Dans le cadre des Mille Films de Ma Vie , je vous propose le film La Prisonnière du Désert de John Ford (1956) avec John Wayne Jeffrey Hunter Natalie Wood Vera Miles Ward Bond John Qualen Olive Golden Harry Carrey Jr Henry Brandon Kern Curtis Antonio Moreno Hank Worden Lana Wood
Texas, 1868. Des Indiens Comanches attaquent
le ranch d'Aaron
Edwards, qui est tué ainsi que sa femme et son plus jeune fils. Ethan, le frère
d'Aaron, découvrant le drame, part à la recherche de Lucy et Debbie, ses deux
nièces disparues au cours de l'attaque. Bientôt, il n'est plus accompagné dans
sa quête que de Martin Pawley (fils adoptif d'Aaron Edwards et donc neveu
d'Ethan) et de Brad Jorgensen, le fiancé de Lucy.
La Prisonnière du désert
(The Searchers), réalisé par John Ford en 1956, est incontestablement
l’un des plus grands westerns de l’histoire du cinéma, porté par la maîtrise
absolue du genre par Ford et l’interprétation magistrale de John Wayne. Ce film
dépasse le cadre du western traditionnel, offrant une réflexion complexe sur la
famille, la violence, la guerre, et la quête de soi dans une Amérique en pleine
construction.
Le personnage central, Ethan Edwards,
interprété par John Wayne, est un vétéran de la Guerre de Sécession, revenant
dans un monde qu’il ne reconnaît plus, marqué par la violence et la haine. Sa
mission, retrouver sa nièce Debbie (jouée par Natalie Wood) enlevée par les
Comanches, le plonge dans une quête qui dure des années. Cette traque, motivée
par une obsession implacable, est l’âme du film. Ethan, un homme rongé par son
propre racisme et ses démons intérieurs, est un personnage fascinant, bien plus
complexe que le héros typique des westerns classiques.
Le film traite subtilement des tensions
raciales, à travers la guerre contre les Comanches, qui peut rappeler d'autres
conflits de l’histoire américaine et des guerres contemporaines. John Ford ne
présente pas une vision manichéenne des événements : la violence est
omniprésente, mais elle touche tous les camps, sans héros ni victimes
clairement définies. Ethan lui-même est un anti-héros, capable d’actes aussi
bien héroïques que terribles.
Les relations familiales sont au cœur
du récit, et Ford explore les conflits d’ego, les divisions internes qui
déchirent les familles face à l’adversité. La scène où les femmes attendent,
stoïques, devant la maison, tandis que leurs hommes partent se battre, est un
moment particulièrement puissant. Ce plan illustre l’attente, la résignation,
et la force silencieuse des femmes de cette époque, qui enduraient les
souffrances de la guerre autant que les hommes.
La photographie, signée Winton C. Hoch,
est l’un des éléments qui élève ce film au rang de chef-d’œuvre. Les vastes
paysages de Monument Valley, emblématiques des films de John Ford, servent ici
de toile de fond épique à l’action, bien que l’histoire se déroule au Texas.
Les panoramas saisissants, les jeux de lumière, et les cadres picturaux
apportent une dimension presque mythique à l’histoire. Monument Valley, avec
ses couleurs flamboyantes et ses formations rocheuses monumentales, devient un
personnage à part entière du film, symbolisant à la fois la beauté et la
brutalité de l’Ouest américain.
L’obsession d’Ethan pour retrouver
Debbie, coûte que coûte, est le moteur du film, mais Ford montre également ce
que cette quête sacrifie : une vie rangée, la paix intérieure, et la
possibilité de réconciliation. Ethan est un homme en guerre permanente, avec le
monde qui l’entoure et avec lui-même. Sa relation avec Martin Pawley (Jeffrey
Hunter), son neveu adopté, reflète cette lutte entre la haine et la compassion,
et leur dynamique complexe apporte une autre dimension à cette histoire de
vengeance et de rédemption.
Ford jongle avec les codes du western
tout en les transcendant. Ce n’est pas seulement un film d’action ou de
poursuite, mais une réflexion profonde sur la nature humaine, la violence
inhérente à la conquête de l’Ouest, et le prix à payer pour l’obsession et la
vengeance. La Prisonnière du désert est un western où l’on déguste
chaque plan avec plaisir, où chaque détail, des décors aux dialogues, est
soigneusement pensé pour servir une narration d’une rare intensité.
C’est un film qui laisse une impression
durable, un voyage à travers les ténèbres de l’âme humaine, magistralement
orchestré par un cinéaste au sommet de son art.
NOTE : 17.30
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : John Ford, assisté de Gary Nelson (non crédité)
- Scénario : Frank S. Nugent, d'après le roman d'Alan Le May
- Musique : Max Steiner
- Décors : Victor A. Gangelin
- Costumes : Frank Beetson
- Photographie : Winton C. Hoch et Alfred Gilks (2e équipe)
- Montage : Jack Murray
- Production : Merian C. Cooper et Patrick Ford
- Société de production : C. V. Whitney Pictures
- Société de distribution : Warner Bros. Pictures
- Pays de production : États-Unis
- Langues originales : anglais et secondairement navajo et espagnol
- Format : couleur (Technicolor VistaVision) — 35 mm — 1,85:1 — son mono
- Durée : 118 minutes
- John Wayne (VF : Raymond Loyer) : Ethan Edwards
- Jeffrey Hunter (VF : Jacques Thébault) : Martin Pawley
- Vera Miles (VF : Micheline Cevennes) : Laurie Jorgensen
- Ward Bond (VF : Pierre Morin) : le révérend Samuel Johnson Clayton, capitaine des Texas Rangers
- Natalie Wood (VF : Jeanine Freson) : Debbie (diminutif de Deborah) Edwards
- John Qualen (VF : Georges Hubert) : Lars Jorgensen
- Olive Golden (VF : Marie Francey) : Ma Jorgensen
- Harry Carey Jr. (VF : Michel Gudin) : Brad Jorgensen
- Henry Brandon : le chef indien Éclair (ou Relampago), dit le Balafré (« Cicatriz » ou « Scar » en VO)
- Ken Curtis (VF : Roger Rudel) : Charlie McCorry
- Antonio Moreno (VF : Jean-Henri Chambois) : Emilio Gabriel Fernandez y Figueroa
- Hank Worden : Moïse Harper
- Lana Wood (VF : Linette Lemercier) : Debbie (diminutif de Deborah) enfant
- Patrick Wayne : lieutenant Greenhill
- Dorothy Jordan (VF : Lita Recio) : Martha Edwards
- Walter Coy (VF : Pierre Leproux) : Aaron Edwards
- Pippa Scott : Lucy Edwards
- Robert Lyden : Ben (diminutif de Benjamin) Edwards
- Peter Mamakos (VF : Jean Clarieux) : Jerem Futterman, le commerçant
- Nacho Galindo (non crédité) : le barman mexicain
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