Vu le film Quand Vient l’Automne de François Ozon (2024) avec Hélène Vincent Josianne Balasko Pierre Lottin Ludivine Sagnier Sophie Guillemin Garlan Erlos Malik Zidi Paul Baurepaire Sidiki Badaka Vincent Colombe
Michelle, retraitée vivant dans un
village de Bourgogne,
partage son quotidien avec son amie de longue date Marie-Claude et la culture
de son potager. La visite rapide de sa fille Valérie, venue déposer son fils
Lucas pour qu'il passe les vacances scolaires chez sa grand-mère, tourne au
drame quand Valérie s'intoxique avec une poêlée de champignons que Michelle a
cuisinée. Les relations entre la mère et sa fille, déjà tendues, éclatent et
Valérie repart aussitôt pour Paris avec son fils.
François Ozon quitte son terrain
de jeu habituel pour s’aventurer dans une campagne où l’air pur cache un parfum
de menace (même si la sexualité de Lucas à la fin y revient). Un village, une
maison isolée, une forêt où les champignons peuvent être mortels… Ici, tout est
sujet à suspicion, et personne n’est totalement innocent. Avec un récit qui
oscille entre drame familial et faux polar, Ozon nous balade, s’amuse, et
surtout, nous manipule.
Dès les premières minutes, le
spectateur sent que quelque chose cloche. Deux familles se côtoient, mais ce
voisinage a des allures de guerre froide larvée. Chacun est à la fois attachant
et inquiétant, oscillant entre effroi et tendresse, comme si un sourire pouvait
cacher un coup de couteau. On pense à un Cluedo grandeur nature, où chaque
élément du décor devient un danger : ce balcon trop près du vide, ces
champignons aux allures douteuses, cette forêt où tout semble possible.
Ozon prend un malin plaisir à nous
perdre. Qui manipule qui ? Malchance ou crimes déguisés ? Même après le
générique, le doute persiste. C’est là toute la force du film : ne jamais
offrir de réponses nettes, laisser flotter une ambiguïté qui hante bien après
la séance.
Côté casting, c’est du grand art.
Hélène Vincent, impériale, campe une Tatie Danielle en devenir, à la fois
mordante et inquiétante. Josiane Balasko, elle, prouve encore une fois qu’elle
est bien plus qu’une comédienne populaire : elle sait être glaçante, nuancée,
redoutable. Et puis il y a Pierre Lottin, loin des Tuche, qui prouve qu’il a
bien plus à offrir qu’un simple rôle de comédie avec une carrière qui démarre
en Fanfare.
Au final, Quand vient l’Automne
est un film d’atmosphère, un jeu d’ombres et de faux-semblants où Ozon s’amuse
à nous faire douter de tout. Un cinéma espiègle, pernicieux, où l’on sort en se
demandant si la méfiance n’est pas, finalement, la meilleure des défenses.
NOTE : 14.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : François Ozon
- Scénario : François Ozon, avec la collaboration de Philippe Piazzo
- Musique : Evgueni et Sacha Galperine
- Décors : Christelle Maisonneuve
- Costumes : Pascaline Chavanne
- Photographie : Jérôme Alméras3
- Son : Brigitte Taillandier
- Montage : Anita Roth
- Production : François Ozon
- Société de production : FOZ, en association avec 3 SOFICA
- Société de distribution : Diaphana Distribution
- Hélène Vincent : Michelle Giraud, mère de Valérie
- Josiane Balasko : Marie-Claude Perrin, mère de Vincent
- Ludivine Sagnier : Valérie Tessier
- Pierre Lottin : Vincent Perrin
- Garlan Erlos : Lucas Tessier
- Sophie Guillemin : la capitaine de la police
- Malik Zidi : Laurent Tessier
- Paul Beaurepaire : Lucas Tessier, à 18 ans
- Sidiki Bakaba : le curé
- Vincent Colombe : le médecin de Michelle
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