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lundi 6 janvier 2025

7.30 - MON AVIS SUR LE FILM LA PRISONNIERE DE BORDEAUX DE PATRICIA MASUY (2024)

 


Vu le film La Prisonnière de Bordeaux de Patricia Masuy (2024) avec Isabelle Huppert Hafsia Herzi William Edimo Magne-Håvard Brekke Lionel Dray Noor Elsari Jean Guerre Souye 

Deux femmes, de milieux sociaux opposés, se rencontrent au parloir d'une prison. Alma (Isabelle Huppert) est une bourgeoise dont le mari neurologue est incarcéré. Mina (Hafsia Herzi), blanchisseuse, dont le mari est également incarcéré, vit dans une lointaine banlieue. Leur rencontre va déboucher sur une amitié révélatrice.

On pouvait attendre beaucoup de La Prisonnière de Bordeaux. Avec un titre pareil, on espérait un film puissant sur la justice, sur les liens humains brisés ou préservés à travers les parloirs, et surtout sur la résilience des femmes face à l’enfermement. D’autant plus que le casting féminin promettait de belles émotions, avec des actrices que l’on aime suivre pour leur intensité et leur capacité à donner vie à des personnages complexes. Hélas, le résultat final déçoit profondément : le film se perd dans une avalanche d’intentions maladroitement amenées, au point de noyer son propos initial dans un discours politique lourd et mal digéré.

Dès les premières minutes, on sent que le scénariste cherche à en dire beaucoup, trop même. Le thème de la justice, qui aurait pu être au cœur de l’intrigue, devient rapidement un prétexte à une succession de dialogues verbeux, où la portée politique prend le pas sur l’émotion et la dramaturgie. Ce n’est pas que les idées défendues soient inintéressantes, mais elles manquent de finesse dans leur traitement, et finissent par lasser plutôt que de captiver. La métaphore des parloirs, qui aurait pu offrir un cadre propice à des échanges humains d’une grande richesse, se retrouve ainsi diluée dans un discours qui cherche à tout prix à « faire passer un message ».

Sur le plan du rythme, le film souffre d’une lenteur excessive. Les scènes s’étirent sans qu’il se passe grand-chose, et l’ennui gagne vite le spectateur. Le scénario manque cruellement de tension dramatique : ni les enjeux des personnages, ni leur évolution ne parviennent à susciter un réel intérêt. On observe, on attend que quelque chose se passe, mais rien ne vient réellement bousculer cet univers morne et sans relief.

Le plus frustrant, c’est de voir des actrices talentueuses réduites à des rôles figés, presque mécaniques, où elles ne peuvent jamais pleinement déployer leur potentiel. On sent qu’elles font de leur mieux avec ce qu’on leur donne, mais sans une direction claire et sans un scénario à la hauteur, leur jeu semble en vain.

La Prisonnière de Bordeaux est une œuvre qui passe à côté de son sujet. On espérait un film poignant et humaniste, on se retrouve avec une tentative maladroite de pamphlet politique, trop lourde pour émouvoir et trop terne pour divertir. Si quelques moments de grâce subsistent grâce au talent des actrices, ils ne suffisent pas à sauver ce long-métrage qui s’enlise dans ses propres ambitions mal maîtrisées. Une vraie occasion manquée.

NOTE : 7.30

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

 

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