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dimanche 10 novembre 2024

13.10 - MON AVIS SUR LE FILM VIVEMENT DIMANCHE DE FRANCOIS TRUFFAUT (1983)

 


Vu le film Vivement Dimanche de François Truffaut (1983) avec Fanny Ardant Jean Louis Trintignant Castel Casti Roland Thenot Anik Belaubre Jean Louis Richard Jacques Vidal Philippe Laudenbach Xavier Saint Macary Philippe Morier Genoud Yann Dedet Eva Truffaut

Agent immobilier sans histoires, Julien Vercel voit sa vie basculer du jour au lendemain quand son épouse et l'amant de celle-ci sont assassinés. Suspecté par la police, Julien se cache dans son arrière-boutique. Barbara, sa secrétaire, décide de mener l'enquête pour innocenter Julien dont elle est secrètement amoureuse. Ses investigations la mènent sur différentes pistes dont certaines se révèlent particulièrement dangereuses.

Vivement Dimanche ! sorti en 1983, marque l’adieu cinématographique de François Truffaut, un réalisateur qui, en plus de contribuer à la Nouvelle Vague, a exploré des genres variés tout au long de sa carrière. Pour ce dernier film, il s’aventure dans le polar noir, mais le traite avec une légèreté toute française, teintée de romantisme et d’ironie. Truffaut ne cherche pas à se plier aux codes stricts du film noir américain : au contraire, il en conserve l’essence mais y injecte sa propre touche, faite de passion pour le cinéma et d’amour pour ses personnages.

L’intrigue du film repose sur une histoire de meurtre et d’enquête. Jean-Louis Trintignant incarne Julien Vercel, un agent immobilier accusé de meurtre, tandis que Fanny Ardant joue son secrétaire, Barbara Becker, qui se lance à corps perdu pour prouver son innocence. Trintignant est impeccable dans son rôle : il apporte une ambiguïté calculée, incarnant un homme à la fois vulnérable et distant, au regard mélancolique et tourmenté. Caroline Sihol, dans un rôle secondaire, complète ce casting avec une performance marquante, mais c’est bien Fanny Ardant qui domine le film. Dans le rôle de Barbara, elle est déterminée, drôle, et magnétique, une héroïne moderne et résolument indépendante.

Le film doit beaucoup à la photographie de Néstor Almendros, qui réussit à capturer en noir et blanc la beauté et l’atmosphère du film noir tout en le modernisant. Le choix de tourner en noir et blanc est un hommage aux classiques du genre, mais également un moyen pour Truffaut de transcender le réalisme pour atteindre une dimension plus poétique. Les contrastes lumineux magnifient les visages et les regards, accentuent les ombres, et donnent au film un aspect intemporel. Le noir et blanc devient une texture, une façon d’approcher le mystère tout en conservant une certaine distance ludique.

Si l’enquête policière occupe le centre de l’intrigue, Truffaut ne cherche pas à en faire l’élément le plus important. Il s’intéresse davantage aux jeux de séduction, aux regards échangés, et à la dynamique entre ses personnages. L’enquête devient ainsi le prétexte à une exploration des rapports humains. L’humour est présent dans chaque scène, souvent absurde ou burlesque, et les dialogues sont ponctués de répliques ironiques. En cela, Vivement Dimanche ! s’écarte des canons classiques du film noir pour s’approcher de la comédie policière à la française, où l’enjeu n’est pas tant le dénouement de l’enquête que la relation qui se tisse entre les personnages.

Fanny Ardant est indéniablement au centre du film. Truffaut, qui a souvent placé les femmes au cœur de son œuvre, donne ici à Ardant un de ses rôles les plus mémorables. Son personnage est à la fois fort, drôle, et touchant, et incarne cette féminité moderne que Truffaut aimait tant : elle n’attend pas d’être sauvée, c’est elle qui prend les devants. Dans ce rôle, Ardant est éclatante, à la fois mystérieuse et vibrante, incarnant une femme libre et résolue qui agit selon ses propres règles. Sa présence apporte une profondeur et une chaleur au film, ajoutant une dimension émotionnelle qui transcende le genre policier.

Vivement Dimanche ! est un adieu élégant, un film où Truffaut rend hommage au cinéma qu’il a tant aimé, tout en y injectant sa propre sensibilité. En mélangeant l’humour et le mystère, la légèreté et le drame, Truffaut parvient à créer une œuvre unique, empreinte de nostalgie et de charme. Ce dernier film reste un hommage subtil et tendre à son amour du cinéma et à cette magie des relations humaines, qui, pour lui, étaient l’essence même de l’art cinématographique.

NOTE : 13.10

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