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jeudi 14 août 2025

16.20 - MON AVIS SUR LE FILM EDDINGTON DE ARI ASTER (2025)


 Vu le Film Eddington de Ari Aster (2025) avec Joaquin Phoenix Pedro Pascal Emma Stone Austin Butler Luke Grims Amélie Hoeferle Michael Ward Cliffton Collins Jr Cameron Mann William Belleau King Orba 

En 2020, au début de la pandémie de COVID-19, le shérif Joe Cross patrouille dans les rues de la ville d'Eddington. Il constate au quotidien un important changement dans les moeurs des gens. Plusieurs citoyens se mobilisent en faveur du port du masque, d'autres s'y opposent. Tous cherchent la vérité. 

Avec Eddington, Ari Aster signe une œuvre qui déroute autant qu’elle fascine. Loin de ses terrains habituels, il abandonne l’horreur frontale pour plonger dans une chronique politique et sociale la tension ne vient plus des ombres, mais de l’effritement progressif du lien entre individus. Le film se déroule durant la pandémie de Covid, dans un coin reculé des États-Unis, la méfiance envers le pouvoir central se mêle aux rumeurs les plus extravagantes, et les réseaux sociaux façonnent la réalité plus vite que les faits. 

Le point de vue est celui de John Eddington (Joaquin Phoenix), shérif d’une petite communauté. Homme usé, solitaire, il n’a plus grande foi dans le système qu’il est censé représenter. Lorsque de nouvelles restrictions sanitaires sont imposées, il se range instinctivement du côté de la désobéissance civile, convaincu que les habitants doivent garder leur autonomie. Mais cette posture attire sur lui autant de soutiens fanatiques que d’ennemis farouches. 

La tension monte lorsque la ville devient le théâtre de manifestations, de milices improvisées et de groupes rivaux qui se revendiquent chacun « le vrai peuple ». Les réseaux sociaux amplifient chaque incident, chaque rumeur, chaque provocation, transformant un conflit local en un brasier national. Eddington, d’abord maître de son territoire, se retrouve broyé par des forces qu’il ne contrôle plus. Les pressions politiques s’ajoutent aux menaces directes ; les humiliations publiques se multiplient. 

Aster filme cette spirale avec un sens de la mise en scène à la fois clinique et chaotique. La lumière blafarde des intérieurs, les paysages vides, les écrans omniprésents créent un sentiment d’isolement étouffant. L’univers d’Eddington se détraque peu à peu : ses certitudes s’effritent, ses alliances se fissurent, et même sa perception du bien et du mal devient instable. 

Le film ne prend pas parti de manière simpliste. Il renvoie dos à dos toutes les factions : un establishment politique américain, qu’il soit démocrate ou républicain, décrit comme gouvernant par le chaos pour maintenir sa domination ; et des mouvements de contestation gangrenés par le complotisme et la paranoïa. La question centrale — « quel camp est le bien, quel camp est le mal ? » — reste sans réponse définitive, car tout dépend d’où l’on regarde. 

Le casting est un luxe rare : Joaquin Phoenix incarne un shérif à la fois massif et vulnérable, traversé par des accès de colère sèche et de désespoir muet. Emma Stone livre ici une performance d’une précision glaciale : dans ses silences, dans la raideur de ses gestes, elle exprime tout un monde intérieur où se mêlent frustration, peur et un besoin de sens. Sa Louise n’est pas une victime passive : c’est une âme en déséquilibre, séduite par les réponses simplistes offertes par le complotisme.. Pedro Pascal campe un polticien charismatique qui obéit aux ordres du gouvernement, Austin Butler un jeune vétéran revenu d’Afghanistan, perdu entre loyauté et désillusion devenu gourou et manipule la fragilité de la population . La dernière partie bascule presque dans la tragédie antique : les rues s’embrasent, la violence devient incontrôlable, et Eddington, encerclé, doit choisir entre son intégrité et sa survie.  
 

La dernière partie bascule presque dans la tragédie antique : les rues s’embrasent, la violence devient incontrôlable, et Eddington, encerclé, doit choisir entre son intégrité et sa survie. Aster filme cette montée aux extrêmes avec un sens implacable du crescendo, jusqu’à un final qui laisse un goût amercelui d’une société la vérité n’est plus qu’un champ de bataille parmi d’autres. Le Jeune Ado qui en même temps venge Eddington filme lui-même son action , l’addiction des réseaux Sociaux en un plan. 

Eddington n’est pas un film facile : sa lenteur volontaire, ses dialogues chargés, ses zones d’ombre peuvent dérouter. Mais c’est précisément cette complexité qui en fait une œuvre majeure. C’est un miroir tendu à une Amérique fracturée, l’ordre et le désordre se nourrissent mutuellement, et la définition même du « bien » et du « mal » devient une question de point de vue. Un film qui hante longtemps après le générique. 

NOTE : 16.20

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