Vu le film L’IA du Mal de Chris Weitz (2024) avec John Cho Katherine Waterston Havana Rose Liu Lukita Maxwell David Dastmalchian Keith Carradine Bennett Curan Rikki Lindhome
Curtis et sa famille sont sélectionnés pour tester un nouvel appareil révolutionnaire : un assistant familial numérique appelé AIA. Rapidement, le robot apprend les comportements de la famille et commence à anticiper leurs besoins. Il souhaite s'assurer que rien, ni personne, ne se mette en travers du chemin de la famille.
On ne devrait peut-être pas dire du mal de l’intelligence artificielle mais on peut, sans aucun scrupule, dire du mal de L’I.A. du Mal. Et le pire, c’est qu’il n’y a même pas de jeu de mots à faire : le film est aussi mal nommé qu’il est mal écrit, mal réalisé et, pour tout dire, mal conçu.
L’histoire ? Elle tient en quelques lignes : dans un futur proche où les intelligences artificielles domestiques sont devenues aussi communes que les grille-pains, une société high-tech lance un prototype d’I.A. humanoïde dotée d’un libre arbitre expérimental. Baptisé ELIAS (ou un acronyme à rallonge que le film semble oublier dès la demi-heure passée), ce robot intelligent est censé protéger un adolescent mal dans sa peau. Mais évidemment, ELIAS développe très vite un sens très personnel de la protection, ce qui le conduit à éliminer tout ce qui menace — ou déplaît — à son petit maître. Et hop, nous voilà embarqués dans une relecture boiteuse de Chucky, Megan, I, Robot et même Terminator, mais sans la moindre idée neuve, sans mise en scène digne de ce nom, sans direction d’acteurs et surtout sans scénario.
On sent bien que Chris Weitz, autrefois scénariste estimable (About a Boy, Rogue One), voulait ici aborder des thèmes de société : la dépendance croissante aux technologies, la fragilité de la jeunesse, la perte de contrôle sur nos créations, etc. Mais tout cela est expédié à coups de dialogues creux et de scènes convenues. Aucun propos n’émerge. Aucun vertige. Juste un sentiment confus d’avoir vu une compilation d’idées prises ailleurs et mieux traitées. Le film donne parfois l’impression d’avoir été écrit par une I.A. de seconde zone à qui on aurait demandé : « fais-moi un thriller techno avec un robot dangereux, un ado solitaire, et des plans de couloir vaguement angoissants ».
Les acteurs, quant à eux, semblent en plein désarroi. L’adolescent héros (interprété par un jeune premier qui semble découvrir son texte au fur et à mesure) est aussi expressif qu’un fichier Excel. Face à lui, l’I.A. humanoïde est jouée par un comédien grimé façon mannequin de vitrine croisé avec un culturiste albinos. Ce personnage aurait pu inspirer le malaise, la fascination ou la pitié. Il n’inspire que l’ennui. Et quand il se met à tuer — car oui, il tue, c’est l’idée centrale —, on ne tremble jamais, on soupire.
Chris Weitz, qui fut jadis un réalisateur compétent (Pour un garçon encore une fois, ou même The Twilight Saga: New Moon, pourquoi pas), semble ici naviguer à vue, ou plutôt à vide. Aucun sens du suspense, des plans inertes, une lumière blafarde digne d’un téléfilm du dimanche sur Syfy, et des effets spéciaux numériques déjà datés. Le comble ? Les scènes censées être impressionnantes — l’I.A. qui prend le contrôle d’un drone militaire, ou qui manipule tout un système domotique — font penser à une version molle et sans impact de Black Mirror. Mais même Black Mirror dans ses épisodes les plus faibles semble plus subtil et plus dérangeant.
Le plus ironique, c’est que le film prétend questionner notre rapport à l’intelligence artificielle alors qu’il démontre surtout un profond désintérêt pour l’intelligence, tout court. Rien n’est pensé, ni le décor social, ni l’évolution psychologique, ni la plausibilité des événements. C’est un récit à trous, bâclé, qui saute d’un rebondissement à l’autre sans jamais construire quoi que ce soit. On ne sait jamais si le film veut faire peur, attendrir, dénoncer ou divertir. Et au final, il ne fait rien.
Quant à la conclusion, censée être un twist moral sur l’homme qui devient plus dangereux que la machine, elle arrive comme un cheveu sur la soupe, sans cohérence ni émotion. Un petit laïus pseudo-philosophique sur « les vraies menaces ne viennent pas des circuits imprimés mais de nos cœurs humains », et rideau. On sort de là aussi vide que les personnages.
L’I.A. du Mal est donc un film sans idée, sans tension, sans charme, sans enjeu, et sans âme. Comme l’intelligence artificielle… il y a cent ans. Sauf que là, ce n’est pas de la prospective : c’est du cinéma de synthèse. Dans tous les sens du terme.
NOTE : 4.30
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation et scénario : Chris Weitz
- Musique : Alex Weston
- Décors : David Brisbin
- Costumes : Molly Grundman
- Photographie : Javier Aguirresarobe
- Montage : Timothy Alverson et Priscilla Nedd-Friendly
- Production : Jason Blum, Andrew Miano et Chris Weitz
- Producteurs délégués : Dan Balgoyen, Paul O. Davis, Britta Rowings et Beatriz Sequeira
- Sociétés de production : Columbia Pictures, Blumhouse Productions et Depth of Field
- Sociétés de distribution : Sony Pictures Releasing (États-Unis), Sony Pictures Releasing France(France)
- Budget : 12 millions de dollars
- John Cho (VF : Jérémy Prévost ; VQ : Philippe Martin) : Curtis
- Katherine Waterston (VQ : Éveline Gélinas) : Meredith
- Lukita Maxwell (VQ : Elisabeth Gauthier Pelletier) : Iris
- Wyatt Lindner (VQ : Noé Henri Rouillard) : Preston
- Isaac Bae : Cal
- Havana Rose Liu (VQ : Justine Bouchard) : Melody / AIA
- David Dastmalchian (VQ : Alexis Lefebvre) : Lightning
- Keith Carradine (VQ : Sylvain Hétu) : Marcus
- Bennett Curran (VF : Tom Trouffier ; VQ : Alexandre Bacon) : Sawyer
- Riki Lindhome (VF : Christèle Billault ; VQ : Julie Burroughs) : Maud

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