Vu le film Vivement Dimanche de François Truffaut (1983) avec Fanny Ardant Jean Louis Trintignant Castel Casti Roland Thenot Anik Belaubre Jean Louis Richard Jacques Vidal Philippe Laudenbach Xavier Saint Macary Philippe Morier Genoud Yann Dedet Eva Truffaut
Agent immobilier sans histoires, Julien Vercel voit sa
vie basculer du jour au lendemain quand son épouse et l'amant de celle-ci sont
assassinés. Suspecté par la police, Julien se cache dans son arrière-boutique.
Barbara, sa secrétaire, décide de mener l'enquête pour innocenter Julien dont
elle est secrètement amoureuse. Ses investigations la mènent sur
différentes pistes dont certaines se révèlent particulièrement dangereuses.
Vivement Dimanche ! sorti en 1983, marque l’adieu
cinématographique de François Truffaut, un réalisateur qui, en plus de
contribuer à la Nouvelle Vague, a exploré des genres variés tout au long de sa
carrière. Pour ce dernier film, il s’aventure dans le polar noir, mais le
traite avec une légèreté toute française, teintée de romantisme et d’ironie.
Truffaut ne cherche pas à se plier aux codes stricts du film noir américain :
au contraire, il en conserve l’essence mais y injecte sa propre touche, faite
de passion pour le cinéma et d’amour pour ses personnages.
L’intrigue du film repose sur une histoire de meurtre et
d’enquête. Jean-Louis Trintignant incarne Julien Vercel, un agent immobilier
accusé de meurtre, tandis que Fanny Ardant joue son secrétaire, Barbara Becker,
qui se lance à corps perdu pour prouver son innocence. Trintignant est
impeccable dans son rôle : il apporte une ambiguïté calculée, incarnant un
homme à la fois vulnérable et distant, au regard mélancolique et tourmenté.
Caroline Sihol, dans un rôle secondaire, complète ce casting avec une performance
marquante, mais c’est bien Fanny Ardant qui domine le film. Dans le rôle de
Barbara, elle est déterminée, drôle, et magnétique, une héroïne moderne et
résolument indépendante.
Le film doit beaucoup à la photographie de Néstor
Almendros, qui réussit à capturer en noir et blanc la beauté et l’atmosphère du
film noir tout en le modernisant. Le choix de tourner en noir et blanc est un
hommage aux classiques du genre, mais également un moyen pour Truffaut de
transcender le réalisme pour atteindre une dimension plus poétique. Les
contrastes lumineux magnifient les visages et les regards, accentuent les
ombres, et donnent au film un aspect intemporel. Le noir et blanc devient une
texture, une façon d’approcher le mystère tout en conservant une certaine
distance ludique.
Si l’enquête policière occupe le centre de l’intrigue,
Truffaut ne cherche pas à en faire l’élément le plus important. Il s’intéresse
davantage aux jeux de séduction, aux regards échangés, et à la dynamique entre
ses personnages. L’enquête devient ainsi le prétexte à une exploration des
rapports humains. L’humour est présent dans chaque scène, souvent absurde ou
burlesque, et les dialogues sont ponctués de répliques ironiques. En cela, Vivement
Dimanche ! s’écarte des canons classiques du film noir pour s’approcher de
la comédie policière à la française, où l’enjeu n’est pas tant le dénouement de
l’enquête que la relation qui se tisse entre les personnages.
Fanny Ardant est indéniablement au centre du film.
Truffaut, qui a souvent placé les femmes au cœur de son œuvre, donne ici à
Ardant un de ses rôles les plus mémorables. Son personnage est à la fois fort,
drôle, et touchant, et incarne cette féminité moderne que Truffaut aimait tant
: elle n’attend pas d’être sauvée, c’est elle qui prend les devants. Dans ce
rôle, Ardant est éclatante, à la fois mystérieuse et vibrante, incarnant une
femme libre et résolue qui agit selon ses propres règles. Sa présence apporte
une profondeur et une chaleur au film, ajoutant une dimension émotionnelle qui
transcende le genre policier.
Vivement Dimanche ! est un adieu élégant, un film
où Truffaut rend hommage au cinéma qu’il a tant aimé, tout en y injectant sa
propre sensibilité. En mélangeant l’humour et le mystère, la légèreté et le
drame, Truffaut parvient à créer une œuvre unique, empreinte de nostalgie et de
charme. Ce dernier film reste un hommage subtil et tendre à son amour du cinéma
et à cette magie des relations humaines, qui, pour lui, étaient l’essence même
de l’art cinématographique.
NOTE : 13.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : François Truffaut, assisté de Pascal Deux et Suzanne Schiffman
- Scénario : Jean Aurel, Suzanne Schiffman et François Truffaut, d'après le roman The Long Saturday Night de Charles Williams
- Production : Armand Barbault, François Truffaut
- Musique : Georges Delerue
- Photographie : Néstor Almendros
- Montage : Martine Barraqué
- Décors : Hilton McConnico
- Pays de production : France
- Sociétés de production : Les Films du Carrosse, Films A2, Soprofilms
- Sociétés de distribution : Acteurs auteurs associés (), MK2 Diffusion ( - DVD), Toho-Towa (), Artificial Eye (), Rai Movie ( - TV), BIM Distribuzione ( - DVD), International Spectrafilm (), Umbrella Entertainment ()
- Jean-Louis Trintignant : Julien Vercel, l'agent immobilier soupçonné de meurtre
- Fanny Ardant : Barbara Becker, la secrétaire de Julien Vercel
- Jean-Pierre Kalfon : l'abbé Massoulier, le frère de la première victime
- Caroline Silhol : Marie-Christine Vercel, épouse de Julien, la seconde victime
- Anik Belaubre : Paula Delbecq, caissière du cinéma l'Eden, la troisième victime
- Jean-Louis Richard : Louison, patron du cabaret l'Ange Rouge, la quatrième victime
- Philippe Laudenbach : Maître Clément, l'avocat de Julien Vercel
- Philippe Morier-Genoud : Santelli, le commissaire de police chargé de l'enquête
- Georges Koulouris : le détective Lablache
- Xavier Saint-Macary : Bertrand Fabre
- Yann Dedet : Visage d'ange
- Nicole Félix : la prostituée défigurée
- Pascale Pellegrin : la candidate au secrétariat
- Roland Thénot : Jambreau
- Pierre Gare : l'inspecteur Poivert
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