Vu le film Le Comte de Monte Cristo de Robert Vernay (1954) avec Jean Marais Daniel Ivernel Lia Amanda Roger Pigaut Jacques Castelot Claude Génia Noel Roquevert Louis Seigner Paolo Stoppa Folco Lully Daniel Cauchy Julien Bertheau Jean Pierre Mocky Pierre Richard
Au
début du règne de Louis XVIII, un matin de février 1815, un
magnifique trois-mâts battant
pavillon de l'armateur Morel
entre dans le port de Marseille. C’est le Pharaon parti pour
un long voyage commercial et dont on n’avait plus de nouvelles, le croyant
disparu en mer au large des côtes Indiennes. Son capitaine étant mort à bord,
c’est un jeune marin, le premier
maître Edmond
Dantès, qui avait pris
le commandement du navire marchand, après le refus de l’équipage de choisir le
plus ancien, le quartier-maître Caderousse, trop souvent ivre. Ce refus avait provoqué pour
l’ancien un sentiment de jalousie vis-à-vis de son jeune rival.
Le
Comte de Monte-Cristo
(1954), réalisé par Robert Vernay, est une adaptation en deux parties qui reste
l'une des plus marquantes du chef-d'œuvre d'Alexandre Dumas. À travers cette
version, Vernay capitalise sur le succès de son film de 1943, tout en
bénéficiant des avancées techniques et d’une plus grande liberté narrative pour
étoffer les péripéties et enrichir la psyché des personnages. Avec Jean Marais
dans le rôle principal, cette relecture s’impose comme un véritable spectacle
romanesque.
Marais
incarne Edmond Dantès avec une intensité qui mêle grandeur tragique et charme
héroïque. Dès les premières scènes, il réussit à capter la naïveté du jeune
marin injustement emprisonné, puis sa métamorphose en Comte implacable, animé
par une soif de vengeance quasi divine. Ce rôle sied à merveille à l’acteur,
connu pour sa capacité à jouer des figures nobles et intrépides. Certes, on
peut sourire devant l’apparence impeccable de Marais à sa sortie du Château
d’If – galbé et vigoureux malgré des années de captivité –, mais cette licence
poétique s’efface devant l’aura mythique qu’il confère au personnage.
La mise
en scène de Vernay, plus ample que dans la version de 1943, bénéficie de décors
et de costumes fastueux qui ancrent le récit dans une reconstitution historique
crédible. La dichotomie entre les espaces sombres du Château d’If et les
somptueux salons parisiens reflète le cheminement intérieur de Dantès, de la
douleur de l’injustice à la froide détermination de sa vengeance. La
photographie, signée Maurice Barry, magnifie chaque décor, tandis que les
dialogues, parfois théâtraux, soulignent la grandeur épique de l’histoire.
Le
scénario prend des libertés avec le roman, mais celles-ci servent à resserrer
l’action et maintenir l’intérêt du spectateur. Les puristes remarqueront des
simplifications, notamment dans les intrigues secondaires, mais ces choix
n’affaiblissent pas la force du récit principal. Les thèmes essentiels de la
trahison, de la vengeance et de la justice sont traités avec une intensité
dramatique qui rend hommage à l’œuvre de Dumas.
Autour
de Marais, un casting de qualité apporte une profondeur supplémentaire au film.
Lia Amanda, dans le rôle de Mercedes, incarne la douleur et les dilemmes moraux
avec une sincérité touchante. que le reste des traîtres – Villefort, Danglars –
contribue à l’atmosphère de complots et de manipulations. Alexandre Rignault
reprend son rôle de l’abbé Faria, apportant une continuité bienvenue avec la
version de 1943.
Cette
version de 1954, divisée en deux parties (La Trahison et La Vengeance),
permet à Vernay de mieux explorer la complexité de l’intrigue. Là où le film de
1943 devait condenser les événements, cette adaptation offre un rythme plus
posé, laissant place à des moments de contemplation et à une montée en
puissance progressive des tensions dramatiques.
, Le
Comte de Monte-Cristo de 1954 s’impose comme une adaptation généreuse et
mémorable, où Jean Marais trouve l’un de ses rôles les plus emblématiques. Plus
qu’un simple récit d’aventures, le film explore les recoins de l’âme humaine,
transcendant son époque pour rester un modèle du cinéma de cape et d’épée.
Vernay, avec ce diptyque, signe une fresque captivante qui continue de fasciner
des générations de spectateurs.
NOTE ; 13.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Robert Vernay, assisté de Paul Feyder, Édouard Molinaro, Roberto Savarese
- Scénario : d'après l'œuvre d'Alexandre Dumas
- Adaptation : Georges Neveux, Robert Vernay
- Dialogues : Georges Neveux
- Décors : Robert Clavel, assisté de Jacques Douy et Marc Desages
- Costumes : Georges Benda
- Costumier : Victor Noeppel, costumes exécutés par la maison Raymonde Catherine
- Jean Marais est habillé par André Bardot
- Photographie : Robert Juillard
- Opérateur : Jacques Robin, assisté de Bob Pater et Daniel Diot
- Son : Jean Rieul
- Perchman : Marcel Corvaisier
- Montage : Monique Kirsanoff, assistée de Raymonde Delor et Anne-Marie Forrer
- Musique : Jean Wiener (éditions Transatlantique)
- Orchestre sous la direction de Ernest Guillou
- Script-girl : Nicole Besnard
- Régisseur général : Jean Mottet, assisté de Roger Descoffre
- Ensemblier : Charles Mérangel
- Maquillage : Alexandre Marcus assisté d'Yvonne Barrie
- Coiffures : Jules Chanteau
- Photographe de plateau : Roger Corbeau
- Sociétés de production : Les Films Sirius, Les Films Jacques Roitfeld (Paris) - Fonorama (Rome)
- Chef de production : Wladimir Roitfeld
- Producteurs délégués : Jacques Roitfeld, Lucien Masson
- Distributeur : Les Films Sirius
- Enregistrement Western Electric
- Tirage : Laboratoire Éclair
- Tournage du au dans les studios Paris Studio Cinéma de Billancourt
- Jean Marais : Edmond Dantès, commandant du bateau Le Pharaon (1 et 2)
- Lia Amanda : Mercédès Herrera, la fiancée d'Edmond Dantès (1 et 2)
- Roger Pigaut : Fernand Mondego, devenu le général-comte de Mortcerf, mari de Mercédès (1 et 2)
- Cristina Grado : Haydée, fille du Pacha de Janina (2)
- Jacques Castelot : Gérard Noirtier, comte de Villefort, substitut au procureur du Roi (1 et 2)
- Daniel Ivernel : Gaspard Caderousse, le second d'Edmond sur le bateau (1 et 2)
- Claude Génia : la Carconte, la femme de Caderousse (1)
- Louis Seigner : M. Joannès, le bijoutier parisien (1)
- Noël Roquevert : M. Noirtier, général d'Empire, comte de Villefort et père du procureur du roi (1)
- Folco Lulli (VF : Jacques Eyser) : Jacopo, le capitaine du bateau au large du château d'If (1 et 2)
- Paolo Stoppa : Bertuccio, l'ancien amant de la Picard (2)
- Julien Bertheau : Napoléon Ier (1)
- Daniel Cauchy : Bruno, l'enfant abandonné, alias Andrea Cavalcanti (2)
- Gualtiero Tumiati (it) (VF : Antoine Balpêtré) : l'abbé Faria (1)
- André Brunot : M. Morel, l'armateur du bateau Le Pharaon (1)
- Lucien Blondeau : M. Dantès père (1)
- Simone Paris : Émilienne de Beaugency (2)
- France Asselin : Mme Renée de Villefort (1)
- Janine Zorelli : la Picard (2)
- Made Siamé : la marquise (1)
- Maryse Paillet : Valentine, la nouvelle locataire (1)
- Génica Athanasiou : Fatima (2)
- Jean Temerson : Louis XVIII (1)
- Jean-Pierre Mocky : Albert de Mortcerf, le fils (2)
- José Casa : l'aubergiste (1 et 2)
- Julien Maffre : un Marseillais (1)
- Paul Ville : le gouverneur (1)
- Philippe Richard : l'inspecteur (1 et 2)
- Marcel Delaitre : le geôlier (1)
- Pierre Morin : le grand maréchal (1)
- Paul Azaïs : un argousin
- Marcel Journet : le président de la chambre des pairs (2)
- Fernand Gilbert : le « professeur » (2)
- Charles Bayard : un assesseur de la chambre des pairs(2)
- Raymond Girard : un pair de France (2)
- Marcel Loche : l'huissier de la chambre des pairs (2)
- Guy Favières : un homme chez M. Morel à la vente du bateau (1)
- Édouard Francomme : un homme aux fiançailles (1)
- Bernard Musson : un avocat (2)
- Jacques Couturier : un gentilhomme (2)
- Franck Maurice : un homme au bouge (2)
- Léon Berton : le secrétaire de l'inspecteur
- Roger Vincent : un curieux
- Léon Walther : un courtisan
- Paul Barge : un policier
- Nathalie Nerval : la femme élégante
- André Var
- Frédéric Valmain
- Pierre Flourens
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