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lundi 21 juillet 2025

12.50 - MON AVIS SUR LE FILM MASSAI LES GUERRIERS DE LA PLUIE DE PASCAL PLISSON (2004)


Vu le film Massaï les Guerriers de la Pluie de Pascal Plisson (2004) avec Ngotiek Ole Mako Paul Nteri Ole Sekenan Parkasio Ole Muntet 

 

Le film montre le pays massaï accablé par la sécheresse. Pour apaiser la colère divine et permettre le retour de la pluie, il faut rapporter la crinière d'un lion mythique. Des jeunes Massaï sont chargés par les anciens du village de cette tâche héroïque. Après une longue marche dans la savane, après avoir souffert de la faim et de la soif, s'être battus contre des guerriers d'autres tribus, ils finissent par retrouver le lion. Le plus courageux d'entre eux va l'affronter et le tuer, mais il sera lui-même tué dans le combat. Il rentrera dans la légende Massaï. À leur retour au village, les jeunes Massaï sont fêtés comme des héros. La pluie se met à tomber sur les terres Massaï. 

Massaï – Les Guerriers de la Pluie de Pascal Plisson n’est pas à proprement parler un film d’aventure, ni un pur documentaire. Il se tient quelque part entre les deux, dans un territoire fragile et parfois naïf, mais non sans beauté : celui du mythe recréé. Le film raconte l’histoire de jeunes guerriers Massaïs envoyés par les anciens en quête du lion qui, selon la croyance, a volé la pluie et plongé leur peuple dans la sécheresse. Pour la ramener, ils doivent tuer cet être symbolique, preuve ultime de leur courage et de leur passage à l’âge adulte. 

La narration, toute simple, suit ces adolescents dans la savane, parmi les acacias tordus, les herbes dorées par le soleil, les terres rouges crevassées par la chaleur. On sent l’amour de Pascal Plisson pour l’Afrique, son admiration sincère pour le peuple Massaï, sa volonté d’en restituer quelque chose de pur, de direct, d’universel. Mais à trop vouloir effleurer la fiction sans la maîtriser, le film dérape parfois dans l’image figée, dans la carte postale — superbe, oui, mais figée. 

Il y a pourtant de la grâce. Ces jeunes Massaïs, non professionnels, jouent avec naturel et dignité. Ils marchent, ils courent, ils observent. Ils obéissent à la tradition. Il suffit parfois d’un regard échangé ou d’un chant murmuré autour d’un feu pour que l’émotion affleure. Les premières scènes du film, ancrées dans les rites, dans l’attente silencieuse des anciens, ont cette force rare qu’ont parfois les documentaires ethnographiques d’antan. 

Mais Plisson n’est pas Jean Rouch — et on devine qu’il a dû en entendre parler plus d’une fois. Il ne cherche pas l’ethnologie, il cherche la légende. Malheureusement, celle-ci n’est pas issue du répertoire Massaï lui-même, et cela se sent : la quête du lion semble parfois plaquée, son rythme hésitant. Les scènes de peur ou d’épuisement dans la savane sont maladroites : le réalisateur tente de faire jouer la fatigue, l’effroi, à de jeunes hommes formés à les cacher. Ces guerriers ne feignent pas la faiblesse, parce qu’ils ne la connaissent pas ainsi — ou parce qu’elle ne doit pas être montrée. 

À cela s’ajoute une voix off (française) qui explicite ce que les images savaient très bien dire toutes seules, et une musique éthérée, typique de ce cinéma humaniste des années 2000 qui flotte au-dessus des peuples sans toujours s’y ancrer. L’ensemble reste aimable, sincère, généreux, mais aurait gagné à être plus sobre. 

Reste l’idée — belle — d’un passage initiatique au cœur d’un monde ancestral. Le lion, ici, n’est pas qu’un fauve, c’est un dieu, un esprit, un démon du désert. Et la quête n’est pas tant contre lui qu’envers soi-même. Naissance des mythes, disait-on. La pluie tombera peut-être. Ou pas. Le plus important est que ces jeunes soient devenus hommes à travers l’épreuve. 

Ce film m’évoque une autre légende : et si un jour un lion, roi incontesté de ses terres brûlantes, devait laisser sa place à son fils ? Et si celui-ci refusait d’être roi ? Voilà peut-être le film que j’aimerais voir un jour… en miroir d’un autre lion, dans un autre royaume. 

Massaï – Les Guerriers de la Pluie, c’est un film imparfait, parfois maladroit, mais attachant — un regard occidental sincère, même s’il reste extérieur. On ne devient pas Massaï en filmant la savane. Mais on peut en transmettre quelque chose, entre poussière, chant et feu. 

NOTE : 12.50

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