Vu le film Les Feux de l’Eté de Martin Ritt (1958) avec Paul Newman Orson Welles Joanne Woodward Anthony Franciosa Lee Remick Angela Lansbury Richard Anderson Sarah Marshall
Ben Quick, garçon à la mauvaise
réputation, arrive à Frenchman's Bend, petite ville du sud des Etats-Unis. Les
Varner forment la famille la plus puissante de la ville, et Will, le
patriarche, véritable despote, terrorise ses proches. Seule, sa fille Clara lui
résiste. Will offre un emploi à Ben. L'arrivée de cet étranger va mettre à jour
les secrets de famille et révéler les personnalités de chacun
Les Feux de l'été
(1958), réalisé par Martin Ritt, est une œuvre qui mérite une attention bien
plus grande qu’elle ne reçoit souvent. Inspiré des écrits de William Faulkner,
ce film n’a rien de la légèreté estivale que pourrait suggérer son titre,
évoquant plutôt une fresque brûlante où les passions humaines se heurtent aux
rigidités sociales d’un Sud encore hanté par ses traditions.
Paul Newman, dans le rôle de Ben Quick,
incarne avec une intensité magnétique cet étranger dont la réputation
sulfureuse précède l’arrivée. Dès qu’il met un pied dans l’univers des Varner,
une famille opulente mais dysfonctionnelle, sa présence agit comme un
catalyseur. Avec son regard perçant et son assurance désarmante, Newman, sexy
en diable comme vous le mentionnez, déstabilise et fascine à la fois. Son
alchimie à l’écran avec Joanne Woodward (sa future épouse dans la vie réelle)
est électrique, mêlant séduction, défi et une tension palpable qui nourrit une
grande partie de l’intrigue.
Le film repose autant sur la
performance de Newman que sur un casting impressionnant. Orson Welles, en
patriarche dominateur, campe un Will Varner larger than life, à la fois
intimidant et grotesque, incarnant l’autorité patriarcale d’un Sud révolu. Angela
Lansbury, toujours impeccable, joue sa maîtresse avec une touche de
vulnérabilité et d’opportunisme. Lee Remick brille en Eula Varner, la jeune
épouse insouciante et sensuelle, incarnant une légèreté hédoniste en contraste
avec Clara Varner (Joanne Woodward), la fille réservée et déterminée de la
famille. Clara est un personnage central : sa résistance face aux avances de
Ben et son conflit intérieur entre raison et passion ajoutent une couche de
complexité au récit. Ce contraste entre les deux femmes renforce les dynamiques
familiales : Eula, éclatante et frivole, incarne l’instinct et l’apparence,
tandis que Clara, plus profonde, symbolise l’intelligence et la retenue.
Martin Ritt tisse cette histoire avec
une finesse qui mêle critique sociale et drame psychologique. La lenteur
initiale, loin d’être un défaut, installe une atmosphère moite et oppressante,
typique du Sud profond, où chaque dialogue, chaque regard, porte un poids
particulier. Lorsque les conflits éclatent, que ce soit entre Ben et Will ou
entre les membres de la famille Varner eux-mêmes, la tension est presque
insoutenable. Ritt explore avec habileté des thèmes universels : le pouvoir, le
désir, les préjugés, et la quête d’identité.
Visuellement, Les Feux de l'été
bénéficie d’une photographie soignée qui capture la chaleur écrasante et
l’atmosphère languissante du Sud-américain. Les décors et costumes renforcent
cette authenticité, transportant le spectateur dans un monde où les apparences
et les statuts sociaux comptent autant que les émotions enfouies.
Ce film est aussi une réflexion sur la
transformation. Ben Quick, en trouble-fête charismatique, ne se contente pas de
confronter les Varner à leurs préjugés : il devient un agent de changement qui
force chacun à révéler ses véritables aspirations et failles. Ce n’est pas tant
une saga familiale qu’une histoire d’émancipation, où les masques tombent sous
la pression de cet homme étranger et pourtant étrangement familier.
Les Feux de l'été
est un bijou méconnu, porté par des performances magistrales et une réalisation
élégante. C’est un film qui mérite d’être redécouvert, non seulement pour
admirer un Paul Newman en pleine ascension, mais aussi pour se plonger dans un
récit riche, où les tensions sociales et familiales se consument dans la
fournaise du désir et des ambitions contrariées.
NOTE : 13.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Martin Ritt
- Scénario : Irving Ravetch, Harriet Frank Jr., d'après le roman Le Hameau de William Faulkner
- Chef-opérateur : Joseph LaShelle
- Musique : Alex North
- Montage : Louis R. Loeffler
- Direction artistique : Maurice Ransford et Lyle R. Wheeler
- Décorateur de plateau : Eli Benneche et Walter M. Scott
- Costumes : Adele Palmer
- Société de production : Jerry Wald Productions
- Société de distribution : 20th Century Fox
- Production : Jerry Wald
- Paul Newman (VF : Jacques Beauchey) : Ben Quick
- Orson Welles (VF : Jean Davy) : Will Varner
- Joanne Woodward (VF : Martine Sarcey) : Clara Varner
- Lee Remick : Eula Varner
- Anthony Franciosa (VF : Jean-Claude Michel) : Jody Varner
- Angela Lansbury (VF : Lita Recio) : Minnie Littlejohn
- Richard Anderson (VF : Jean-François Laley) : Alan Stewart
- Victor Rodman (VF : Pierre Morin) : juge
- Sarah Marshall : Agnes Stewart
- Mabel Albertson : Elizabeth Stewart
- J. Pat O'Malley : Ratliff
- Bill Walker : Lucius
Acteurs non crédités :
- Val Avery : Wilk
- Byron Foulger : Harris
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