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dimanche 13 octobre 2024

14.10 - MON AVIS SUR LE FILM LA SALLE DES PROFS DE ILJER CATAK (2023)

 


Vu le film La Salle des Profs de İlker Çatak (2023) avec Leonie Benesch  Michael Klammer  Rafael Stachowiak  Anne-Kathrin Gummich  Eva Löbau  Kathrin Wehlisch  Sarah Bauerett  Leonard Stettnisch  Oscar Zickur  Antonia Luise Krämer 

Carla Nowak est une jeune enseignante de mathématiques et d'éducation physique dans un établissement d'enseignement secondaire qui déclare appliquer une politique de « tolérance zéro ». Une série de vols va créer un climat de suspicion au sein de l'établissement.

La Salle des Profs (titre original Das Lehrerzimmer), réalisé par İlker Çatak, est un film allemand qui, malgré des moyens modestes, parvient à offrir une réflexion profonde sur le pouvoir, la justice, et les dynamiques sociales au sein d'un établissement scolaire. Il a été largement acclamé dans son pays, remportant plusieurs prix et devenant même la sélection de l'Allemagne pour les Oscars. Son succès repose sur un récit tendu qui tire habilement parti d’une situation apparemment banale : une série de petits vols au sein d'une école.

Le film s'articule autour d'une tension croissante qui transforme ces vols en une affaire presque existentielle, non seulement pour les élèves mais aussi pour les enseignants. L'établissement met une pression intense sur ses enseignants, reflétant un climat scolaire devenu oppressant. On y découvre un environnement où les élèves sont incités à dénoncer leurs camarades, créant ainsi une atmosphère de suspicion généralisée. Dans ce contexte, l'injustice et l'erreur humaine peuvent avoir des conséquences dévastatrices.

Leonie Benesch, dans le rôle principal, livre une prestation remarquablement nuancée. Elle incarne une jeune enseignante idéaliste qui, malgré ses bonnes intentions, se retrouve piégée par la spirale de tensions qui se développent autour de ces événements mineurs. Son personnage évolue de manière fascinante tout au long du film, passant d'une volonté de justice à une prise de conscience des mécanismes pervers à l'œuvre dans cette école. Benesch réussit à capturer la fragilité et la détermination de son personnage, et sa performance est d’autant plus impressionnante qu'elle reste subtile, tout en véhiculant une intensité palpable.

En face d'elle, Leonard Stettnisch joue un rôle clé dans le film, celui du "coupable idéal" pour l'école. Son personnage est celui d’un élève vulnérable, isolé, sur qui les soupçons se portent rapidement. Le jeu de Stettnisch est tout aussi admirable, car il incarne avec justesse la confusion, l’injustice et la douleur d’un enfant pris dans des rouages qui le dépassent. La pression qui s'accumule sur ses épaules est poignante, et la manière dont l'école et les adultes projettent leurs propres peurs et frustrations sur lui est une critique acerbe des institutions éducatives.

La mise en scène de İlker Çatak, bien que discrète, parvient à capturer l'intensité des interactions humaines. Le film n'a pas besoin d'effets spectaculaires ni de scènes d'action trépidantes ; c'est dans le regard des personnages, dans les silences pesants et dans les confrontations verbales que se déploie toute la puissance dramatique du récit. Le réalisateur joue sur les non-dits, les regards échangés dans les couloirs, les réunions dans la salle des professeurs qui deviennent presque des tribunaux informels.

La scène de fin, où le jeune Leonard Stettnisch est assis sur une chaise, est un moment particulièrement fort. Cette scène donne véritablement le tournis, non seulement par la manière dont elle est filmée, mais aussi par ce qu’elle symbolise : la solitude, l'injustice, et l’échec d'un système qui broie les individus sous le poids des attentes et des suspicions. C’est un final saisissant qui laisse le spectateur à la fois perplexe et profondément troublé.

NOTE : 14.10

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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