire à la pipe. Au lieu de recréer l’ambiance feutrée et introspective qui caractérise les enquêtes de Maigret, le film préfère une approche caricaturale où les « tics » de Maigret sont exagérés, laissant de côté la complexité et la profondeur du personnage. Le commissaire est présenté sous des traits grossiers, réduits à des clichés de policier à la fois paternaliste et bourru, sans les nuances introspectives que Simenon développe dans ses romans.

En s’installant dans Pigalle, quartier de Paris connu pour sa vie nocturne et ses cabarets, Maigret à Pigalle aurait pu offrir un cadre intéressant pour une enquête typiquement "noire" et glauque, qui fasse écho à la noirceur sociale qu’explore Simenon. Or, l’ambiance se réduit ici à une série de scènes pittoresques qui flirtent avec les stéréotypes du Paris interlope, sans jamais atteindre la dimension psychologique qui donne toute sa richesse aux histoires de Maigret. Les dialogues sont souvent plats, avec des tentatives d’humour qui tombent à plat. La réalisation elle-même semble hésitante, sans véritable direction artistique : au lieu d'une atmosphère pesante, il s'agit davantage d'une succession de décors et de costumes "pour faire genre", dans une représentation peu crédible de Pigalle.

La faiblesse du film réside également dans son incapacité à proposer un mystère captivant ou une intrigue qui prenne. Les scènes s’enchaînent sans tension dramatique, et les révélations finales n’ont que peu d’impact. Là où Simenon mise sur des personnages secondaires souvent troublants et ambigus, Mario Landi nous propose des figures stéréotypées, sans grand relief. Le public, peu impliqué émotionnellement, risque de se lasser rapidement.

Maigret à Pigalle est un film décevant qui ne fait ni honneur au personnage ni aux ambiances subtiles des romans de Simenon. En cherchant à séduire le public italien avec un exotisme de carte postale et des artifices convenus, le film manque la profondeur psychologique et l'ambiance lourde qui caractérisent les enquêtes du célèbre commissaire.

NOTE : 6.20


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