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samedi 18 janvier 2025

13.10 - MON AVIS SUR LE. FILM LES FEUX DE L'ETE DE MARTIN RITT (1958)

 


Vu le film Les Feux de l’Eté de Martin Ritt (1958) avec Paul Newman Orson Welles Joanne Woodward Anthony Franciosa Lee Remick Angela Lansbury Richard Anderson Sarah Marshall

 

Ben Quick, garçon à la mauvaise réputation, arrive à Frenchman's Bend, petite ville du sud des Etats-Unis. Les Varner forment la famille la plus puissante de la ville, et Will, le patriarche, véritable despote, terrorise ses proches. Seule, sa fille Clara lui résiste. Will offre un emploi à Ben. L'arrivée de cet étranger va mettre à jour les secrets de famille et révéler les personnalités de chacun

Les Feux de l'été (1958), réalisé par Martin Ritt, est une œuvre qui mérite une attention bien plus grande qu’elle ne reçoit souvent. Inspiré des écrits de William Faulkner, ce film n’a rien de la légèreté estivale que pourrait suggérer son titre, évoquant plutôt une fresque brûlante où les passions humaines se heurtent aux rigidités sociales d’un Sud encore hanté par ses traditions.

Paul Newman, dans le rôle de Ben Quick, incarne avec une intensité magnétique cet étranger dont la réputation sulfureuse précède l’arrivée. Dès qu’il met un pied dans l’univers des Varner, une famille opulente mais dysfonctionnelle, sa présence agit comme un catalyseur. Avec son regard perçant et son assurance désarmante, Newman, sexy en diable comme vous le mentionnez, déstabilise et fascine à la fois. Son alchimie à l’écran avec Joanne Woodward (sa future épouse dans la vie réelle) est électrique, mêlant séduction, défi et une tension palpable qui nourrit une grande partie de l’intrigue.

Le film repose autant sur la performance de Newman que sur un casting impressionnant. Orson Welles, en patriarche dominateur, campe un Will Varner larger than life, à la fois intimidant et grotesque, incarnant l’autorité patriarcale d’un Sud révolu. Angela Lansbury, toujours impeccable, joue sa maîtresse avec une touche de vulnérabilité et d’opportunisme. Lee Remick brille en Eula Varner, la jeune épouse insouciante et sensuelle, incarnant une légèreté hédoniste en contraste avec Clara Varner (Joanne Woodward), la fille réservée et déterminée de la famille. Clara est un personnage central : sa résistance face aux avances de Ben et son conflit intérieur entre raison et passion ajoutent une couche de complexité au récit. Ce contraste entre les deux femmes renforce les dynamiques familiales : Eula, éclatante et frivole, incarne l’instinct et l’apparence, tandis que Clara, plus profonde, symbolise l’intelligence et la retenue.

Martin Ritt tisse cette histoire avec une finesse qui mêle critique sociale et drame psychologique. La lenteur initiale, loin d’être un défaut, installe une atmosphère moite et oppressante, typique du Sud profond, où chaque dialogue, chaque regard, porte un poids particulier. Lorsque les conflits éclatent, que ce soit entre Ben et Will ou entre les membres de la famille Varner eux-mêmes, la tension est presque insoutenable. Ritt explore avec habileté des thèmes universels : le pouvoir, le désir, les préjugés, et la quête d’identité.

Visuellement, Les Feux de l'été bénéficie d’une photographie soignée qui capture la chaleur écrasante et l’atmosphère languissante du Sud-américain. Les décors et costumes renforcent cette authenticité, transportant le spectateur dans un monde où les apparences et les statuts sociaux comptent autant que les émotions enfouies.

Ce film est aussi une réflexion sur la transformation. Ben Quick, en trouble-fête charismatique, ne se contente pas de confronter les Varner à leurs préjugés : il devient un agent de changement qui force chacun à révéler ses véritables aspirations et failles. Ce n’est pas tant une saga familiale qu’une histoire d’émancipation, où les masques tombent sous la pression de cet homme étranger et pourtant étrangement familier.

Les Feux de l'été est un bijou méconnu, porté par des performances magistrales et une réalisation élégante. C’est un film qui mérite d’être redécouvert, non seulement pour admirer un Paul Newman en pleine ascension, mais aussi pour se plonger dans un récit riche, où les tensions sociales et familiales se consument dans la fournaise du désir et des ambitions contrariées.

NOTE : 13.10

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