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mardi 1 juillet 2025

4.20 - MON AVIS SUR LE FILM ZENITHAL DE JEAN BAPTISTE SAUREL

 


Vu le film Zénithal de Jean Baptiste Saurel (2024) avec Vanessa Guide Bruno Gouery Xavier Lacaille Anaide Rozam Cyril Guei Romain Francisco Franc Bruneau Rebecca Finet 

Ensemble depuis 10 ans, Francis et Sonia ne se comprennent plus. Alors qu'ils essayent de sauver leur couple, Francis se retrouve accusé du meurtre de son ancien rival Ti-Kong. Fuyant la police, il tombe entre les griffes d'un chirurgien en roue libre, prêt à tout pour défendre la domination masculine. Sonia passe alors à l'action pour secourir Francis, son couple, et rétablir la paix entre les sexes. Après l'ère du génital, l'heure du zénithal a sonné. 

Dans Zénithal, Jean-Baptiste Saurel semble vouloir signer un acte de sabotage volontaire du cinéma comique français, ou du moins une œuvre de transgression joyeuse et incontrôlée. Ce qui s’annonçait comme un trip barré, audacieux, voire salutairement punk, vire très rapidement au n’importe quoi, dans un foutoir prétendument anarchique mais surtout désespérément vide. Le film prétend faire voler en éclats les codes, les genres et la narration, mais ne semble jamais maîtriser les outils qu’il manipule. Résultat : une sorte de magma visuel et sonore, où l’absurde, le grotesque et l’hystérie se disputent l’écran sans jamais trouver de ligne directrice. 

L’histoire ? Elle tient sur un post-it, puis s’efface dans le chaos : un groupe de jeunes adultes (ou d’ados attardés ?) part à la recherche d’un événement cosmique – un moment “zénithal” censé bouleverser leur rapport au monde, à l’amour, à l’amitié, au sens de la vie. En chemin, ils rencontrent des personnages tous plus caricaturaux les uns que les autres, passent de délires hallucinés en monologues délirants, sans qu’on ne sache jamais s’ils vivent un bad trip, un rêve éveillé ou juste un gros pétage de plomb collectif. 

La tentative de mêler les genres – road movie, comédie potache, science-fiction métaphysique et satire sociale – pourrait être louable si elle était guidée par un véritable souffle, une plume acérée ou au moins une vision. Or, Zénithal ne choisit rien, ou plutôt choisit de ne rien choisir, espérant que le spectateur acceptera cette bouillie comme une liberté artistique. Mais la liberté sans exigence n’est que paresse. L’écriture semble improvisée entre deux joints, les dialogues répètent à l’infini les mêmes gags méta sur le fait de “ne rien comprendre au film” ou sur “l’absurdité du monde”, ce qui devient très vite une excuse à l’indigence scénaristique. Le fond des abîmes, disiez-vous ? Oui, le film y plonge tête la première et s’y vautre avec complaisance. 

La direction d’acteurs est, elle aussi, symptomatique du problème. La majorité du casting cabotine, force les traits, joue faux, ou semble simplement perdu face à un texte aussi indigent que prétentieux. Seul Xavier Lacaille surnage dans cette piscine d’hystérie mal canalisée. Avec son timing comique fin, sa précision d’acteur et sa capacité à rendre crédible l’absurde, il parvient, à de rares instants, à redonner un peu de chair à l’ensemble. On se prend à rêver que tout le film ait été conçu autour de son personnage – là, peut-être, une structure aurait pu exister, une ligne de force comique. 

Mais non. Saurel persiste dans le non-sens comme posture esthétique. Le film semble parfois vouloir rendre hommage à des influences telles que Quentin Dupieux, Bertrand Mandico, voire Terry Gillian, mais échoue à en retrouver le moindre écho formel ou poétique. Là où Dupieux réussit souvent à nous faire rire et réfléchir à partir d’idées absurdes tenues avec rigueur, Saurel se contente d’accumuler des vignettes sans queue ni tête, croyant que l’illisibilité est synonyme d’avant-garde. Or l’avant-garde n’est jamais l’absence de sens, mais l’exploration d’un autre sens. 

Zénithal aurait pu être un court-métrage expérimental sympathique, un ovni de dix minutes dans un festival underground. Mais à 1h30, l’indulgence s’effondre. La répétition devient supplice, et l’énergie initiale se dilue dans l’ennui. Pire : l’humour ne prend jamais. Ni drôle, ni dérangeant, ni poétique, ni déroutant au bon sens du terme, le film se contente de choquer les convenances narratives sans jamais proposer autre chose que du vide. 

En fin de compte, on se demande si Jean-Baptiste Saurel ne cherche pas simplement à faire rire sa propre bande d’amis, ou à épater les cercles parisiens du cinéma dit “libéré”. Mais l’audace n’excuse pas l’inconsistance. Et l’on ressort de Zénithal avec une impression amère : celle d’un potentiel gâché par l’irresponsabilité artistique, et d’un spectateur méprisé, sommé de trouver du sens là où il n’y en a pas. 

 
Un film sans cap, ni boussole, qui prend le spectateur en otage dans un délire privé. Reste Xavier Lacaille, îlot de talent dans un océan de prétention. Mais c’est bien peu pour sauver ce naufrage.

NOTE : 4.20

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisation : Jean-Baptiste Saurel
  • Scénario : Jean-Baptiste Saurel et Elodie Wallace
  • Musique : Manuel Peskine
  • Décors : Sarah Berthet-Nivon
  • Costumes : Charlotte Richard
  • Photographie : Yann Maritaud
  • Son : Samuel Aïchoun, Jean Minondo et Pierre Bariaud
  • Montage : Tianès Montasser
  • Production : Amaury Ovise
    • Production associée : Jean-Christophe Reymond
  • Société de production : Kazak Productions
  • Société de distribution : The Jokers (France)
  • Budget : 2,5 millions d'euros

DISTRIBUTION

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