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lundi 22 décembre 2025

14.80 - MON AVIS SUR LE FILM PONYO SUR LA FALAISE DE HAYAO MIYAZAKI (2008)


 Vu le Film d’Animation  Ponyo sur la Falaise de Hayao Miyazaki  (2008 

Avec Ponyo sur la falaiseHayao Miyazaki revient à l’un de ses thèmes de prédilection : les océans, la mer, l’eau comme force vitale, mystérieuse et indomptable. La mer chez Miyazaki n’est jamais un simple décor : c’est une mère, une menace, une promesse, un souvenir ancien. Ici, elle nous entraîne dans un conte qui évoque clairement Hans Christian Andersen, et plus précisément La Petite Sirène, mais filtré par l’imaginaire unique et libre du maître japonais. 

La rencontre entre Sōsuke, petit garçon sérieux et déjà responsable malgré son jeune âge, et Ponyo, petite fille-poisson rouge échappée des profondeurs, est à la fois poétique, improbable et immédiatement évidentePonyo, au début, est littéralement enfermée dans un pot de confiture (on ne connaîtra jamais l’arôme, et c’est très bien comme ça), image à la fois absurde, tendre et profondément miyazakienne. En quelques plans, le film impose un monde où l’imaginaire de l’enfance est roi. 

Miyazaki joue ici sur une variation très personnelle de La Belle et la Bête : Ponyo est prisonnière d’un corps qui n’est pas le sien, coincée entre deux mondes, entre mer et terre, entre animal et humain. Ça vous dit quelque chose ? Bien sûr. Mais chez Miyazaki, ce thème n’est jamais pesant, jamais explicatif. Il est ressenti, incarné par le mouvement, la couleur, la musique, le regard émerveillé des enfants. 

Le film oppose constamment le petit et le grand : l’enfance face à la nature, l’intime face au cosmique, un seau d’eau contre un océan déchaîné. La montée des eaux, la tempête, les vagues gigantesques peuplées de poissons préhistoriques sont autant de tableaux visuels d’une beauté picturale sidérante, entièrement dessinés à la main. La mise en scène est d’une fluidité incroyable : la mer semble vivante, presque consciente, comme si elle respirait au rythme de Ponyo. 

Le scénario, volontairement simple, assume son côté conte pur, presque naïf — et c’est précisément là sa force. Miyazaki ne cherche pas la complexité narrative, mais la justesse émotionnelle. L’amour ici n’est pas romantique au sens adulte, il est absolu, enfantin, sincère, capable de rééquilibrer le monde. Sōsuke accepte Ponyo telle qu’elle est, sans condition, sans peur. Un geste simple, mais immense. 

Les personnages secondaires sont, comme toujours chez Ghibli, merveilleusement écrits : la mère de Sōsuke, Lisa, femme libre, énergique, parfois débordée mais profondément aimante ; Fujimoto, le père de Ponyo, sorte de savant fou aquatique, à la fois inquiétant et pathétique, figure d’un adulte dépassé par la liberté de l’enfance. 

Côté voix, le casting japonais est remarquable, et en version française, les acteurs apportent une douceur et une chaleur qui respectent l’esprit du film sans jamais le surjouer. La musique de Joe Hisaishi, plus simple, presque enfantine comparée à ses grandes partitions épiques, accompagne parfaitement ce récit tout en rondeur et en mouvement. 

Ponyo sur la falaise est un film qui regarde le monde à hauteur d’enfant, mais qui parle aux adultes de ce qu’ils ont perdu : la capacité d’accepter l’impossible, de croire sans preuve, d’aimer sans calcul. Sous ses airs de fable lumineuse, le film évoque aussi notre rapport à la nature, à l’équilibre fragile entre l’homme et son environnement — sans jamais faire la leçon. 

Un film libre, joyeux, profondément humain, où Miyazaki nous rappelle que la mer n’appartient à personne, que l’enfance est une force, et que parfois, un simple poisson rouge peut sauver le monde.

NOTE : 14.80

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Voix originales

Voix françaises


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