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samedi 9 novembre 2024

14.20 - VU LE FILM L'AMOUR A LA MER DE GUY GILLES (1962)

 


Vu L’Amour à la Mer (découverte sur Cinetek) de Guy Gilles (1962) avec Daniel Moosman Guy Gilles Geneviève Tennier Jean Claude Barrier Simone Paris Lili Bontemps Juliette Gréco Sophie Daumier Jean Pierre Leaud Bernard Verley Patrick Jouanné Pierre Fabre

Valses entre personnages déplacés de leurs pays, confusions des sentiments de Daniel et Guy, des marins de retour en France après la guerre d’Algérie, et de Geneviève, elle aussi évoluant entre Paris et Brest, jeunes gens troublés par leurs rêves de liberté et leurs hésitations entre séductions parisiennes et plages ensoleillées de l’été…

L'amour à la mer de Guy Gilles est une œuvre poétique et délicate qui transporte le spectateur dans une ballade mélancolique et nostalgique, où la confusion des sentiments et les errances de l’âme sont au cœur de l’expérience cinématographique. Ce film, qui a une forte empreinte autobiographique, reflète les questionnements intimes de Gilles à travers le personnage de Daniel, un alter ego dans lequel se cristallisent les émotions et les doutes de l’auteur. Le film se situe dans le Paris des années 60, particulièrement dans les quartiers populaires de Pigalle, où l’on ressent cette atmosphère d’une époque révolue, celle des rues animées, des bars, des cabarets et des cinémas qui accueillaient une jeunesse en quête de soi.

Les apparitions de figures iconiques de l’époque, comme Juliette Gréco, Jean-Claude Brialy et Jean-Pierre Léaud, confèrent au film une dimension mythique. Ces rencontres ajoutent une touche d’intemporalité, presque magique, en inscrivant le personnage principal dans une ronde d’artistes qui marquaient alors la scène culturelle française. Parmi ces rencontres, l’arrivée de Patrick Jouanné, qui deviendra l’une des muses de Gilles, symbolise une forme d’abandon romantique, de relation fragile et précieuse que Gilles explore avec une sensibilité unique.

Guy Gilles propose ici un cinéma de l’errance sentimentale, de l’amour déçu, du souvenir et de la solitude. Avec son style nonchalant et sensible, il filme Paris comme on caresse une photo jaunie : ses enseignes lumineuses, les rues battues par le vent, les néons des bars et les nuits froides où l’on se réfugie pour oublier le temps qui passe. Gilles capte ainsi l’âme de Pigalle, celle d’une époque vibrante et libre où les rêves se frottaient à la réalité crue.

La beauté de L'amour à la mer réside dans sa capacité à capturer des moments d’intimité profonde et des sentiments flottants, traduisant un mal-être et une quête d’appartenance qui résonnent encore aujourd’hui. La poésie visuelle de Guy Gilles, portée par une caméra qui semble danser autour de ses sujets, nous invite à une promenade dans son univers intérieur, à la fois lumineux et ombrageux, où la nostalgie et la passion cohabitent avec une grâce infinie.

Une balade également dans le Pigalle de mon adolescence , sa nonchalance, ses bars où on se refugiait quand il faisait froid, ses boites à Streep Tease, ses enseignes sur les toits , sa fête foraine , ses cinémas

Le parcours de Gilles, atypique dans le cinéma français, est empreint de cette âme sensible qui ne s’exprime nulle part ailleurs que dans ses films. L'amour à la mer est une œuvre essentielle pour comprendre son art, un cinéma d’une rare beauté où chaque plan semble porter les traces d’un passé trop vite oublié.

NOTE : 14.20

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